UNKW SOUNDS : EVENING HYMNS, légendes comtemplatives
Il y a des artistes qui réussissent à magnifier leur nonchalance en faisant de celle-ci une force imperturbable, belle et réconfortante. Une nonchalance où chacun y trouve son compte ; y compris Jonas Bonnetta sous Evening Hymns qui récite, de son Ontario natal, des sortes d’incantations boisées, libérant non pas des sorts, mais des bénédictions.
Il n’est donc pas étonnant que la maison clermontoise Kütu Folk, authentique et artisanal dans l’âme, ait tapé dans le mille de ce cher Jonas. Accompagné de son acolyte Sylvie Smith, cet hédoniste module avec une voix vaporeuse et grave l’air frais des montagnes, le bruit des craquements dans la neige, la fumée d’un feu de joie, la chaleur d’un plaid, la senteur des pins… Tout serait prétexte à se reclure dans les bois.
Enregistré dans la pure tradition du folk monacal (Bon Iver en tête de file), l’essentiel des titres a pris forme dans une cabane en bois, isolée et rugueuse, où des va-et-vient amicaux (The Wooden Sky, Forest City Lovers) venaient fortifier l’armature spectrale de leur musicalité. L’inaltérable joliesse de « Spirit Guides » et « Spectral Dusk » relâche un éclectisme sonore proche de la schizophrénie. Une osmose délirante entre la frénésie causée par les percussions et les tiraillements de guitares (Broken Rifle, Dead Deer, Cabin In The Burn) ; et l’amertume de belles ballades (Song To Sleep To, History Books) qui prend tout son essor avec Irving Lake Access Road, ravissement lyrique de 9 sublimes minutes.
Tout est spirituel chez Evening Hymns. Tout est mental, insaisissable.