Expo « Petit Appétit » #2 : L’Imprimerie
Jusqu’au 5 juillet prochain, Jean Jullien présente sa nouvelle exposition « Petit Appétit » à l’Imprimerie en collaboration avec Fricote Magazine. L’exposition porte sur le thème de la table, avec toute une série d’illustrations distrayantes et amusantes. Pour régaler nos papilles, l’artiste à concocté une série de produits exclusifs en collaboration avec le chocolatier À La Mère De Famille, ainsi qu’une gigantesque sculpture avec le collectif A BOIS PARIS. Quelques heures avant l’expo, nous avons rencontré Julien Pham, co-fondateur et rédacteur en chef de Fricote…
Salut Julien ! On est quelques heures avant l’expo « Petit Appétit » de Jean Jullien, quelles sont tes premières impressions ?
Honnêtement je suis très serein sur cette exposition, puisqu’on est avec des partenaires qui sont fiables et très compétents chacun dans leur domaine. C’est notre rôle en tant que Fricote Magazine de faire en sorte que Jean soit hyper content du rendu et de ce qu’il va présenter ce soir. Il faut le mettre dans les meilleures conditions possibles.
Comment est-ce que tu as rencontré Jean Jullien ?
La rencontre s’est faite au numéro 13 de Fricote. C’était il y a environ un an et demi, deux ans. Moi j’ai toujours suivi son boulot, d’abord un peu de loin et puis ces dernières années de manière un peu plus proche parce qu’il est monté en notoriété. J’ai toujours adoré ses idées, au-delà même du trait et de sa manière de dessiner. Je me suis trouvé en phase avec lui sans le connaître. Quand est venu l’idée de travailler sur une couverture de magazine, on a pensé à lui. On voulait faire un truc sur l’intégration du portable à table, dans l’expérience du repas. Jean avait déjà très bien abordé ce thème, où en un visuel tu arrives à capter son idée. À travers ce sujet de société on s’est mis d’accord pour ce thème là et on a sorti la couverture. Il est passé au bureau un dimanche et on a directement accroché.
Quelle est l’œuvre que tu préfères dans l’expo ?
C’est difficile, j’ai de l’affection pour tout. Il y a un truc où je suis content, c’est la boîte de palets au Peanut Butter & Jelly. C’est ce genre de clin d’œil que j’aime bien. C’est un chocolatier traditionnel parisien bien installé et ça me faisait marrer de transvaser ses chocolats avec ces produits là. On travaille avec Jean qui a aussi cette image un peu pop et qui marche très bien dans les pays anglo-saxons. Et puis bien sûr l’œuvre en bois. Parce que c’est énormément de travail, ça part d’une tonne de bois brut à la base. C’est à la fois un travail massif et précis. Les finitions sont incroyables, et tout ça à partir d’un dessin de Jean.
Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur l’Imprimerie ? Comment est-ce que toi et tes associés vous avez eu l’idée de faire une « pop-up galerie » ?
David, Régis et Nicolas ont eu l’idée il y a quelques années. Ici c’était notre ancien imprimeur, donc on avait ce contact privilégié avec cette personne qui allait laisser l’endroit. Nicolas a eu tout de suite la vision d’un lieu éphémère. À l’époque c’était pas si évident que ça parce qu’il n’y avait quasiment pas de lieu « pop-up » où tu pouvais venir avec une idée, un concept, l’envie d’exposer ou de lancer un produit. L’idée est venue comme ça sous des résidences d’un mois. Au fur et à mesure du temps ça s’est un peu affiné, on a accueilli des trucs vraiment très cool, autant des expos que des lancements de produits et des marques assez prestigieuses.
Après avoir enchaîné plusieurs petits boulots, tu as commencé en tant que stagiaire chez Shoes Up. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu as vécu cette première expérience au sein d’un magazine ?
J’ai commencé en stage à la promotion. L’idée c’était de faire connaître Shoes Up un maximum et de travailler aussi sur l’image. J’ai fais ça pas mal de temps, ce qui m’a amené à être de plus en plus en relation avec les marques et les acteurs du marché. J’ai impulsé des choses du point de vue rédactionnel aussi, mais ma sensibilité allait plus vers la cuisine.
Quel lien tu as avec la cuisine?
Je pense que le berceau de tout ça c’est la famille. Ma sœur aussi s’est naturellement tournée vers la cuisine alors qu’elle était plutôt dans la musique à la base. Et à un moment dans sa vie comme pour moi, on s’est dit « ce qui nous botte c’est vraiment la cuisine ». Elle en a fait un métier de cuisinière, moi j’aimais plus manger et en parler et du coup ça a donné Fricote. Les repas de familles qui nous ont aussi beaucoup marqué, les relations avec ma mère et ma grand-mère se passaient dans la cuisine, et puis aussi la manière dont on grandit, les voyages qu’on fait… Le fait d’aller aux États-Unis et d’être sensibilisé à la bouffe américaine qui est excessive dans tout mais tellement bien « marketée », ça te piquouse dès l’enfance.
Aujourd’hui tu es co-fondateur et rédacteur en chef du magazine Fricote. Comment est né le magazine ?
Le déclic c’est Nicolas, il voyait bien que je tournais un peu en rond sur Shoes Up. C’est lui qui m’a vraiment mis le pied à l’étrier. On mangeait un bagel à l’époque où les bagels venaient d’arriver à Paris et il m’a dit « viens on réfléchi à un concept sur la bouffe ». On a réfléchi ensemble et on a pondu un concept : Fricote.
Peux-tu nous résumer le contenu de Fricote en quelques mots ?
C’est un concept qui évolue avec nous et avec le temps. Ce sont des tendances créatives dans l’assiette et tout autour. Fricote parle aussi bien de ce qui se passe dans l’assiette et de ce que tu manges, que de l’assiette et des couverts qui vont te servir pour manger, que de la table qui soutient cette assiette, et surtout de tous les gens autour de la table et du moment que vous passez tous ensemble. Il y a pleins de passerelles qui se créent entre les univers créatifs et l’assiette, et nous on est là pour capter tout ça. Que se soit sur un photographe qui a un moment donné décide de shooter l’ensemble des pétales de Corn Flakes d’un paquet de céréales ou sur chef 3 étoiles qui va faire des choses incroyables, ça nous intéresse autant.
À qui s’adresse Fricote ?
À tous les gens qui ont une sensibilité pour la bouffe. Si tu as un attrait sincère pour la bouffe, tu es susceptible de trouver un truc qui te parle dans Fricote. Il y a des rubriques très légères et c’est très bien comme ça, et il y a aussi des sujets où on creuse en profondeur.
Est-ce que tu as des projets pour la suite ?
« We go with the flow » comme on dit. Il y a une newsletter qui va arriver toute les semaines, où justement Jean Jullien nous a fait un bonhomme qui s’appelle Monsieur Fricote et qui est le porteur du bouche à oreille. On ne se veut pas dénicheur de nouveaux lieux, mais on doit avoir ce rôle de maillon du bouche à oreille. On a d’ailleurs créé le hashtag BAO.
La streetfood se développe depuis plusieurs années maintenant, avec une explosion des restaurants à burgers. Qu’est-ce que tu penses de tout ça ?
C’est beaucoup trop. À Paris, on est passé du désert total en burger au trop en l’espace de 3 ou 4 ans. Avant quand tu voulais un bon burger tu savais pas du tout où aller. C’était du burger sur assiette qui était servi soit dans des restaurants américains, soit dans des bistrots, ou encore dans des fast-food. Aujourd’hui le truc positif, c’est qu’il y a pleins de mecs de notre génération qui se sont mis à le faire bien et à upgrader la qualité des burgers. Les prix sont plus élevés, mais je préfère ça plutôt qu’à l’époque où tu te faisais un burger avec du pain Harrys dans un bistrot et qui te coûtait 19 balles. Là c’est un peu plus justifié même si c’est toujours un peu excessif si on compare aux Etats-Unis. Là-bas le burger c’est le truc pas cher que tu t’enfiles assez facilement. À Paris il est plus gourmet. Mon sentiment est un peu partagé parce que maintenant on a le choix, mais c’est excessif. Il faut aussi savoir faire le tri. Aujourd’hui il y a pleins de gens qui surfe sur la vague, et qui ouvrent des lieux un peu standardisés autour du burger. Ces lieux là il faut juste les éviter.
Si tu devais citer deux plats que tu adores manger ?
Le plat parfait pour moi c’est un plat affectif : la soupe Pho. Je suis d’origine vietnamienne et elle a bercée toute mon enfance, mon adolescence et ma vie encore aujourd’hui. Pour moi c’est le plat en équilibre qui est parfait. Il y a à la fois du bouillon chaud qui te réconforte, des nouilles de riz qui te nourrissent, toutes les saveurs de l’acidité du citron et du piment très salé du bouillon, de la viande crue et cuite, de la viande mixée avec des boulettes, et la fraîcheur des herbes. Après, je me souviendrais toujours du premier déj’ que j’ai fais chez Septime avec mon pote Yué où on a mangé une poitrine de cochon qui était exceptionnelle. De là est née une amitié avec ce chef, on a fait notamment une couverture de magazine avec Yué et Bertrand Grébaut.
Dernière petite question, est-ce que tu peux nous filer une ou deux adresses pour bien manger sur Paris ?
En ce moment j’aime bien aller dans un endroit qui s’appelle La cave à Michel à Belleville, rue Sainte-Marthe. Romain Tischenko et son frère ont ouvert le Galopin il y a quelques années et ils ont ouvert ce bar juste à côté qui était avant un caviste. On peut y manger des petites assiettes vachement travaillées et super bonnes. Ils ont le meilleur œuf-mayo de Paris. Ma petite tradition là-bas c’est de prendre l’œuf-mayo et un bouillon. Il y a une bonne ambiance et ça me correspond, je me sens bien là-bas. Après tu as Septime, l’empire créé par Bertrand Grébaut et Théo Pourriat son associé. Ils ont créé Septime, Clamato et La Cave Septime. Ce sont des endroits exceptionnels.
Merci à Julien Pham.
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