1972 : un concept-store atypique à Cognac
1972, c’est l’année du Bloody Sunday, le bombardement du village de Tran Bang au Vietnam, les attentats aux JO de Munich, la naissance de Zizou et du courrier électronique… Bref, une année riche en émotion. C’est aussi le nom d’un shop 100% culturel et décalé à Cognac où chacun peut retrouver son univers et ses fringues selon ses goûts et ses envies. Rencontre avec Sylvain, le gérant de la boutique, passionné de culture et de mode depuis près de 20 ans…
Salut Sylvain ! Pour toi, 1972 ça représente quoi ?
Alors en fait, c’est tout bêtement ma date de naissance. Mais c’est vrai qu’au niveau design et art tout ce qui est de la fin des années 1960 et début des années 1970 ça m’inspire pour plein de choses. J’aime tout ce qui est rétro. C’était compliqué de trouver un nom de magasin entre ceux qui sont trop branchés et ceux qui viennent de noms d’enfants… Il fallait que ça corresponde aussi à la région donc j’ai préféré prendre un nombre car c’était plus sympa à travailler ne serait-ce qu’au niveau du logo.
Comment est née ta passion pour la mode ?
Je suis dans la vente depuis une vingtaine d’années; j’ai travaillé pour des grosses enseignes comme Quicksilver et Intersport. J’ai toujours aimé ne pas ressembler aux autres. Je suis aussi passionné de photos donc j’aime bien tout ce qui est esthétique : design, architecture… C’est pour ça qu’il y a une atmosphère particulière dans ma boutique; un côté décalé par rapport à ce qu’on retrouve dans d’autres petites villes. Ma passion pour tout ce qui est esthétique passe à travers le vêtement mais pas que.
Que peut-on trouver dans ton concept store ?
Je vends du prêt-à-porter masculin, des chaussures et un peu d’accessoires. Pour moi, tout est possible donc j’aime tout mélanger; j’ai des marques comme Olow mais aussi des marques un peu plus habillées qui se marient très bien avec le reste. Je veux qu’il y ait un panel pour tous les goûts, toutes les humeurs et tous les âges aussi. J’ai vraiment envie que ce soit un lieu où tous les hommes puissent venir et trouver quelque chose d’original avec des marques peu distribuées dont j’ai l’exclusivité dans la ville.
Envisages-tu d’élargir ta gamme aux femmes ou aux enfants ?
J’ai énormément de demandes mais je n’ai pas envie de partager le magasin en deux car je veux vraiment une atmosphère pour les hommes. Je trouve que ça perd un peu d’identité quand on fait moitié-moitié mais pourquoi pas ouvrir un magasin pour femmes à l’avenir.
Quels sont les articles qui plaisent le plus aux Cognaçais ?
Globalement, c’est assez homogène au niveau des taux de sortie; je vends de tout. Ça dépend vraiment de la clientèle mais s’il fallait garder deux articles je dirais que je vends énormément de chemises et de sweats.
Il paraît que tu es fan de culture, de sport et de cinéma. Comment toutes ces passions se retrouvent-elles dans ton shop ?
Il y a ma planche de surf, une vieille raquette de tennis de mon père, un gant de pelote basque que j’ai eu grâce à un pote quand je travaillais chez Quicksilver… Toutes mes passions sont dans le magasin. J’ai aussi beaucoup de photos accrochées au mur et des vieux appareils photos avec lesquels je prends encore quelques clichés. Les gens qui rentrent dans le magasin savent ce que j’aime et quel est mon univers. Ça n’a pas été calculé à la base, j’ai vraiment fait une déco’ comme si c’était mon appart’. C’est très sincère et ça a un sens pour moi.
On peut entendre un petit fond musical là dans ton magasin. Tu travailles toujours en musique ?
Non-stop. Il y a une platine vinyle et des CDs mais pas de radio en boucle. Les clients sont assez surpris quand je vais changer la musique. J’écoute de tout, ça va du jazz à l’électro’ en passant par le rock… Souvent quand les clients rentrent, ils restent assez longtemps donc je leur demande s’ils veulent que je change la musique. Ils peuvent aussi s’approprier le lieu quand il n’y a qu’eux dans le magasin, ce qui arrive assez souvent dans les petites boutiques. Ce que j’aime c’est quand mes clients reviennent avec des amis et qu’ils présentent ma boutique comme leur boutique. Chacun a l’impression d’avoir découvert « LA » petite boutique; c’est aussi pour ça que j’ai choisi d’être un peu décalé par rapport au centre-ville et à la rue piétonne.
On imagine que l’homme 1972 n’est pas celui qui porte des pull sans manches violets, des pantalons pattes d’éph’ et qui lit Wrangler à travers les verres teintées de ses lunettes. Alors, qui est l’homme 1972 ?
Au niveau de l’âge, on est sur les 25-30 ans, si on veut vraiment parler d’un client représentatif de ma clientèle. Il y a beaucoup de jeunes cadres; Cognac est une ville où le pouvoir d’achat est assez fort malgré la conjoncture. J’ai aussi des clients qui n’achetaient plus à Cognac, qui sont en fin d’études ou qui travaillent à Bordeaux et qui reviennent une fois par mois dans la ville. Ils passent par la boutique où ils retrouvent les mêmes marques qu’à Bordeaux mais avec plus de tranquillité et de temps pour en profiter. C’est vrai que pour les gens comme moi qui sont nés ici, c’était difficile de trouver des vêtements « différents » à Cognac avant.
On sait que tu as passé quelques temps aux états-Unis. Comment tes voyages ont-ils inspirés ton concept-store ?
Je suis resté deux ans en Californie et j’adore cet état; c’était un rêve de gosse de partir là-bas. Les commerces et l’attitude des anglo-saxons dans leur relation client-vendeur m’ont beaucoup inspiré. Il y a ce côté beaucoup plus décontracté; ce ne sont pas les mêmes codes que chez nous. C’est un endroit que j’adore au niveau du style de vie. Après, j’ai été au Brésil deux ans aussi mais globalement toutes mes expériences que ce soit là-bas ou dans les grosses usines comme Quicksilver ou Intersport ont fait qu’un jour je me suis dit « c’est le moment d’ouvrir ma boutique« .
À ceux qui ne connaîtraient pas bien Cognac et ses environs, quels sont meilleurs endroits pour se détendre et boire un verre entre amis ?
Pour les gens qui ne connaissent pas du tout il y a toutes les maisons de Cognac qui font l’histoire de la ville. J’ai des amis qui ont ouvert un restaurant un peu décalé comme moi et avec de la très bonne cuisine qui s’appelle Poulpette. Il y a aussi un très bon festival de blues, le Blues Passions, avec des grosses têtes d’affiches; cette année il va y avoir Iggy Pop et Polnareff, par exemple. Ça se passe dans le jardin public, à côté de la mairie et ça ramène beaucoup de Français et d’étrangers. Cognac est vraiment une petite ville sympa à 40 minutes de la mer, 1h30 de Bordeaux et de La Rochelle. Elle a beaucoup de qualités.
Un grand merci à Sylvain pour ses réponses.
Retrouvez 1972 à Cognac 27 rue Henri Fichon.
Vous pouvez suivre l’actualité du shop sur son site web et sa page Facebook.
-M.P