C.W. Stoneking, le blues aborigène
Immédiatement, quand « Jungle Blues » est venue dans mes oreilles, j’ai tout de suite pensé aux personnages hors-normes que Diane Arbus photographiait. Nos yeux, habitués à Vogue et GQ Magasine, n’y verront que des corps aux traits biscornus digne d’une foire aux monstres. Pour ce qui est des causes, les scientifiques parlent de génétique, d’autres de consanguinité. Certains diront tout simplement que la malchance a fait son travail. Pendant ce temps, en toute naïveté dans nos corps de passe-partout, nous sommes persuadés que les ondes cellulaires et la porn food n’ont aucun effet, alors qu’elles ne font que définir l’horloge biologique de notre futur. Peut-être lointain mais notre futur quand même. C’est inévitable, nous le savons tous : les gens finiront dans 100 ans avec les yeux bleues et les cheveux roux (paroles de spécialistes). Nous serons identiques, albinos nouvelle génération, descendants des enfants démoniaques que John Carpenter s’est empressé de projeter à l’écran (ndlr « Le Village des damnés »). Enfin bon, heureusement, cela restera vintage.
La musique de C.W Stoneking n’a rien à voir avec ma théorie de l’évolution, si pessimiste soit-elle. Il n’y a rien à faire, une première écoute vaut une première impression. Et c’est elle, méchante fille, qui déclenche ces délires. Coute que coute, je vais essayer d’y voir clair. Tout se passe au milieu d’un champs, dans la gadoue ou sur le perron d’une vielle bicoque en bois. L’air est lourd et moite. Des paquets de moucherons dansent près d’une eau qui stagne. On pense à la Nouvelle Orléans. Mais non, retenez juste l’odeur de la terre et rendez la plus sèche. Traversez le globe pour atterrir sur la plus grosse île du monde. C’est en Australie que Stoneking fut élevé par son père dans la Communauté Aborigène de Papunye jusqu’à l’âge de 9 ans, pour ensuite dégoupiller son propre groupe à seulement 13 ans. C’est de là que part une vie de festivalier, de collaboration, de cordes serrées, d’albums sauvages et de blues d’avant-guerre (parce que oui, la guerre sert de point de chute).
Je ne parlerais pas de kangourous. Je ne me permettrais pas ce cliché usé. L’Australie est un pays hostile et peu peuplé. Sec, domaine des charognards et des plantes qui crèvent de soif. On la sait assez belle, bien que plate. Terre de tous les fantasmes européens, on se l’aime en rêve ou dans une discussion de rêveur. Presque insaisissable, onirique. Mais avec une connexion internet et un peu d’intérêt, on peut approcher toute son essence. C.W. Stoneking peut la décrire, sans trop d’effort. Il puise dans ses origines indigènes. L’Australie est son repère. Le blues est sa délivrance. Exit la pop sexy de Kylie Minogue (australienne de surcroit) et prenez comme il se doit le pays par les racines – en évitant d’être vulgaire.
Retrouvez C.W. Stoneking sur son site officiel et sa page Facebook.