Christophe Luez, le designer graphique à bicyclette
Polyvalent et passionné, Christophe Luez canalise son énergie et son imagination débordante dans des créations graphiques sensibles et intelligentes. A vélo, il arpente la France et mène une vie épicurienne faite de naturel et de témérité. Après plus de 8 ans de collaboration mutuelle, on prend plaisir à redécouvrir notre ami Chris en toute simplicité…
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Salut Chris ! On sait que tu es un peu « touche à tout » dans la vie de tous les jours. À quel moment as-tu su que tu devais te consacrer aux arts graphiques ?
Je dirais que comme tout gamin on m’a mis des Crayola entre les doigts à la maternelle et j’ai aimé ça. Cette voie s’est doucement imposée jusqu’à aujourd’hui, mais comme tu l’as dit je suis un peu « touche à tout » et je n’exclus pas de faire quelque chose de totalement différent à l’avenir, même si je reste fortement attiré par le travail des mains.
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Et si tu devais te reconvertir dans un métier sans rapport avec l’art, ce serait quoi ?
Je pense que je pourrais bosser dans le bois, genre ébéniste ou menuisier. J’ai quelques potes qui font ça et leur boulot m’impressionne beaucoup, ça donne vachement envie !
Sinon, j’aime bien me dépenser et être dehors, je suis d’ailleurs actuellement coursier à vélo le soir en plus de mon activité de graphiste, ça me fait trimer un peu, j’me vide la tête, c’est quelque chose dont j’ai besoin.
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On sait que tu as quelques tatouages, que représentent-ils pour toi ? Sont-ils issus de tes propres dessins ?
En effet, j’en ai quelques uns. Ils héritent de périodes ou événements qui m’ont -manifestement- marqué, j’en ai moi-même fait une grande partie avec les moyens du bord. C’est pas forcément hyper clean mais ça correspond au style de tatouages que j’apprécie ; du moins je m’en convaincs (rires). J’ai aussi comme tout le monde quelques tatouages « à la con » comme le « L-E-T-‘-S D-A-N-C-E » que j’me suis tatoué sur les orteils en référence à Bowie. Mais sinon oui, ils sont issus de mes dessins pour la plupart.
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Tu pourrais devenir tatoueur professionnel du coup ?
Ah non surtout pas ! Je ne tatoue que les potes et de toute façon je pense que je n’aurais jamais la précision et la patience qu’ont les tatoueurs, je laisse ça aux « vrais ».
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Ça fait 8 ans que tu bosses régulièrement avec Olow. Quel regard portes-tu sur la marque ?
Bientôt huit ouais ! Ça me fait marrer. J’ai eu la chance de suivre l’évolution de la marque depuis les touts débuts, à l’époque du logo avec les deux bâtons : un petit et un grand pour faire Valentin et Mathieu ! C’est une hyper belle évolution et un bel exemple de réussite. Content d’avoir pu suivre et de suivre encore aujourd’hui l’ascension de la marque et de mes potes pendant toutes ces années, c’est la famille maintenant !
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En 2013, tu as réalisé une des planchettes intitulée La Liporne. Peux-tu nous en parler un peu et nous expliquer la phrase que tu as mis au dos ?
Je ne peux pas te donner tous les détails je vais me mettre des gens à dos ! Mais, en gros, La Liporne c’est un porc déguisé en Licorne. C’est pour me moquer des gens qui veulent tellement se démarquer qu’ils ne ressemblent plus à rien, et plus à eux-mêmes, c’est surtout ça qui est triste. Je veux dire : ce n’est pas une corne frontale et une crinière arc-en ciel qui vont te transformer en licorne, au même titre qu’une paire de sneakers bariolées et des chaussettes cannabis achetées rue Tiquetonne ne vont pas te rendre plus cool.
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Racontes-nous un de tes meilleurs souvenirs avec nous.
Sans aucun doute le Picasso-tour 2010 ! Quand Olow n’avait pas d’agents commerciaux et qu’on devait démarcher nous mêmes tous les shops, Un mois à cruiser sur les côtes françaises, avec les campings à l’arrache et le vieux portant de sapes qui perdait une roue toutes les semaines (sur 4 semaines je vous laisse faire le calcul). On s’est bien marrés, c’était la débrouille ! Je dois avoir quelques images au fond d’un disque dur, il faudrait que je ressorte ça !
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Il paraît qu’il t’arrive de voyager à vélo, une anecdote à raconter ?
Il y en a beaucoup et les meilleures ne sont peut-être pas adaptées au contexte ! Mais beaucoup de moments sont vraiment beaux à vivre : rouler dans du brouillard tellement épais que tu ne vois plus ta roue avant, complètement paumé entre Paris et Bruxelles avec le petit frère qui braille parce qu’il a les deux genoux en feu, se retrouver en haut d’une montagne le ventre creux quelque part entre Poule-les-Écharmaux et Saint-Nizier-D’Azèrgues et se régaler des dernières minutes de soleil qui éclairent la vallée… ou se baigner dans des petits plans d’eau cachés entre Limoges et Clermont… Tout est beau à vélo !
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Selon toi, quelle musique représente le mieux Olow ?
Je dirais un mix entre Les Canned Heat pour l’amour du voyage et des grands espaces, Metallica pour faire plaiz’ à Mathieu et Dutronc pour la french touch !
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En ce moment tu es sur Bordeaux, pourquoi avoir choisi cette ville ?
L’année dernière, j’ai ressenti l’envie de connaitre autre chose que Paris, et même si j’ai grandi à la campagne dans la profonde banlieue, je suis tombé amoureux des grandes villes. Après Paris j’ai vécu quelques mois à Marseille, j’ai un peu chillé à Bruxelles aussi – j’ai failli y habiter d’ailleurs – mais un beau jour j’ai eu envie de poser un peu mes fesses et comme je connais bien la scène skate bordelaise je savais que je pouvais trouver un canap’ à squatter facilement.
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Quels sont tes projets à Bordeaux ?
J’ai depuis cet été (2016) installé mon atelier au sein de la Maison Burdigala, un nouveau lieu sur Bordeaux qui héberge une boutique et un atelier de vélo, un espace showroom et des bureaux à louer, c’est assez hétéroclite mais je suis entouré de sapes, de vélo et de pinceaux, tout ce que j’aime ! Je vais donc continuer mon aventure bordelaise « avec les gars de la maison », qui m’aident à développer mon projet et ma visibilité locale. (Merci à eux !)
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Si pendant une journée tout était possible, gratuit et légal que ferais-tu ?
Je ferais comme d’hab’ ! Un peu de dessin, quelques disques, quelques clopes, une petite balade à St-Mich’… Ce n’est pas trop un fantasme de tout pouvoir faire ou obtenir sans effort, on nous apprend depuis tout petit qu’il faut se friter avec le dragon avant de sauter la princesse, j’applique !
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Le mot de la fin ?
Un gros bisou à Valentin et Mathieu, heureux d’avoir fait tout ce chemin ensemble. Beaucoup de réussite et de fun aux deux gaillards, on se prend une mousse bientôt !
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