ITW : Dans les profondeurs des illustrations d’Ugo Gattoni
Ugo Gattoni est un illustrateur parisien reconnu dans le monde entier pour sa technique et ses créations infiniment minutieuses. Après avoir travaillé avec Hermès, le New York Times ou encore Rolex, il s’associe avec Olow pour une collaboration surréaliste…
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Salut Ugo ! Pour commencer on voudrait revenir rapidement sur ton parcours… Comment es-tu passé du bac scientifique à l’illustration en freelance ?
Après le Bac scientifique, j’ai tenté sans trop de convictions le concours de l’EPSAA, une école de graphisme à Paris. J’ai fait une prépa’ puis 3 années d’études avant d’obtenir mon diplôme en 2010. Je travaille depuis cette date en freelance.
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Tu utilises différents outils pour dessiner comme le rotring ou le graphite. Peux-tu nous expliquer ce que ça apporte à tes créations ?
Ce sont 2 techniques différentes, pour des rendus différents. J’effectue un travail minutieux avec les deux outils. Mon trait se rapproche de la gravure lorsque j’utilise l’encre alors que le crayon me permet des approches plus surréalistes, comme dans mes portraits par exemple. Mais je travaille aussi la couleur depuis un moment.
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Tes dessins nous rappellent souvent les fresques religieuses ou médiévales où étaient racontées les grandes histoires de l’Humanité. En quoi tes dessins ont-ils cette fonction narrative ?
J’ai toujours aimé me raconter des histoires en dessinant, que ce soit une histoire globale ou plein de petites narrations perdues dans les détails. Ces grands formats me permettent cela mais permettent aussi au spectateur de se raconter sa propre histoire en se baladant dans le dessin, en s’y perdant même parfois. Le format de frise aussi, façon tapisserie de Bayeux comme mon livre Bicycle, impose une sorte de chronologie des événements du dessin. La plupart du temps, je dessine mes frises de gauche à droite, faisant évoluer l’histoire au fur et à mesure.
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Il y a plusieurs niveaux de lecture selon que l’on se trouve proche ou éloigné de tes créations. Qu’est-ce qui te plaît dans cette espèce de mise en abyme ?
L’interprétation que les gens peuvent en avoir. Je crois que j’aime aussi que les spectateurs soient surpris ou amusés par un détail qui leur avait échappé lorsqu’ils étaient plus loin du dessin. De loin, on comprend le contexte ; que c’est une ville par exemple, on se rapproche en entrant dans cette ville puis on continue d’approcher pour finir à l’échelle des personnages de cette ville, s’y identifier. Cette progression à travers le dessin m’intéresse beaucoup.
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Ton travail a souvent été salué pour sa précision et sa minutie. Quelle œuvre t’a demandé le plus de temps ?
Un grand format que je fais pour un papier peint, pour Pierre Frey. Ça va faire 6 mois que je suis dessus et je n’en vois pas le bout… Le projet verra le jour en 2016.
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On n’a pas pu s’empêcher de remarquer tes collaborations avec des poids-lourds de l’industrie du textile et du luxe comme Hermès pour qui tu as dessiné des carrés de soie ou encore Céline, Nike et Sandro. Qu’est-ce qui rend le travail pour le textile aussi intéressant ?
C’est vrai que j’ai une grosse affinité avec la mode et le monde du textile. C’est une façon de sublimer un dessin sur des matériaux surprenants, avec des techniques et un savoir-faire uniques. Le dessin vibre complètement différemment sur soie ou en jacquard, par exemple. C’est aussi le côté collaboration avec les artisans qui me plaît beaucoup et comment mon dessin est interprété.
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Pourquoi avoir choisi de faire une collaboration avec Olow ?
Je connaissais déjà les vêtements, certaines de leurs collab’ ont été réalisées avec des artistes que j’affectionne et le feeling est bien passé lors de notre rencontre. Pas besoin de grand chose de plus pour partir sur un projet ensemble.
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Il paraît que tu voyages beaucoup entre Paris et Londres. Comment le Royaume-Uni influence-t-il tes dessins ?
Je le fais de moins en moins aujourd’hui mais en 2012/2013 je faisais beaucoup l’aller-retour. Londres est une ville que j’affectionne beaucoup pour son ouverture d’esprit, les expositions que j’ai pu y faire et les collaborations. J’ai mon éditeur là-bas aussi et je viens de signer chez Nomint à Londres, en tant que réal’. Donc oui, j’y suis beaucoup attaché, c’est la raison pour laquelle j’ai illustré cette ville dans Bicycle.
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Est-ce qu’on peut espérer admirer tes dessins dans une expo prochainement ?
J’espère pouvoir prendre du temps pour moi et penser une expo’ pour fin 2016 à Paris !
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Merci à Ugo pour ses réponses !