De Tbilissi à érevan – Par Aurélien Buttin

18 MN

De Tbilissi à érevan – Par Aurélien Buttin

 

A l’été 2012, avec un ami, nous ne roulions pas sur l’or mais nous avions quand même envie de partir à l’aventure dans un pays un peu lointain. Je me souviens avoir parlé quelques mois plus tôt, sur Facebook, à une fille, Tata. Elle me disait être de Géorgie et que j’étais le bienvenu chez elle. Nous prenons nos billets d’avion, Géorgie, nous voilà !
Malheureusement, trois jours avant notre départ, mon ami a fait un pneumothorax, il lui est donc fortement déconseillé de prendre l’avion pendant les six prochain mois. Que faire ? Je me retourne rapidement la question dans la tête, tant pis, j’y vais.

Pendant toute la durée du vol et de l’escale à Istanbul je me demande ce que je suis en train de faire. C’est la première fois que je pars seul, je ne connais pas le pays, je ne suis jamais allé dans ce coin du monde, et je ne connais pas non plus la personne qui est censé m’accueillir. C’est peut être une arnaque ou quelque chose dans le genre.
A 3 heure du matin je sors de l’avion. Il fait nuit noire, l’aéroport est vide, je sors du hall, l’air est doux. Une voix m’appelle, Tata est là avec sa tante. Je n’ai jamais vu des inconnus aussi heureux de me voir. Une fois dans la voiture je me sens plus rassuré et le stress retombe. Elles me posent 10 000 questions auxquelles je répond plus ou moins à côté tant je suis collé à la vitre à examiner et découvrir l’extérieur. Chiens errants, maisons criblées de balles, certaines maisons en ruines, de l’eau ruisselle à grand flot sur la route et les trottoirs, s’engouffrant dans des nids de poule démesurés. Une petite tempête est en cours.


 

Nous arrivons dans une cité HLM très très mal entretenue, il doit être 4h du matin, je suis seul avec mes sac et mon « amie » Facebook. Nous nous dirigeons vers le bâtiment et entrons dans la cage d’escaliers. Mon ventre se serre. J’ai l’impression d’être en union soviétique et pouvoir me faire agresser à chaque instant. La porte se referme derrière moi.

A ma grande surprise l’appartement est beau, propre et bien décoré. Tous les murs sont en lambris. A l’étage du dessous se trouve la cuisine, le salon, la salle de bain et les toilettes. Le père, un grand gaillard rempli de bonne humeur. La mère, une femme rousse très gentille qui fume clope sur clope. La cousine, Marie, ne parle strictement jamais. Je crois que je ne l’ai jamais entendu parler même dans sa propre langue.

Ils m’accueillent tous avec entrain et amour. Des plats de nourriture jonche toute la table. Le père me donne une bière, puis deux, puis trois. La mère me donne une clope, puis deux, puis trois. Je pioche dans les plats jusqu’à n’en plus pouvoir.
Je me lève après une bonne nuit réparatrice. En face de la porte de ma chambre, je trouve sur une table un paquet de cigarettes et deux bières que le père m’a laissé. Ce sera son rituel tous les matins durant mon séjour chez eux.

 

 

Une fois dehors j’ai l’impression d’avoir voyagé dans le temps. Tout est en béton et en ferraille rouillée. Les voitures d’époque soviétique tombent en morceaux et le style vestimentaire des gens semble tout droit sorti des années 80. Tata et Marie tiennent à me faire visiter Tbilissi, la capitale. Ce que je n’avais pas pris en compte avant le voyage, c’est que l’alphabet géorgien n’est pas le même que le notre. Il contient 33 lettres et existe depuis 1500 ans. Les affiches, panneaux, enseignes ne veulent rien dire pour moi.Quand par chance l’alphabet change, c’est pour apparaître en cyrillique… J’ai fait un mois de russe à la fac et tout ce dont je me souviens c’est « je ne parle pas russe » et « cartable » cela ne m’a pas été très utile.

La vieille ville est très belle, atypique, avec ses vieilles maisons en bois sculptées, leurs balcons et escaliers extérieurs fendus par des petites ruelles pleines de charmes et de restaurants. La plupart des anciens bâtiments sont en piteux état, mais certains ont été rénovés dans le style de l’époque. Aux abords du centre historique, des constructions futuristes sortent du sol. Le palais de justice, qui ressemble à un énorme champignon, le pont de la paix, et la plupart des commissariats du pays, semblent tout droit sortis d’un film de science fiction. Surplombé par Narikala, l’ancienne forteresse, des coupoles de pierres claires sortent du sol. Il s’agit des bains de Tbilissi, qui signifie « source chaude », d’ont une odeur de souffre se dégage des eaux à plus de 35°.

 

 

Après quelques jours passé en ville à errer dans les clubs underground, les bars, les restaurant et les monuments, le temps est venu pour moi de commencer mon aventure sur les sentiers du pays. Première destination, Khazbegi (à prononcer Razbégui). Le père de Tata m’accompagne jusqu’à la place du marché où les marshrutka, mini vans qui desservent la campagne, attendent les voyageurs. Il m’aide à négocier les prix et à m’indiquer dans quel van je dois monter car personne ne parle anglais.

Les routes sont sinueuses et la conduite sportive. De portions goudronnées nous passons à des portions de terre et de cailloux sans que le marshrutka ne ralentisse. Le chauffeur coupe les virages de montagne sur la voie de gauche à fond de cale et sans aucune visibilité. Une tonne de grigris religieux se balancent au rétroviseur comme pour nous protéger de la catastrophe. Je ne suis pas serein et je suis bien le seul. Dans le van tout le monde discute, rit et partage à manger. Ce n’est pas de l’eau, ni de la bière, mais de la chacha, alcool local que les gens stockent dans des bouteilles de soda vides et qui ferait passer la vodka pour de la Volvic.

Même le chauffeur à le droit à une petite gorgée de temps à autre. Parfois, tous les passagers ainsi que le chauffeur, arrêtent leurs activités quelques secondes et font tous le signe de croix trois fois de suite. Ils me font comprendre qu’à chaque fois qu’ils voient une croix, une église ou quoi que ce soit de religieux de près ou de loin, ils font ce geste rituel. Ici on ne blague pas avec la religion et la superstition.

 

 

Vers 10 heure du matin, après avoir esquivé quelques troupeaux de vaches qui dorment au milieu de la route, le véhicule s’arrête pour une pause dans un relais. Au menu, Khachapuri,  sorte de galette de pain au fromage qui déborde d’huile, comme à peu près tous les plats en Géorgie. C’est délicieux. Le tout évidemment accompagné de chacha. Vers midi nous arrivons dans le village de Stephantsminda, la pluie vient de se calmer, l’air est humide, je prend à peine le temps de me poser et je commence l’ascension à travers les bois jusqu’à l’église de la trinité de Guerguétie.

Je croise un randonneur qui s’est ouvert la jambe après une chute. Je lui attrape sa trousse de secours dans son sac. Une heure et demie plus tard j’arrive à bon port sur une sorte de prairie verte, des gens sont déjà étendus sur l’herbe, des chevaux broutent ici et là, le vent est léger, le calme règne. Je m’installe pour pique niquer entre l’église et le mont Kazbek, impressionnant de par sa taille, 5047 mètres, mais aussi par son histoire.

C’est sur ce mont, selon la mythologie, que Prométhée aurait été enchaîné pour avoir volé le feu de l’Olympe aux Dieux afin de le donner aux hommes. Son foie dévoré par l’Aigle du Caucase chaque jour, et repoussant chaque nuit.

De retour à Tbilissi je rencontre Claudia, une touriste allemande qui cherche un compagnon pour aller à l’est le lendemain, à Lagodekhi, à la frontière avec l’Azerbaïdjan. J’accepte de la suivre.

Nous faisons connaissance dans le marshrutka. Claudia est une fille douce et gentille, avec un sens de l’humour assez taquin, elle est engagée pour le climat et l’environnement. Elle a rencontré Daniel, un suisse allemand à une conférence sur le sujet à Tbilissi. Il travaille dans la montagne de Lagodekhi avec des rangers. Nous allons le rejoindre. Daniel nous a donné l’adresse de son hôte, chez qui l’on se rendra une fois sur place. Une vieille dame nous ouvre et nous fait visiter sa maison assez délabrée. Le point positif, un balcon, prêt à tomber à n’importe quel moment mais balcon quand même.

 

 

Il est tard et Daniel dort avec nous ce soir. Nous devons le rejoindre dans la montagne le lendemain. Installés sur ce fameux balcon, la vieille dame nous apporte plusieurs petits plats qui semblent plus avariés les uns que les autres. Les mouches en prime. Quitte à paraître malpoli nous ne mangeons pas grand-chose et notre appétit est sauvé par quelques glaces. Une douche au milieu du jardin, tout juste entourée d’un rideau, les pieds sur le gazon et au lit.

Aux aurores, nous fonçons rejoindre Daniel dans la montagne. Sur le chemin, nous rencontrons quatre géorgiens qui nous proposent de boire un verre. Claudia n’est pas rassurée mais en Géorgie, c’est malpoli  de refuser un verre. Il est 9 heure du matin, ils tiennent à peine debout mais ils ne sont pas bien méchants.Au bout d’une heure nous reprenons notre route.

Nous trouvons le chalet et Daniel. Nous l’aidons, lui et ses collègues, à nettoyer la forêt. A la fin de l’après midi nous sommes conviés à un immense repas autour d’une grande table dans les bois. Tout le monde est sympa, curieux de voir une allemande et un français ici avec eux.

 

 

Une fois le ventre rempli Daniel nous informe qu’à quelques kilomètres vers le nord, il y a un gîte où nous pouvons passer la nuit. Deux heures plus tard nous arrivons sur les lieux. Vieille cabane en rondins, quatre lits, une cheminée et des casiers en métal. Le lendemain nous laissons les sacs dans les casiers et partons léger pour une promenade bucolique.

Après plusieurs heures de randonnée, nous apercevons un grand lac. Baignade ? Direct.. Dans un bar nous rencontrons deux filles, suisses et allemandes. Dominique et Lene. Elles se sont fait attaquer dans la campagne la nuit par 4 ou 5 gars, mais qu’elles ont réussies à se cacher et à se sauver. Elles ont besoin de se détendre et Daniel nous propose d’aller nous baigner le lendemain dans un endroit splendide dans la montagne avec cascade et tout le tintouin.
Il n’avait pas menti. L’endroit est splendide et nous passons la journée à se faire dorer la pilule et à faire trempette.

 

 

Au petit matin nous retournons à Tbilissi. Dominique et Lene se sont greffées au groupe. Sur le trajet elles me demandent si je veux les accompagner en Svaneti, au nord ouest du pays, dans le Caucase. Elles ont peur de s’y rendre seules. J’accepte.

Un jour plus tard nous prenons un train de nuit pour Zougdidi. A part mes deux compagnes de voyage il n’y a que des hommes dans le wagon. Tout le monde parle, joue aux cartes, rit, partage de la nourriture et de l’alcool. Je vais fumer entre les deux wagons du train en marche. Des hommes boivent et discutent avec ceux du wagons d’en face. Ils me proposent de la Chacha, je refuse. Je dois garder un œil sur les filles et mes affaires. Ils insistent, je craque. Quand je retourne dans le wagon des passagers ont invités les filles à danser sur de la musique locale. Elles n’ont pas l’air rassurées et semblent heureuses de me voir revenir.

Plusieurs heures plus tard tout le monde s’endormira saouls. Nous nous réveillons une fois arrivé à Zougdidi. Nous trouvons notre marshrutka pour nous rendre à Mestia. Sur la route nous remarquons que le chauffeur boit de la chacha et que la bouteille est loin d’être pleine. Vu les routes délabrées, à flanc de montagnes et sans rambardes de sécurité, nous prenons notre mal en patience. Plusieurs signes de croix et troupeaux de vaches plus loin, nous arrivons à Mestia. L’air est frais et je ne me sens pas très bien, j’ai du mal à mettre un pied devant l’autre. Lene me dit que ça doit être l’altitude.

 

 

Après s’être installé dans l’auberge aux pieds des montagnes, nous partons découvrir cette petite ville de 3000 habitants. Chiens errants, vaches et hommes à cheval arpentent les rues. Les maisons en pierres semblent avoir traversées les siècles tout comme les tours de guet du XI ème siècle qui se situent à tous les coins de rues.

La vie est paisible et douce à Mestia. Le calme remplaçe le tumulte du début de mon voyage. Le soir nous mangeons tous ensemble sur le grand balcon de l’auberge. Nous nous racontons des histoires face aux sommets des montagnes, éclairées par le clair de lune.

 

 

Au matin nous partons pour une longue randonnée jusqu’au glacier Chalaati, à la frontière russe. Plus d’une heure de marche plus loin et après avoir traversé un pont qui semble pouvoir tomber à tout moment, nous rencontrons un groupe de hollandais qui se rendent également au glacier. Tous ensemble nous commençons l’ascension en suivant un petit torrent.

Quelques heures plus tard, nous arrivons au pied du glacier. Nous avançons sur la moraine, énorme amas de débris rocheux poussé par le glacier, pour être au plus près de ce dernier. L’eau se découle de sous le gigantesque bloc de glace, la roche craque. Soudain une averse éclate. En très peu de temps, des trombes d’eau se déversent sur nous. Les nuages sont juste au dessus de nos têtes, cachant le sommet des montagnes. Nous avançons doucement pour ne pas glisser et tomber entre les rochers qui constituent la moraine. Nous entendons des bruits d’éboulement, des rochers tombent sur les flancs des montagnes. Bien qu’ils soient loin de nous, nous accélérons le pas. Nous finissons par rejoindre le torrent, qui a largement débordé de son lit initial, et nous sommes contraints de redescendre la montagne les pieds dans l’eau. Quatre heures plus tard, trempés et épuisés, nous nous relaxons à l’auberge devant un feu de cheminée.

 

 

Les suisses et les hollandais sont partis. Je me suis reposé quelques jours et maintenant je redescend vers Abasha où la grand-mère de Tata m’héberge.
Les maisons dans cette région sont montées sur pilotis, comme celle de la grand-mère qui m’accueille à bras ouverts. La maison à traversée les âges mais je m’y sens bien.

Le soir venu tous les voisins sont là pour voir le français. Tout le monde est heureux mais personne ne parle anglais, sauf un voisin qui bafouille quelques mots. Le repas commence et l’un d’entre eux se lève pour porter un toast à ma visite, soit. Le toast terminé nous buvons tous une gorgée de Chacha. Ce qu’il faut savoir c’est qu’en Géorgie, quand on reçoit des invités, les convives porte toast après toast.. A peine ma fourchette plantée dans mon assiette, un autre se lève pour porter un toast à la Géorgie, nous buvons une gorgée, puis un autre porte un toast à la grand-mère, et nous buvons une gorgée et ça continue, sans cesse.

Avec l’alcool qui monte et le manque d’inspiration nous entendons de tout. Un toast au président, au village, aux animaux, au soleil, à la sieste, à Dieu, à Jésus (pas de jaloux), à l’alcool, à la paix, aux copains, aux français, aux anglais, aux chinois, aux namibiens, à l’herbe, à la nuit, à la lune, au lait, à la star ac’ et aux boutons de manchettes. On parle avec les mains, on boit, on mange, on rit, on vit.

 


 

Le soir, comme tous les soirs qui suivront, mon hôte trait sa vache pour avoir du lait frais le matin .
Les voisin viennent me chercher pour m’emmener voir des dinosaures. Je ne comprend pas trop ce qui se passe mais je monte dans la voiture. Rapidement ils se garent près de chutes d’eau où plusieurs familles sont en train de se baigner. A ma grande surprise il y a des empreintes de dinosaures partout !

Ils louent un bateau et nous nous enfonçons dans des gorges magnifiques jusqu’à faire escale au bord d’un trou. Une fois à l’intérieur il allume sa lampe et me montre les parois. Il y a des côtes fossilisées ! Nous sommes dans le ventre d’un dinosaure !

Revenus à la maison, la vieille dame me demande si je veux manger de la viande au repas du soir. Oui, évidemment. Elle m’appelle dans le jardin. Elle tient un de ses poulet la tête contre une souche d’arbre et me montre la hache.
Une fois le poulet dans mon assiette je me rend compte qu’il avait la peau sur les os. Je culpabilise. Çe sera la première et dernière fois que je tue un animal.

Mon séjour ici prend fin. Je rejoins Claudia à Batumi. Les touristes viennent ici pour faire la fête et se baigner dans la mer noire entre tous les paquebots. C’est ce que je fais pendant trois jours.

Je fais du stop pour repartir de Batumi en direction de Vardzia.En à peine 10 minutes, un routier s’arrête. Il ne parle aucunes langues que je peux comprendre mais me montre mon panneau avec ma destination et me fait oui de la tête. La route sera longue, très longue. Pendant tout le trajet il me parle géorgien et je lui répond en anglais. Au bout de quelques heures, je ne cherche même plus à comprendre et lui répond en français. Si je pouvais traduire tout ce qu’on s’est dit pendant les 10 heures, je pense que le résultat serait à mourir de rire. De temps en temps il me montre une prostituée sur le bord de la route, la klaxonne, explose de rire, hurle de joie dans le camion en mimant des choses que je ne veux pas raconter ici et continu sa route.

 

 

Au milieu de la nuit, il arrête son camion au milieu de nulle part, il ouvre ma portière et me fait comprendre de descendre. Hors de question. Il se retourne, attrape mon sac et le jette dehors. Il claque la porte et s’en va. Le camion s’éloigne, il klaxonne pour me dire au revoir et disparaît dans la nuit. Je reste là, dix bonnes minutes à me demander ce que je vais faire. La nuit était si noire que toutes les étoiles illuminaient le ciel. Un vieux Monsieur passe et me demande si je cherche un endroit où dormir.Il repart. Quelques instants plus tard, une femme vient à ma rencontre. Elle a une maison à disposition, ça fera 3€ la nuit. Banco.

Nous traversons un champs de hautes herbes dans lequel elle se fraye un chemin puis la maison apparaît. Je peux choisir la chambre que je veux. Je m’installe et fais le tour du propriétaire. Dans la cuisine les rideaux bougent avec le vent. Il n’y à pas de carreaux aux fenêtres… Je retourne dans la chambre, cache mon sac et me met au lit. Un bruit sourd me réveille. Quelqu’un frappe à la porte. La peur m’envahis. C’est la femme de tout à l’heure. Je suis avec un ami qui a un peu trop bu me dit elle, il va dormir ici. L’homme est affalé sur son épaule, elle le monte à l’étage et me souhaite une bonne nuit.

Le lendemain matin je suis toujours vivant et mes affaires sont toujours là. Je sors de la maison. A ma grande surprise la cité troglodyte de Vardzia est là, juste devant moi, immense. Elle creuse tout le flan de la montagne qui surplombe une large rivière. Le routier essayait juste de me faire comprendre qu’il m’avait déposé à bon port.

 

 

Je commence la visite de cette ville qui date du XIIème siècle qui est une enfilade de plus de 3000 grottes reliées entre elles par d’innombrables tunnels et qui s’étend sur neuf étages.
Après cette visite à couper le souffle, je reprend ma route pour la frontière Arménienne. Je fait du stop et un couple me prend. Ils me déposent à Akhalkalaki, la dernière ville avant la frontière. Tous les matins, un marshrutka part pour Erevan. J’entre dans le premier bar que je vois pour manger et demande si il y a un hôtel. La patronne passe un coup de fil et quelqu’un vient me chercher. J’arrive dans une espèce de dortoir où sont entassés huit lits avec à peine un mètre d’espace pour circuler. Je prend le premier lit en face d’un frigo qui évidemment, ne fonctionne pas. Une télévision est posée dessus avec une seule et unique chaîne, en russe. 

Tandis que je me promène dans le village tout le monde me dévisage. Ils ne doivent pas voir un touriste tous les jours. La ville est vétuste, la moitié des rues ne sont pas goudronnées, les maisons tombent en ruine, les chiens errants font la loi, je vois même une poubelle brûlée en pleine rue avec des gens qui discutent à côté, comme si tout était normal. Épuisé je retourne dans ma chambre et regarde la télé russe en essayant de m’inventer mes propres histoires.

 

 

Le jour d’après, à l’aube, je vais au point de rendez vous pour prendre mon marshrutka, celui ci ne part pas tant qu’il n’est pas rempli et j’attendrai donc deux heures en plein cagnard. Nous arrivons à la frontière, je récupère mon visa et c’est reparti. Une heure plus tard et un certain nombre de troupeaux de moutons évité de justesse, j’aperçois le mont Ararat. Un immense volcan sur lequel Noé se serait échoué avec son arche. Il restera dans le paysage jusqu’à mon arrivée dans la capitale.

J’ai réservé une chambre d’hôte dans une famille sympathique. Ils m’emmènent faire le tour de la ville, au restaurant et visiter soit disant la plus vieille église du monde. Ensuite, nous nous la coulons douce dans une station balnéaire.
Après tout ces moments forts agréables, je prend le bus pour une ville non loin de là, Metsamor. Une fois sur place je ne me sens pas super à l’aise. Barre HLM sur barre HLM, grillage rouillé, nuages de poussière avec quelques personnes ici et là. La raison de ma venue ici ? J’avais vu sur internet qu’il y avait une centrale nucléaire en plein milieu du désert avec les montagnes juste derrière. Je me disais que ça pourrait faire une belle photo.

Arrivé à l’entrée du désert, je me retrouve devant une piscine municipale vide. Apparemment depuis un bon moment. Il est midi, le soleil tape, je me met à l’abri sous le plongeoir en béton. Le temps passe, alors que je suis allongé à l’ombre, cinq jeunes arrivent et me demandent qui je suis et ce que je fais là. Ils sourient. Apparemment ils n’ont jamais vu un touriste dans le coin. Ils me montrent la route, me donnent de l’eau et me disent qu’il faut que je fasse attention aux petits trous dans le sol. Ce sont des terriers de serpents. Je ne sais pas si ils se moquent de moi ou non. J’entame ma route. Je tombe sur une grille fermée avec des panneaux. Interdiction d’aller plus loin. Caméras, gardes armés. Bravo Aurélien.

 

Après avoir rebroussé chemin et alors que je n’ai plus d’eau depuis un sacré bout de temps, je commence à me sentir faible. Je m’assied sur le bord de la route et ne trouve pas la force de repartir. J’attends. Vingt ou trente minute plus tard je vois une vieille camionnette bleue qui passe devant moi, je n’ai même pas l’énergie de lui faire signe. Elle passe devant moi, m’effaçant derrière elle dans un nuage de poussière, puis, contre toute attente, fait marche arrière. L’homme au volant me dit « doma ? » (maison) en mimant un toit avec ses mains. Oui. Je monte. A l’arrière du véhicule sa mère est assise sur plusieurs caisses de tomates. Une fois arrivé chez eux ils me servent à manger et à boire.

Tout le village s’empresse de s’agglutiner à la terrasse ou sont suspendues des peaux de chèvres pour voir le français qui a atterri ici. Tout le monde me parle, s’amuse, me ramène à manger, un homme essai même de me convaincre de me marier avec sa sœur. Après plusieurs heures très agréables, mon hôte appelle un taxi et insiste pour me donner deux énormes sacs de tomates. Qu’est ce que je vais bien pouvoir faire de 5kg de tomates ???

Mon voyage en Arménie s’achève et je retourne à Tbilissi, en Géorgie.  
La famille qui m’accueille est un peu inquiète de ne pas avoir eut de mes nouvelles depuis une semaine. J’ai l’impression de faire partie de la famille. Le père me propose même de rester vivre avec eux, il a apparemment de bonnes relations qui pourraient me trouver un bon travail, même si c’est tentant je suis obligé de décliner l’offre.

Au matin, après avoir fêter mon retour en bonne et due forme, la mère et la fille m’emmènent en virée dans le désert de David Gareja, à deux heures de route au sud. De petites montagnes rouges vallonnent le paysage jusqu’à notre point d’arrivé, un monastère. Dans la cours nous pouvons voir un ou deux moines, qui disparaissent en une seconde. Et pour cause, il leur est strictement interdit de parler ou d’avoir une quelconque interaction avec les visiteurs. Quand ils nous aperçoivent, ils s’enferment immédiatement dans leur chambres, qui ne sont ni plus ni moins qu’une pièce creusée à même la roche. Elles contiennent une table et un lit, creusés eux aussi dans la pierre.Le tout fermé par une lourde porte en bois.

Sur le haut des murs du monastère nous admirons les étendues de terre rouge. Le calme est assourdissant. La légende raconte que des siècles auparavant, des centaines de moines se sont fait assassiner par des musulmans et que leur sang qui a donné cette couleur à la terre.

 

 

Sur cette note de joie nous quittons les lieux. En chemin nous croisons une bergère qui promène des dindons. Je la prend en photo. Ce sera la dernière du voyage.

Le lendemain la famille m’amène à l’aéroport. Ils ont tous l’air émus de me voir partir. Tout autant que moi. Les larmes aux yeux, le père dit « bon ! On ne va pas rester avec lui toute la nuit ! » et ils s’en vont. Durant tout le vol du retour, je me suis remémoré ces incroyables aventures. Ces rencontres, ces paysages, ces galères, ces moments de solitude, mes euphories… C’était la Géorgie.

Alexandre Dumas, qui a vécu à Tbilissi, a dit qu’il n’aurait jamais dû y venir, car après ça, la ville lui a manqué toute sa vie. Et je comprend pourquoi. 

 

 

Récit réalisé par Aurélien Buttin.

 

Son Instagram, c’est par !  

 

Interview réalisée par Valentin Porcher
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  3. If your order is eligible for return, please tick each product you wish to return. If a product has been ordered in several copies, you can indicate the quantity to be returned.

  4. Indicate the reason for the return at the bottom of the order details and click on “Request a return”. You can track your return request in the “Returns” section of the “My purchases” section.

  5. Once your return request has been validated by our team, simply download the return form and place it in your package. 

  6. Send your package to the address indicated on the return form.

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Is it possible to return my item in the shop?

No, for all internet orders, returns can only be made to the address mentioned below.</p

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79180 Chauray

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We take great care in the manufacture and finishing of our products. However, if you wish to report a manufacturing defect on a product, we invite you to contact our customer service by the "Contact us" link at the bottom of our site page.

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