J'ai toujours peint - de mon enfance il n'y a pas une photo où je n'ai pas un pinceau, un crayon à la main. Peindre, créer, a toujours été le prisme à travers lequel j'envisageais mon rapport aux choses, aux gens, au temps. Et pourtant jusqu'à très tard, il me semblait inconcevable de prendre ma passion au sérieux, de regarder mon plaisir en face et tenter d'en faire mon métier.
J'ai choisi des études visant à accompagner les artistes, je me disais: si je ne plonge pas dans l'aventure d'être artiste moi-même, au moins, je graviterai autour d'eux, ces libres penseurs/faiseurs qui nous proposent d'échapper à la réalité - et je m'appliquerai à ce que leurs visions soient vues, reconnues, célébrées. Bien vite je me suis rendue compte que cela ne suffirait pas, et que mon besoin d'exprimer quelque chose de personnel, dans la matière, avec les mains, se faisait plus vif, plus brûlant, et qu'il devait d'une manière ou d'une autre, s'imposer.
En 2016 j'ai quitté mon job de galeriste à Bordeaux, et sans objectif particulier, j'ai pris un aller simple pour Lisbonne. Il me fallait quitter la ville où j'ai grandi, ma famille, mon entourage, il fallait partir ailleurs, pas forcément loin mais juste assez, pour me détendre, respirer un grand coup et me recentrer. Et c'est ce qu'il s'est passé.