UKNW SOUNDS : ANGEL HAZE (USA)
L’Amérique nous réserve tous les jours un flot d’artistes hors du temps, désertant la bulle du rêve américain. Un autre ange déchu de Detroit nous fait le plaisir de rapporter comment il fait bon vivre dans cet espace-temps. L’écorchée vive, la reine effrontée qui se cache (voire s’exhibe) derrière Angel Haze s’en donne à poumons ouverts et nous livre une sonorité beat’n’rap grinçante et sale qui déborde d’insanités pour le moins fort délectables.
L’amour de la provocation suscite toujours autant de l’intérêt, qui se rapprocherait plus du dégout que de la surprise. On dit que la première impression est la bonne, néanmoins, on aime et on en redemande, désespérément cliver dans le tourment, afin de nourrir nos mœurs les plus pieuses. Sur ce point, Angel Haze n’innove pas. En revanche, elle a su éviter la gargantuesque promotion connue des Américains pour ce genre d’artistes. Certes, on pourrait avoir des doutes, mais non, ce n’est pas un produit marketing, du moins pas pour l’instant.
Aux allures de reine hip/hip, elle déblatère, débite, respire, débite, respire… Et on crie victoire ! Son flow est bien sûr impressionnant, grave et maitrisé ; on pensera à M.I.A. et Nicki Minaj. Musicalement, les beats et sons électro métallisés sont en adéquation à la charte ‘Rap US’. Tout comme les thèmes éternellement récurrents du sexe, de la drogue, de l’argent, et autres bitches et motherfucker (cf. ses excellents titres New York et Werkin Girls). L’inverse nous aurait étonnés. Du moins, la vulgarité ne l’empêche pas de donner la réplique à Woodkid dans une autre version de son I Love You (ici). Allez, longue vie à la reine !
Julien Catala