Félix Elvis, le « raconteur » d’images
Globe-trotteur, pro’ du cinéma, photographe et coordinateur de projets innovants, Félix Elvis est une douce fusion artistique. Issu d’une formation en audiovisuel, ce jeune parisien se plaît à figer la beauté des paysages qu’il traverse le temps d’un voyage. À l’occasion de sa collaboration avec OLOW pour la collection automne-hiver 2015 « Baie des fumées », nous l’avons rencontré pour en connaître un peu plus sur sa démarche artistique…
Salut Félix, en essayant d’en apprendre un peu sur toi, on se rend tout de suite compte de ta polyvalence dans le domaine de l’art. Pour commencer, est-ce que tu pourrais te définir ? Quel statut te donnes-tu ?
Je ne sais pas trop si je peux me donner un statut. Je raconte des histoires depuis vachement longtemps que ce soit par écrit, avec les jeux vidéos quand j’étais au lycée ou ensuite avec le cinéma au cours de mes études. Maintenant, je fais de la bande-dessinée mais le fil rouge c’est toujours de raconter des histoires. Quand je fais de la photo je pense que c’est la même chose. Je suis un peu un « raconteur ».
À la base, tu es un professionnel de l’image animée. Qu’est-ce qui te plaît dans l’image fixe ?
C’est différent. Pour le cinéma, il faut tout inventer et construire à l’avance ; il faut écrire et penser à plein de choses. La photo pour moi c’est plutôt aller me balader, voir ce qu’il y a autour de moi et vivre l’instant. C’est complément différent dans la démarche. Après, je pense que j’ai fait de la photo aussi parce que ça m’aidait pour le cinéma, pour savoir comment filmer les gens.
Quand on se balade sur ton blog, on commence à voir quelques visages mais la plupart du temps ce sont des photos de paysages et d’étendues vides. Pourquoi préfères-tu le paysage au portrait ?
Je pense que je suis plus à l’aise avec les paysages. Je prends vachement de photos quand je voyage et du coup il y a assez peu de clichés urbains. Quand je prends une photo c’est qu’il y a quelque chose qui se passe. Ça peut être entre la lumière et le paysage ou quoi que ce soit qui fait qu’il y a un truc qui se passe. À ce moment là, je me dis « il faut que je prenne une photo, ce truc est trop cool, il faut que je le partage ». Du coup, c’est souvent des paysages un peu vides.
Tes prises de vue sont donc toujours spontanées ? Tu ne prépares rien à l’avance ?
J’essaye de ne pas faire ça. Quand je me dis qu’il faut que je revienne pour prendre une photo généralement je n’y vais pas ou alors quand je reviens je suis déçu car ça a changé, la lumière n’est plus la même.
On retrouve une de tes photos sur le tee-shirt ICELAND BALL de la collection automne-hiver 2015 de OLOW. Comment as-tu vécu l’expérience ?
J’ai trouvé ça assez chouette de faire une collection sur l’Islande parce que je n’avais jamais vu ça avant. Ce pays m’a trop marqué, j’aimerais vraiment y retourner un jour. Ça m’a vraiment fait hyper plaisir qu’on s’intéresse à mes photos.
Pour toi, que raconte ce panier de basket perdu au milieu de la nature ?
Je trouvais ça un peu incongru et plutôt drôle car à la base il y a des trucs de l’autre côté de la photo. Là, on a l’impression qu’il est vraiment perdu entre les montagnes. Ce qui est vraiment marrant c’est que je suis resté 3 jours dans ce lieu et je n’ai vu personne jouer au basket. C’est en plein milieu de l’Islande, derrière des falaises où il n’y a personne. C’est cette histoire de contrastes qui m’a plu.
Comment as-tu vécu ce moment d’évasion en Islande ?
C’était un peu l’aventure. Je voyage toujours avec ma copine et là c’était notre premier grand voyage. On s’est vite rendu compte qu’il fallait toujours avoir plein de nourriture sur soi car là-bas tu peux acheter de la bouffe nulle part. Tu passes rarement par des villes ou alors c’est quand tu prends le car. On s’est retrouvé dans le mauvais gîte, un truc abandonné entre les montagnes, car il faisait nuit et qu’il y avait une tempête. Là-bas, les paysages donnent l’impression qu’on est sur une autre planète, ça change toutes les 5 minutes. C’était vraiment marquant.
Un spot particulier pour admirer le paysage en terre de feu et glace ?
Je pense à ce gîte abandonné car il y a toute une histoire derrière. Mais, finalement, c’est toutes les photos. J’en ai peu car je bosse en argentique donc chaque photo est précieuse et reflète des moments auxquels je tiens. C’est aussi pour ça que j’aime travailler en argentique : je ne me retrouve pas avec mille photos à trier. Là, chaque photo veut dire quelque chose.
Finalement l’argentique correspond bien à ton idée de capturer l’instant présent. Avais-tu quand même essayé le numérique avant ?
En fait, j’ai acheté un numérique il y a quelques temps car je voulais réessayer. L’argentique était frustrant car il y avait des photos ratées. Malheureusement, j’ai réalisé qu’avec le numérique je me retrouvais à prendre pleins de photos au même moment ou alors que je prenais des photos neutres pour pouvoir bien les retoucher après. Donc je préfère prendre des photos en argentique même s’il y en a beaucoup moins. Elles ne sont presque pas retouchées. Je modifie parfois un peu le contraste mais ce que je préfère c’est choisir les pellicules en amont. Je choisis les filtres pour savoir un peu quel ton mes photos vont avoir. Généralement, ce sont les seules retouches que j’effectue. C’est ce que j’aime avec l’argentique ; je ne ressens pas le besoin de retoucher.
Quel sera le prochain pays à passer sous l’œil de ton objectif ?
Bonne question ! Ça pourrait être la Chine, La Louisiane ou les États-Unis de manière générale. Le sud de la France m’intéresse aussi beaucoup. Mon dernier voyage était au Québec. C’était vraiment super cool.
Mise à part des clichés magnifiques, que t’apportent tous ces voyages ?
De la réflexion. Quand je voyage je n’utilise ni mon téléphone portable, ni mon ordi, ni mon GPS. C’est plutôt drôle d’utiliser des cartes et d’être coupé du monde pendant quelques jours ou semaines. Ça permet de réfléchir à beaucoup de choses ; je prends généralement pas mal de décisions quand je voyage. Ça me motive à fond pour la suite à chaque fois. Mes voyages influencent tous mes projets ; ils me permettent de rencontrer plein de gens et de voir des choses nouvelles.
Et donc, au niveau de tes projets, quel est le programme 2016 ?
Je suis en train de monter ma boîte pour faire de la bande-dessinée numérique pour les téléphones portables. Elle s’appelle Atelier Capsule, je bosse dessus depuis un an et l’année prochaine sera consacrée à ça encore. Et aux voyages bien sûr !
Merci à Félix pour ses réponses.
Vous pouvez dès à présent retrouver ses clichés sur son site officiel et sur Instagram avec son projet de photos sous-titrées pour malentendants, « puisqu’on l’est tous devant une photo ».
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Marion.