Ecosse / Tempête, whisky et monstre
04 Décembre 2013 – On part en pleine nuit, quelques heures de route pour rejoindre Beauvais. L’avion cheap de la compagnie la plus cheap part à l’aube. Direction Edimbourg. Le vol se passe sans encombres malgré mon mal de l’air toujours évident. Au premier pied par terre, mes orteils sentent le changement de température. Perte sèche d’environ 10 degrés. Le bus nous jette au pied du grand marché de Noël, juste à côté d’un mec en Kilt qui joue de la cornemuse – J’avoue c’est cliché, mais bon on aime bien ça aussi – . Après quelques flânerie en dessous de la Grande roue, autour de la patinoire, et dans des odeurs de saucisse et de vin chaud, on se décide à aller poser nos valises. Après une bonne dizaine de minutes d’attente, le paki qui tient l’auberge nous ouvre enfin. La chambre est cool, et coûte vraiment pas une thune. La soif tiraille, on part errer en direction du port. Un mec dans la rue, nous conseille d’aller voir au Nobles, un bar dans le quartier de Leith. Ambiance maritime, le patron cheveux gominés et t-shirt Top Gun nous sert une Guiness et quelques apéritifs… Au programme ce soir, « concert-salon » ! Deux mecs moustachus avec gratte et banjo jouent à leur sauce des reprises blues et folk ! On mange de la terrine de canard, et on se retape un demi litre… Un client bedonnant assis au bar va chercher sa basse dans sa caisse ! Les mecs jouent à la cool, rigolent et picolent ! L’ambiance est détendu comme à la maison. On boit un dernier verre pour se donner le courage d’affronter le chemin de retour froid et venteux. Nuit.
Au réveil, le vent souffle violemment, les arbres se plient, des câbles d’électricité flottent dans l’air. Pendant le ptit dej, on nous apprend qu’une forte tempête est passée sur l’Ecosse privant 100 000 foyers de chauffage et d’électricité. Des rafales jusqu’à 220 km/H ont balayés le pays…On se ballade emmitouflé dans les rues glaciales, en s’arrêtant tous les 100 mètres pour se réchauffer… La ville est plutôt riche, y’a un château, des galeries originales, des grosses enseignes, des bons restaus, des bâtiments historiques proprets, des boutiques de créateurs qui offrent du champagne à leur client, des mecs qui sculptent la glace…Bref tout va bien ! Après 7heures de marches intensives, à découvrir les coins et les recoin, on finit le périple en se perdant dans une sorte de petit village aux allures alpines… Le triste panini de ce midi est loin. On trouve un resto cher et infecte où on englouti pourtant de bon cœur les kilos de gras fris qu’ils nous servent et quelques verres de vins. Pour changer, on rentre à pied, la tête tournante et les pieds défoncés.
Réveil 8h du mat, petit dej rapide, et enfin mon dépucelage sur la conduite à gauche. Direction Glasgow à environ 80 bornes… Malgré quelques coups de klaxon et 2-3 frayeurs, le trajet se fait sans encombres… On gare la caisse, prend un petit encas, poste 2-3 merdes sur les réseaux sociaux, et une petite marche digestive dans le centre. Contrairement à ce qu’on nous avait dit, la ville est assez attractive et on y aurait bien séjourné quelques jours.
Timing plutôt short. Direction le Loch Lomond…pour logiquement 1H30 de route. Dans 2 heures il fait déjà nuit. Petite route sinueuse, jonchée d’arbres déracinés, des moutons à perte de vue…La nuit tombe violemment, on demande conseil à une gamine de douze ans pour trouver une auberge…Elle nous envoie au milieu de nulle part…On est perdu…On continu de rouler…Nuit noire…On arrive enfin devant une auberge, au pied du lac. Il fait 1 ou 2°c. Il est 16h30…A la réception on nous annonce qu’il n’y a ni chauffage ni électricité dans les chambres à cause de la tempête…mais que ça sera probablement réparé ce soir…On se pose sur le lit froid dans l’obscurité…Et puis on finit au bar de l’auberge… La déco est vraiment cool. Y’a plein de vieilles photos du lac, des animaux empaillés, des armes et une cheminée où brûle gentiment quelques bûches… Après 2 pintes chacun sans rien dans le bide, on est suffisamment réchauffé et prêt à manger. Il est 18h et on est complètement éméché quand on commence une sorte de soufflé au bœuf (qui a le même gout ni plus ni moins que le bœuf bourguignon). On a l’œil heureux, bercé par le crépitement du feu. Un petit groupe débarque avec des chiens et des lampes frontales… On se finit par des verres de whisky du coin… On sort il pleut…Je ronfle bruyamment jusqu’au matin.
Réveil devant le lac, majestueux… Petit déjeuner gargantuesque. Départ pour Inverness… La Route A82 qu’on voulait prendre est fermé depuis la tempête…On se décide à prendre la A9, plus courte mais un peu moins glamour. Estimation du temps, 3h45 de route… Sereins, on y sera en début d’aprem…Je zigzagues entre les arbres couchés, les moutons, et des vaches à poils long…Arrêt rapide à Perth, café, encas. Plus on roule, plus le paysage devient blanc et désertique. On fait une petite halte pour marcher, et manger les deux trois trucs qu’on a ramené…Y’a un camping, des caravanes, tout est vide et enneigé…On reprend la route, roule, roule…les vents sont violents, je lève le pied…La trajet est infini entre ces montagnes..Il fait nuit noire, je fais des pauses exténués toute les demi heures…
Enfin Inverness, il est 18h passé. On pose la caisse et va toquer à l’auberge qu’on a réservé. Une femme blonde à la carcasse plus qu’imposante nous ouvre la porte. Elle doit avoir dans les 60 ans. Elle dit qu’elle ne travaille pas ici, mais nous file quand même les clés d’une chambre au RDC. Y’a des factures qui trainent partout. La chambre est spartiate et un peu miteuse. Pas de serviette ni de lit double. Pas grave on s’en contentera vu l’état de fatigue. On appelle quand même le patron au téléphone pour savoir comment on paye…Il nous dit de laisser la thune dans la commande, et qu’il passera chercher ça dans la soirée…On part arpenter la ville. Pas grand-chose à faire ici. On va prendre une bière dans un bar bondé. Y’a un groupe de 4 mecs entre 60 et 80 ans qui jouent des vieilles reprises rock. Un mec nous allepague et nous demande tout de suite d’où on vient. Il est completement arraché comme 99% des gens dans ce bar. Ca gueule ça danse…On prend à picoler et bois à grosse gorgée. C’est un joyeux bordel. Y’a des femmes agées avec des tatouages sur les bras, des vieux qui draguent des ptites pouf’ de 18 ans, tout va bien. Après quelques verres, on commence à trouver tout le monde sympa…On danse, on boit, danse…Retour à l’auberge. On cuisine du riz et quelques tranches de poulet. On est seul dans l’auberge. Y’a juste la femme qui nous a ouvert la porte qui semble être dans l’autre cuisine, celle de l’étage. Elle se met à chanter, enfin à crier…Crier comme j’ai rarement entendu…Les minutes passent… Je dis à ma copine « Elle doit avoir un problème psychologique »…Le vent souffle dehors…Je commence à ronfler…
Réveil 9h, la porte de la chambre est bloquée avec une chaise. Ma copine a pas dormi de la nuit…La femme s’est engueulé avec un mec une partie de la nuit, et puis après y’avait les bruits sur la vitre, la porte qui ferme pas, les bruits de pas dans l’entrée et puis le psychotage… Il pleut, on prend la route vers Le Loch Ness… Pas de monstre à l’horizon, mais un brouillard assez dense, et un paysage assez flippant. C’est là que naissent les légendes… On fait une petite marche dans la foret et sur la plage de caillasse. Toujours des moutons, du froid, de la pluie… Nous remontons dans la voiture bien trempé…Il est temps de rentrer sur Edimbourg. La route est à couper le souffle. Des lacs, des montagne, des moutons, des châteaux. Personne à l’horizon. Y’a quelque chose ici comme le « berceau de l’humanité », quelque chose proche de Jurassic Park.
Arrivée + vin chaud + bouffe indienne.
Départ 3h30 du matin pour aller à l’aéroport… On débarque en France crevé mais plein d’images inimaginables dans la tête, on dégèle la bonne vieille Twingo, elle broute, impossible d’accélérer, on rentre à 50km/h
Valentin Porcher