UKNW SOUNDS : JONATHAN BOULET (Australie)
La mémoire visuelle est quelque chose d’assez surprenant. En plein dimanche pluvieux, je vaguais dans une galerie d’art londonienne. Pour le moment, rien de surprenant. Mais en vaguant au milieu d’œuvres en tout genre, une impression de déjà-vu me stoppa net devant une photographie d’un russe à l’esprit assez dérangé Boris Mikhailov. À coup sûr, elle me rappelait la pochette d’album d’un musicos australien Jonathan Boulet. Mon étonnement fut de courte durée en me demandant lequel d’entre eux était le plus dingue.
Écrite et composée dans son studio-garage, la pop-folk-rock solaire de cet énergumène chamboule et transpire la joie de vivre. C’est comme écouter Jónsi sous dix rails de speed ou Animal Collective sous une injection de tranquillisants. Toute la nuance est là, bien que l’internement psychiatrique ne soit pas loin. Un tsunami de percussions incontrôlables, des xylophones possédés, des chœurs entrainants, des flutes de pan tribal… Tous les ingrédients sont réunis pour faire naître et éclater en mille éclats multicolores le bonheur dans nos cœurs, et ce, dans un rythme à en faire clampser plus d’un. Chaque titre de « We Keep The Beat, Found The Heart, See The Need, Start The Heart » pourrait bien être l’hymne d’une tribu aborigène résident en plein outback. On pensera à la bouleversante entrée en matière You’re a Animal, l’hyperactive Trounce, la solennelle Cent Voix, et à l’extatique et radieuse This Song Is Called Ragged.
Après l’écoute de ce disque, on ressort vidé, démuni, abasourdi par tant de maîtrise, avec l’envie soudaine de crier au chef-d’œuvre parmi une fanfare de rue. Puis on rentre chez soi, serein ou fou allié, dans le but de réenclencher la déferlante australienne.
Julien Catala