Au royaume de l’insolite : Mingalaba Birmanie (Myanmar)
Bangkok, interconnexion et attente longue affalés sur des fauteuils de l’aéroport. Sous nos yeux littéralement hypnotisés, une vague incessante de touristes chinois. Casse croûte au prix indécent et re-décollage pour une petite heure. Alors que nous avons quitté Siem Reap (Cambodge) vers 8h30, c’est seulement vers 16h que l’engin volant qui nous transporte se pose sur le macadam brûlant de l’aéroport de Yangon… Nous changeons l’heure de nos montres!
La chaleur est presque aussi étouffante qu’à Angkor. Mais est-on vraiment arrivé en Birmanie ? Dans le quartier où nous logeons, nous sommes comme transportés à New Delhi… Les rues sont minuscules et il y a des indiens partout, des triporteurs d’un autre temps, des immeubles coloniaux colorés et quelque peu défraîchis, des couturiers de rue, des cireurs de chaussures.
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Chacun de nos pas sont rythmés par les appels à la prière provenant de mosquées plus étincelantes les unes que les autres…Et puis peu à peu le visage des gens se diversifie… Les traits, les couleurs, les expressions, les origines sont différentes…Difficile de définir précisément dans cette ville la typologie du peuple birman…probablement un mix de tous ces gens. Car ils ont tous, quelque chose qui les lie.
Quasiment tous portent un pagne, les femmes ont du Thanakha plein les joues, les hommes ont la bouche toute rouge de Betel et d’étranges tatouages de protection sur le corps…Ca fait un drôle d’effet…
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Détente dans un parc, et nous nous brûlons les pieds à la Shwedagon Pagoda, considérée comme la plus grande et la plus belle du monde ! Véritable claque visuelle. Le lieu est immense et on commence à ressentir l’immense spiritualité qui berce le pays.
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C’est la fête de l’eau! L’ambiance est bon enfant. Il y a des canon à eau arrosant la foule, des piscines, des concerts…Ça pique nique, mange des œufs de caille et des sauterelles sur l’herbe, se marre.
Nous décidons de continuer dans la ville de Mandalay, là où apparemment cette fête serait la plus impressionnante ! Dans le mini bus local qui nous mène à notre bus de nuit, grosse frayeur, le chauffeur alcoolisé tape de dangereuses accélérations sans regarder la route. Nous crions « Ahhhhhh » et voyons notre vie défiler à chaque virage… Plus tard dans le grand bus flambant neuf il y a une hôtesse en tenue qui nous sert à boire et à manger ! On se croirait dans un avion. C’est marrant. Arrivés à destination, une gare de bus digne de l’Afrique, et des bidons d’essence qui ont eu la bonne idée de se déverser sur nos sacs à dos pendant le trajet en soute. Dans les rues des files de jeunes moines presque jusqu’à l’infini font la quête matinale, des voitures avec le volant à gauche, d’autres avec le volant à droite.
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Que la fête continue! Des enceintes crachent du son. Des jeunes passent sur des camions, parfois attachés au capot ! Tout le monde est progressivement saouls et drogués…Les jeunes à teintures blondes, vernis à ongles et jeans déchirés crient, font des roues arrières en moto…Pendant 2 jours sur nos bicyclettes nous nous prenons d’incalculables seaux d’eau, parfois tièdes, parfois glacées… Le tout dans une ambiance bruyante et agressive. Notre amusement prend fin, nos nerfs sont définitivement à vifs…
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À Bagan, une femme sort un scorpion de sa maison. Nous louons un mini 2 roues électrique et partons nous faufiler quelques jours sur ces chemins sablonneux. Le décor est digne d’un conte et difficilement explicable avec de simples mots couchés sur le papier. Des milliers de temples d’un autre âge, de toutes tailles et formes, posés là comme par enchantement dans cette étendue désertique… Et au milieu de ce qui devrait être une merveille du monde, des villages, des maisons en bambou, des jeunes qui jouent au foot, des familles qui travaillent la laque.
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Quelques couchers de soleil mémorables, et nous voici dans un bus bourré à craquer. Trajet interminable avec une chaleur torride et des routes en lacet et nous voilà à Kalaw.
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Ambiance montagnarde et air frais, ça fait bizarre. Avec Renaud un français de Clermont, Seba et Angel deux chiliens (frère et sœur) et Yorg un allemand atypique nous décidons de partir pour un trek de 3 jours. Au petit matin, avant de prendre la route nous déambulons dans le marché ! Il y a des minorités partout, c’est tellement fou d’être là et de voir ça encore aujourd’hui… Ces coiffes irréelles, ces couleurs.
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S’en suit plus de 60 kilomètres de marche, au milieu des forêts de pins, des cultures d’oignons, de choux, de gingembre, d’énorme cactus, de rizières en terrasse, de sentier montagneux…L’un des soirs Seba sort sa petite guitare dans un village devant plein de petits moines émerveillés…Et puis nous passons de maison en maison…Les femmes sur le pas de leur porte ont des étoiles dans les yeux, les vieilles dames tapent des mains et se marrent, les enfants dansent comme des fous et s’improvisent guitaristes, les hommes sourient avec bienveillance…La nuit nous dormons a même le sol dans le salon d’une famille, nous nous lavons au seau, et regardons les étoiles…
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Et enfin l’immense lac Inle, point final à notre sueur… Il y a quelque chose de magique qui flotte dans l’air. Des villages sur pilotis, des pêcheurs avec une grâce de danseuses, un calme absolu…L’heure des aux revoirs, nous quittons avec une larme à l’œil nos 4 nouveaux copains…
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Nous passons nos derniers jours à pédaler sur nos bicyclettes dans les environ afin d’offrir quelques derniers beaux souvenirs à nos yeux déjà comblés. Des femmes se lavent dans la rivière, des enfants se baignent avec les buffles et utilisent leurs dos comme plongeoir, une vingtaine de chiens dorment les uns à côté des autres, 2 chevaux en liberté font la foire dans la rue, des centaines de femmes prient dans le monastère en face de chez nous, des offrandes sont déposés aux esprits ici et là…
Et toujours des sourires francs, des joyeux « Hello », « Where are you from ? » « Where you go ? »
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Après 3 semaines c’est un nouveau chapitre qui se ferme, pour en ouvrir un autre dans la foulée sur l’immense Indonésie. Notre expérience qui avait si mal commencée a été au final si calme, si passionnante et dépaysante. Nous partons avec la sensation de rester sur notre faim. Il y a encore tant de choses à découvrir dans ce pays plein de mystères, de curiosités et où la population est si accueillante. Nous nous faisons la promesse de revenir, et vite. Pénétrer dans des régions plus difficile d’accès (à cause de conflits ethniques mais également du trafic d’opium, pierres précieuses…) au nord et à l’est, aller à la rencontre des Karens au Sud ou de ces femmes au visage entièrement tatoué d’une toile d’araignée, et bien sûr revenir nous réinstaller un soir à cette petite table du restaurant l’Unique pour déguster leur merveilleux petits plats.
Valentin Porcher & Cécile Chétif