Tout à fait. Par ailleurs, le terme street-art n'existait pas dans ce temps-là, c'est une invention des maisons de ventes pour légitimer le travail des graffiti-artists auprès des amateurs d'art. Pour eux, le graffiti représentait les voyous, le ghetto, alors que le terme "street-art" était plus doux, plus facile à commercialiser. Mais effectivement, à l'époque, c'était un phénomène, un vaisseau spatial, qui nous nous a même valu une émission dédiée sur France 2 où l'on s'est vraiment sentis incompris dans notre travail.
Si l'on en revient à mes débuts, l'inspiration était purement vandale. Quand tu rencontrais les autres pionniers de la culture hip-hop à La Chapelle ou Stalingrad, ils te disaient de rester très underground. Pour se faire reconnaître et respecter, il fallait passer par la visibilité et surtout la rue. Pas de commissions à ce moment, l'objectif était de rencontrer les grands, les plus vieux du mouvement. C'est comme ça que j'ai rencontré Joey et sa bande, qui ont formé NTM, un collectif qui, à ses débuts, était fondé sur le graffiti. Le mouvement rap français est arrivé bien plus tard. À cette période, je tagguais partout où j'allais et je me suis dégoté mon premier black book pour réaliser mes premières esquisses. Je vais ensuite presque tout apprendre auprès de Mode 2, le pionnier du graffiti parisien. Il a été une sorte de mentor pour mon éducation artistique, toujours très fédérateur et inspirant.