Artist Series : Mc Fish
On a tous des potes, avec qui on aime chiller dans un endroit un peu cool, une bière à la main, en refaisant le monde pendant des heures. Dans ce genre de moment, on parle souvent au « conditionnel », de ce qu’on « pourrait » ou « devrait » faire. De potentiels projets, voyages, aventures humaines… J’ai rencontré Mc Fish il y a 3 ans, eu des centaines de discussions avec lui et je me suis aperçu que le bonhomme allait toujours au bout des choses. 7 ans maintenant qu’il traine son bonnet en laine, sa board et son appareil photo un peu partout sur le globe.
De son dernier voyage en Alaska, il m’a rapporté de nombreux récits et de très belles images. Il en est revenu encore plus détendu qu’avant, avec une sorte de sérénité, de chaleur intérieur et de poésie qu’il est rare de trouver.
Salut Mc Fish !
J’ai une question un peu bête pour commencer, mais en fait pourquoi « Mc Fish » ?
Mc Fish, c’est parti de surnoms à la con que l’on se donne entre bons vieux copains, à l’âge où on est encore que des gamins. C’est un ami de longue date, un mec qu’on appelle Chicco. Il était souvent speaker sur des events en Champagne, un mec vivant, à qui ça prend pas long pour faire vivre tout le monde. Le genre de mec qui véhicule toujours de la bonne humeur, mais qui distribue aussi ce genre de surnom à la con…
Extrem, le shop tenu par le Bibil à l’époque, organisait un contest tous les ans qui ramenait pas mal de gars de partout, toujours bon esprit, le genre d’event où tu en prend plein la tête quand tu es gamin. Tu découvres la vie et tout ce qui va avec, tu hallucines sur le niveau, les gens cools, les étrangers, la musique… J’avais 13 ans, premier contest: Ils ont dit: « Lesage Anthony » et là…je suis rentré chez moi sans même me présenter par manque de couilles. Bref ça a jasé durant quelques temps au collège. Une paire d’années après, j’ai fait ce contest, en cassant la baraque en moins de 16, du coup j’ai fini premier à la maison, et le pote Chicco a lâché ce surnom qui est resté, » le Mcfly »
C’est parti de cette connerie, tout le monde m’appelait Mcfly, puis c’est devenu, Mc fish sur les années de lycée, je sais pas trop pourquoi, je livrais des pizza je travaillais pas au Domac
Si tu devais me raconter une anecdote vraiment dingue qui t’es arrivé pendant tous tes voyages tu dirais quoi ?
Y’en a une chiée, je pense que mon premier voyage vers les U.S m’a demandé une grande ouverture d’esprit. Je dormais dans une auberge de jeunesse au Nord de Harlem, et un mec que j’avais hébergé en France, Viktor, m’avait parlé de Couch Surfing. Donc voila je m’inscris, puis je contacte des gens, un mec me répond, il me donne l’adresse d’une vieille WareHouse en me disant que je suis le bienvenu… Je prends mon sac, ma board, le métro et direction l’autre cote du pont, Brooklyn. Arrivé à la porte, un mec me répond, à poil, j’étais un peu gêné du haut de mes 22 ans, d’avoir un mec trois fois plus âgé que moi, m’exposer sa bite alors que je lui tendais ma main!
A ce moment là, je vous avoue que j’ai eu trente mille questions en tête, mais je me suis fié à mon instinct qui me disait, il a l’air tranquille, il a pas la gueule d’un pervers,en même temps on est a Brooklyn, comment je peux savoir si les Dutroux sont pareils partout ?
Bref, je suis resté, il y avait aussi trois autres gars pire cools quand je suis rentré, tous le monde fumait de l’herbe dans le Booklar, j’ai fait la bouffe, et puis j’ai squatté le canapé tout une semaine. Paul le nudiste, nous a emmené dans un bistro pour Halloween, il était a poil, de sa porte jusqu’au bistro, qui était à l’autre bout, quartier ABC, il avait juste une petite veste en queue de pie, et des boots militaires… Le bistro sentait le Transexuel, des asiats voulaient que je parte avec eux dans les toilettes pour faire des photos plus intimes…
Toutes les nanas (gars) m’offraient des verres, Paul pire cool reprenait les trois quarts des gobelets en me disant, c’est New York ici, tout le monde payerait cher pour ton cul… les histoires de GHB sont pas rares par là, on est pas en Champagne.
Bref fatigué du théâtre pour un soir d’ Halloween, j’ai demandé a bouger. Sur le chemin de l’appart, après le métro, on entendait du son venant d’un immeuble voisin. Du coup Paul, m’a dit allez vient, il y a une soirée là-bas. On est arrivé au bon étage, Paul a tout enlevé y compris ces bottes, sur la porte c’était inscrit, « Déguisement de rigueur » du coup il est rentré… Il connaissait personne, que des gens déguisés de mon âge, et un silence général en poussant la porte… j’étais la derrière lui, avec ma camera autour du cou. Au final, tout le monde a applaudit, une ambiance vraiment à la cool, il y avait des gars que je voyais rapper à la gangsta sur MCM, je faisais la bringue avec tous ces gens aux visages masqués, Paul à poil. C’était magique, la fête s’est finie sur le toit, Paul toujours à poil, les flics dans l’immeuble… New York. J’étais dans un film, et je venais seulement d’arriver aux Etats-Unis pour 6 semaines. Bref sympa le Couch Surfing, bonne expérience, j’ai pas beaucoup dormis à l’hôtel sur la route… mais j’ai pas eu grand monde qui m’a ouvert la porte à poil.
Ce qui est dingue dans tous ça, c’est que à partir du moment où tu parles, où tu t’exprimes, tu peux t’entendre avec tout le monde, peu importe si tu es jeune, vieux, jaune, noir, blanc… Cette anecdote est resté dans mon crâne, ça m’a fait apprendre plein de choses !
Parles nous un peu de l’Alaska, comment un jour on se dit « allez je vais traverser le Canada en Camping Car » ?
Le Canada, c’est venu après avoir regardé des reportages, rencontré des gens, et puis Jack London. Avec Laurie, on avait en tête de partir, prendre un billet pour Vancouver, puis rejoindre Fernie pour la saison d’hiver. Ca, c’était le premier plan une fois le visa d’une année en poche, durant 6 mois on se l’a coulait douce à se dire, tranquille on verra bien sur place, la vie est bien faite…
Finalement à peine 1 mois avant de partir, je parlais avec un pote du Québec qui voulait absolument nous voir à notre arrivée, et là tout est parti sur un autre horizon. On fumait des cannes sur Skype à se dire » man tu t’imagines sur la route avec un gros campeur, à dormir où bon te semble, héberger des gens, prendre des autostoppeurs et converser sur la vie et les expériences… » Bref ça n’a pas pris long pour que je regarde sur différents sites en ligne, j’ai trouvé un escroc qui me vendait un campeur de 1976 pour 4000 pièces. J’en ai parlé à Marc, il m’a dit qu’il pouvait aller me chercher ce campeur. Et puis voilà comment tout a commencé jusqu’à ce qu’on se chope un billet d’avion pour Montréal. Après, le reste, l’ Alaska, les U.S, la traversé du Canada… tout ça s’est fait sur le chemin, au fil des rencontres sur une année.
Un tout part d’un rien, il faut juste commencé quelque part .
—Vidéo du trip ici —
C’est ton dernier voyage, où y’en a eu d’autres après ?
Tu peux pas t’arrêter, il y a une connerie qui dit « plus tu en sais, moins tu en sais ». Il y a tout un tas de dictons qui répondraient à cette question sans explications. Ecoutez « les voyages de Barbara’ sur youtube…
En attendant j’écoute mes besoins, qui sont un peu plus monétaires que spirituels, mais c’est clair que je reprendrais la route dans les années à venir. J’ai quelques road trip entres potes qui se dessinent, L’ Espagne cet été, les chaines de l’ Atlas l’hiver prochain, le nord de l’Europe l’année prochaine, l’Autriche, l’ Allemagne… je vais voyager un peu part là, avec les potes et les boards. Mais j’aimerais traverser l’ Asie dans les années à venir, faire la Nouvelle Zelande, le Chili, tous les spots où il y a des sommets. Bref c’est pour ça que je me mets un peu dans la quête monétaire.
Dans ta valise y’a quoi généralement pour partir ! C’est quoi ton kit de survie ?
Tout dépend d’où je vais et surtout ce que je vais y faire. Si je pars en voyage, en quête de découverte, je vais prendre un sac à dos, mon skateboard, une casquette, une serviette séchage rapide, gel douche et brosse à dents, deux pantalons, trois t-shirts, un sweat, trois caleçons et chaussettes, la camera, une carte, un couteau suisse, du tabac à rouler, des feuilles et une pair de lacet en plus, puis un de ces téléphones jetables si jamais je suis a l’étranger. Voilà, autant te dire que mon sac passe en bagage à main sans le canif et le skateboard. Ca sert à rien de s’emmerder avec tout un tas de conneries, quand tu voyages, tu vois jamais les même personnes, tu fais bien la semaine avec ton sac, et puis le dimanche tu fais la lessive, et le lundi c’est reparti…
A propos des 3 photos que l’on a sorti de toi pour cette collection, à savoir les modèles « Bizarre Plants », « Party » et « Giant », peux tu me raconter leurs histoires.
Ces clichés, je les ai pris sur le chemin de mon premier road trip aux état unis. Je parcourais le pays avec un billet de train Amtrak en poche. Je cherchais à comprendre un peu plus ce monde, je me sentais atteint par la moindre petite chose se passant dans mon entourage, j’analysais chaque personne…
Et puis en regardant le peuple, et les choses réalisées par le peuple, j’ai essayé de trouver ma place, mes positions et de les exprimer.
Le « Giant » a été pris un matin à Seattle, sur la route d’une session skateboard, la camera en main. En remontant la rue, je trouvais l’angle de plus en plus frappant au niveau du contact entre le marteau et l’immeuble. Ca représentait bien ce que je ressentais envers ces buildings, beaucoup d’immeuble a abattre pour enfin apercevoir l’horizon. Après Chicago, l’arrivée a Seattle niveau building était plutôt cool, je pionçais même dans un pavillon sympa, chez trois nanas qui skataient à block et avais la gracieuse gentillesse de nous prêter un petit coin de leur appart. Elles nous emmenaient sur tous les spots, les soirées, c’était vraiment cool de trainer avec elles et leurs potes. Je suis repasse à Seattle dernièrement, et cette statut est toujours en place.
« Bizarre Plants » est un cliché pris un peu plus loin sur la route, en descendant la west cost, dans les rues de San Francisco. Et j’ai envie de dire que ça parle de soit même, pour les personnes qui connaissent SF et ses bistros…
« Party« : New York, ces gens sans retenu, qui du peu de ce qu’ils savent, t’accueillent comme ça …
Des projets pour les années à venir ?
J’essais de me lancer un peu dans le monde des affaires, générer un peu de monnaie, puis j’espère pouvoir monter des refuges aux quatre coins du monde avant mes 40 ans. Avoir le pouvoir de rider des faces toute l’année tout en travaillant. C’est le projet de ma vie, après 8 ans sur les routes à travailler le minimum, et prendre un maximum de risques, je sais ce que je veux. Je suis apaisé, je sais ou je mets les pieds après avoir baroudé quelques années, tout ce qui vient me semble simple finalement…
