Aventures d’Automne avec Mylo the Hylo
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C’est les vacances d’octobre. Au cours des dernières semaines, les feuilles sur les arbres se sont peu à peu parées des plus belles couleurs. Les températures ont chuté, et les bonnets et les écharpes ont remplacé les t-shirts et les shorts. L’automne est enfin arrivé ! Quel meilleur moyen de découvrir la beauté de ce pays que de faire un dernier road-trip dans ma Citroën Romahome Hylo, alias ‘Mylo the Hylo’. Toutes les deux, nous avons déjà vécu d’extraordinaires aventures cette année. Des vues à couper le souffle et de l’escalade dans le Lake District, des routes sinueuses et des plages perdues en Cornouailles, et des paillettes, déguisements et sottises lors d’un festival local. Mais cette fois-ci, le plaid à pique-nique, le barbecue et les serviettes de plages ont été remplacés par des couvertures, des chaussettes bien épaisses, et des bouillottes. Je commence ce trip, comme d’habitude, avec une tasse de thé, un plan, et un guide Lonely Planet sur les endroits à visiter au Royaume-Uni. Pour ce voyage, j’ai choisi le sud du Pays de Galles, la Péninsule de Gower en particulier. C’est un endroit où je suis souvent allée plus jeune, mais où je ne suis pas retournée depuis bien longtemps, même si ce n’est qu’à seulement deux heures de là où j’habite, à Bristol. N’ayant aucune idée de la couverture réseau sur la route, mon amie et moi griffonnons quelques indications sur notre itinéraire, le nom d’un camping, et un numéro de téléphone sur un bout de papier. Après avoir vérifié nos rations de survie (sachets de thé, papier toilette, musique), on décolle ! En passant devant les docks, les alignements de magnifiques maisons colorées, et sous le pont suspendu de Clifton, je me sens fière de ma ville. Nous filons sur l’autoroute, traversons le Severn Bridge, et quelques heures plus tard, nous nous frayons un chemin sur les routes sinueuses du Pays de Galles. Le paysage change radicalement, et nous sommes soudainement face à une magnifique vue de toutes petites maisons minières nichées dans les collines verdoyantes à perte de vue. D’immenses plages désertes constituent l’arrière-plan, et pour la première fois, nous apercevons la mer ; nous sommes presque arrivés ! Ou du moins…c’est ce que nous pensions. Nous sortons le bout de papier griffonné et essayons de faire sens des notes inscrites dessus. Nous sommes au beau milieu de nulle part, et l’instruction « tourner à droite à la poste » ne nous aide vraiment pas. Il est temps d’allumer Google Maps. Pendant une demie heure, nous fixons l’écran qui n’arrive pas à charger l’application, notre précieuse batterie de téléphone est en train de mourir lentement, et nous devons nous résoudre à l’évidence: nous sommes perdus. Nous nous garons sur le bas-côté et regardons la baie. Le soleil d’automne est bas, la marée aussi. Des silhouettes minuscules se baladent le long de la plage, laissant leurs empreintes dans le sable. On se rend compte que le camping est de l’autre côté de la baie, mais avec une telle vue, on s’en moque ! On décide alors de faire bouillir de l’eau pour le thé, et on se laisse absorber par la vue. Une heure plus tard, après avoir surfé sur les petits chemins, nous gravissons la colline jusqu’au camping. Une femme emmitouflée dans à peu près mille épaisseurs nous accueille d’un sourire radieux et nous demande, avec un fort accent Gallois, si nous voulons vraiment camper ici cette nuit. Nous réalisons alors que son commentaire d’adieu « vous êtes fous ! » est très juste lorsqu’une rafale de vent glacial manque de nous bousculer tout en bas de la colline. Heureusement que nous avons emporté plein de couvertures ! Nous ouvrons le toit, installons l’auvent, et ouvrons une bouteille de cidre en admirant les dunes et la plage. Après avoir repris notre souffle, nous entamons l’important processus d’enfilage des couches. Chaussettes épaisses, pulls en laine, manteaux waterproofs, nous sommes prêts à partir déguisés en Bibendum Michelin. Le soleil d’automne se couche sur la plage, les derniers maîtres promènent leurs chiens et, de temps en temps, leur lancent des bâtons pour leur plus grand plaisir. Des enfants se dandinent comme des étoiles de mer, rigides dans leurs tenues imperméables. Un groupe d’amis profite des derniers rayons de soleil et joue un match de cricket pas très acharné. Une odeur de feu de bois flotte dans l’air ; des campeurs courageux se préparent à s’installer pour une soirée sur la plage. Nous ne sommes pas aussi téméraires ! Nous escaladons une falaise et tombons nez à nez avec un pub plutôt en piteux état et aux fenêtres embuées. Nous ouvrons la porte ; la chaleur et l’odeur de la bière nous envahissent. Il n’y a quasiment plus de place à l’intérieur, mais nous nous faufilons jusqu’au bar, en essayant désespérément d’ôter toutes nos couches de vêtements. C’est soir de rugby à la télé : dans quelques minutes, le Pays de Galles va savoir s’il poursuit son chemin dans la Coupe du Monde. Malgré la défaite, l’ambiance reste étonnamment sympathique et joyeuse. Mon amie et moi dévorons notre fish and chips et savourons nos pintes de cidre, en regardant la lune miroiter sur la mer dans la baie. Nous entendons des bribes de conversation autour de nous, bercés par cet accent Gallois si doux, et je me sens vraiment heureuse de vivre dans un endroit aussi incroyable.
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– Lucie Trarieux –