Une idylle au Taj Mahal
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« Quand je rêvais de l’Inde, je rêvais du Rajasthan : de ses visages, de ses couleurs, de ses saris, de sa nourriture. Mais je rêvais aussi et surtout du Taj Mahal.
La première fois que l’on aperçoit le Taj Mahal, on a bel et bien l’impression de rêver. L’impression de rêver devant cette grâce, cette symétrie, cette beauté immaculée. En fin de compte, Shah Jahan a réussi un tour de force et réalisé son rêve en construisant une représentation du paradis sur Terre. Mais alors que l’on découvre tout juste le Taj Mahal, qu’il est 6h du matin, que l’on est en train de vivre un rêve éveillé, on sort très vite de cette idylle, pressés par la horde de touristes qui est sur le point d’envahir une des sept nouvelles merveilles du monde. On se dit alors que notre idylle avec le Taj, comme les locaux l’appellent, ne peut pas s’arrêter ainsi, qu’il faut absolument que l’on arrive à se revoir.
On essaie tout d’abord de se revoir au coucher du soleil : j’ai rêvé capturer tes lignes et ton reflet dans la rivière Yamuna, dans une parfaite symétrie. Mais on me fait vite comprendre que si tel est mon rêve, il va falloir que je vide mes poches : il me faudrait en effet soudoyer nombre d’agents de sécurité pour enjamber un mur qui semble alors infranchissable.
Je me rends alors bien compte qu’on a fait fausse route et qu’il va falloir aller voir ailleurs pour une deuxième rencontre avec toi.
On se revoit bien à la nuit tombée, sous une pleine lune révélant encore davantage tes courbes et ta symétrie. Notre idylle ne fait que grandir mais, encore une fois, nombre de touristes ne permettent pas de t’apprécier à ta juste valeur.
En nous couchant, nous mettons un réveil aux aurores. Demain, nous avons rendez-vous avec toi pour, nous l’espérons, poursuivre notre idylle.
5h, le réveil sonne ! On se lève, très vite, il ne faut absolument pas que nous manquions notre rendez-vous. C’est une opportunité qui ne se représentera peut-être jamais : on nous a promis hier soir qu’on pourrait venir t’admirer depuis une barque au petit matin. Alors que nous attendions patiemment au bord de la route, notre messager n’est cependant jamais venu. Alors que la nuit était en train de perdre du terrain et que les premières lueurs du jour apparaissaient, nous parvenons à monter à bord d’un tuk-tuk pour rejoindre le bord de la rivière Yamuna. Notre messager apparaîtra, quelques instants plus tard, chevauchant sa moto, sûr de son coup. Mais il nous a fait faux-bond, mettant en péril notre entrevue. Après moult négociations, nous parvenons à monter sur une barque alors que le soleil commence à doucement te réchauffer.
Nous n’en croyons pas nos yeux : le spectacle que tu nous offres nous laisse bouches bées… »