Artist Series : Jean Jullien
Jean Jullien est un artiste d’origine française expatrié à Londres depuis quelques années. Non pas pour répondre présent à l’appel de David Cameron, mais plutôt dans l’optique de finir ses études et commencer sa vie d’artiste avec un diplôme du Royal College of Art en poche.
L’univers de Jean Jullien est fortement inspiré de la bd et de la culture populaire des années 80 qu’il réinterprète en fonction d’événements et de faits de société très actuels. Avec son style graphique aseptisé et déjà bien rodé, il se concentre sur le message du visuel en interpellant son public par la simplicité et l’éloquence de ses illustrations, entre autres médias exploités.
Pas de bonne bd sans bonne histoire, et cela, Jean Jullien l’a compris. C’est pourquoi il lui tient à cœur de développer un fil conducteur à ses expositions, une histoire à laquelle on peut facilement se raccrocher tout en évitant de se perdre au milieu des œuvres proposées. A l’occasion de sa double exposition [:)/:(], OLOW s’est associé à l’artiste pour sortir 2 modèles en série très limitée.
Les tee-shirts seront donc disponibles à l’Attrape Rêve le temps de l’exposition, c’est à dire jusqu’au 30 Août. Et c’est un sacré bon prétexte pour vous présenter un peu plus les travaux de Jean Jullien ainsi que son univers au cours d’un entrevue.
1. Salut Jean, on a déjà commencé les présentations, mais est-ce que tu pourrais nous en dire plus sur tes travaux et ton parcours ?
Je suis un artiste français qui vis et travaille a Londres depuis 8 ans. j’ai commencé par un BYS en communication visuelle a Quimper avant de monter sur Londres pour un diplôme a central saint martins et le royal college of Art que j’ai quitté en 2010. Ça fait donc 3 ans que je travaille a plein temps. Mon travail est généralement graphique et dessiné mais il prend souvent d’autres formes: vidéo, photo, installations, etc.. Je travaille régulièrement avec mon frère Nicolas.
2. Dans tes créations tu laisses une place majeure au message, pourquoi mettre en avant le propos dans un domaine qui joue beaucoup sur l’esthétisme ?
Parce que plus les années passent et moins je me soucie de l’esthétisme et plus du message. Je ne recherche pas le beau, car ça répond à des règles et des principes de géométrie, de chromie, de composition, etc… Le beau tout le monde peut le faire. L’idée et le message, c’est ça qui est vraiment unique. Le travail d’après ne sert selon moi qu’à trouver la meilleure expression de cette idée, la plus pertinente, la plus compréhensible, la plus efficace et, parfois oui, la plus belle.
3. Tu arrives à dégager rapidement de ton visuel le message que tu souhaites faire passer ou l’idée qui se cache derrière. Comment tu travailles cette éloquence au sein de tes créations ?
J’essaye de rester spontané. Dans l’idée comme dans le trait. Je pense qu’il est important de rester simple quand on veut dialoguer avec un public large. C’est différent pour un travail plus narratif où l’on invite les gens à pénétrer dans un univers, là on a tout le loisir d’étayer son propos. Dans mon travail j’essaye de dialoguer avec le public. De le faire rire, puis peut être réfléchir. Et pour ça je crois qu’il faut rester simple. Tout mon travail éditorial est un super exercice pour ça, il faut travailler très vite tout en essayant de donner la meilleure réponse qui soit.
4. Tu es très souvent inspiré par des faits de société actuels, un thème que tu traites tout en humour et dérision. Tu es une sorte de caricaturiste en fait ?
Houlà non ! Caricaturiste est un vrai métier, une spécialité, et ce n’est pas la mienne. D’autre le font avec brio… Non, je me sers juste du dessin pour réagir à ce que je vois ou j’entends autour de moi, ce que je lis. Il est important de rester « connecté » avec le monde quand on travaille dans la communication. Pour dialoguer avec les gens autour de moi, dans mon travail ou non, il me faut d’abord connaitre ce qui m’entoure, ce qu’il se passe autour de moi. C’est donc un exercice auquel je m’essaye régulièrement et qui se montre utile lorsque je travaille pour des journaux et magazines et qu’il faut réagir au quart de tour.
5. Dans tes expositions, on retrouve souvent un fil conducteur à lequel on peut se raccrocher entre chaque visuel. Pourquoi avoir ce besoin de justification dans tes travaux ?
Parce que sinon je ne ferais que des expos génériques pour exposer un éventail de travaux. J’ai déjà cet espace avec mon site internet et préfère essayer de surprendre, de communiquer et de raconter quelque chose de différent lors de mes expositions.
6. Il paraît qu’on peut te retrouver cet été à Paris, tu peux nous en dire un peu plus sur la double exposition » [:)/:(] » ?
Oui c’est ma première exposition de peintures et elle se passe dans deux galeries en même temps. La première c’est la galerie Michel Lagarde, et la seconde c’est la galerie l’Attrape Rêve. L’expo se divise donc en deux parties : une tragique dans la première galerie et une comique dans la seconde. Ma précédente expo à Londres (Allo?) épluchait nos comportements sociaux et asociaux sous l’égide de la technologie. J’ai voulu continuer ce travail d’observation avec cette nouvelle exposition mais en occultant cette fois complètement la partie technologique. Et j’ai choisi de travailler à la peinture pour expliciter ce rejet temporaire de la machine. Un exercice qui fut pour moi périlleux mais très enrichissant.
7. On m’a dit qu’il serait aussi possible de retrouver à l’Attrape Rêve le temps de l’exposition « [:)/:(] » deux modèles de tee shirts pensés par toi-même et produits par Olow en série limitée, c’est vrai cette histoire ?
En effet j’ai collaboré avec la marque Olow pour la création de deux tshirts. Les peintures originales sont exposées à la galerie l’attrape rêve. J’aime beaucoup pouvoir tester les images sur différents supports et voir ces deux dessins se répondre d’une peinture encadrée à un tshirt sur un ceintre est un parfait exemple de cet exercice. L’idée de produire une série limitée à l’occasion de l’exposition a permis d’offrir au public une alternative aux peintures, mais avec un soucis du détail et une qualité qui permet de repartir avec une pièce de l’expo sans avoir l’impression de s’être rabattu sur la moindre option.
J’espère que nous aurons l’occasion de renouveler l’expérience très bientôt.
8. Sinon, qu’est-ce que t’as de prévu dans les mois qui suivent ?
Mon frère et moi travaillons sur une grosse installation vidéo pour un hôtel à Amsterdam. J’ai une expo le 12 septembre à la BEACH gallery à Londres. On travaille sur le nouvel album de Niwouinwouin aussi et je travaille avec un grand restaurant à Londres pour les redesigner de A à Z : un super projet de la même envergure que mon travail pour Le Nid, à Nantes. Je fais l’affiche pour le festival parisienn FIREWORKS, et je bosse en ce moment avec Esquire, le new yorker et New York magazine. Je travaille aussi avec le pâtissier Éric Jubin sur une série de gâteaux.
Beaucoup d’autres projets mais c’est déjà pas mal là.
9. Un mot pour la fin ?
« Bulgogi ». Mais sinon je tiens à remercier la galerie L’Attrape Rêve et la galerie Michel Lagarde pour avoir rendu cette double expo possible.
Merci aussi à Olow pour cette superbe collaboration!