Eagles Gift, cadeau halluciné
Sensibles aux rêves d’une Amérique moite et troublée, les angevins de Eagles Gift savent pourquoi il fait bon vivre de rester accroché aux années hypnotiques et complexes, nées du LSD et d’autres drogues psychotiques, faites de mélodies longues et tortueuses tels que le wah-wah et la distorsion. Le rock psychédélique est en voie de disparition. Il est si rare de le voir renaitre ou même se réinventer en France, tant Tame Impala écrase le monde de ses fantasmes. Les années 60 étaient bénies du ciel, en plein boom hallucinatoire, et offraient des noms les plus improbables. Des groupes comme 13th Floor Elevators, The Byrds ou même Love inondent les cervelles de jeunes ultra-heureux et ultra-enfumés. Le post-punk arrive alors, Echo & The Bunnymen et Siouxsie and the Banshees sont tout aussi aptes à la transe, en totales égéries, carrément conscients de leur état second. Mais bon, il est déjà trop tard. Le genre est en marche, reclus et mal-aimé. Il reste tout de même bien têtu, des années après, et continue d’embrouiller l’esprit de petites cervelles parfaitement influençables.
Chacun était à sa place, jouait de temps en temps avec l’autre jusqu’à ce que Eagles Gift se forme. « Nous avions partagé plusieurs fois des scènes avec nos différents projets musicaux. Au début, le groupe devait être un « one shoot » pour faire le Lévitation puis ça a plu très vite donc on a tenté l’expérience. » Puis tout s’enchaine à une vitesse folle : de petits concert dans des salles combles, de l’intelligence dans l’écriture, des pléiades de bons sentiments, de l’intérêt unanime. Rom et Stw à la guitare, Chris à la basse, Hugo à la batterie et Simon au clavier. Et tous au chant, plus ou mois. 5 bonhommes qui continuent à courir : un premier album incroyable, une virée sur la terre promise et un deuxième album en route, enregistré avec Brett Orisson (technicien son des Black Angels) : « L’enregistrement s’est fait assez rapidement et surtout la nuit car Brett arrivait des US et avait un rythme complètement décalé. Nous avions une petite semaine devant nous. »
C’est sur l’incroyable scène de l’Austin Psych Fest, délocalisé à Angers et nommé Levitation Festival, que les Eagles Gift se font connaître en scellant définitivement leur projet. Mais aussi grâce aux américains de The Black Angels, qui ont eu un très bon flair : « La rencontre avec les Black Angles au Lévitation nous a permis entre autre de prendre contact avec Brett et surtout d’aller jouer pour le Austin Psych Fest », me dit Hugo. « Notre concert à Austin s’est super bien passé, le niveau des groupes Américains était de taille mais nous ne sommes pas passé à travers, le public a bien réagi. C’était assez inhabituel de partager les canaps’ avec des groupes comme Dandy Warhol, La Femme, etc. »
Que bruissent les sons, qu’ils s’allongent et qu’ils rebondissent. J’aime l’ampleur de « Supernatural NZ », les échos de guitare et les chants torturés. J’aime la Louisiane, les marécages, les bicoques délabrés, les moucherons qui piquent et True Detective. J’aime aussi les babas, le « peace », le califourchon, les foulards, les torses fumants et le brin d’herbe dans les dents. Et même si ces images m’exaspèrent, je préfère vous dire que Eagles Gift n’est pas cliché. LOVE.
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Retrouvez toute l’actualité de Eagles Gift sur leur site officiel et leur Facebook, et merci à Hugo pour son aide.
© Julien Catala