Fogh Depot, sous l’ombre du jazz
Il suffit d’un nez pour humer l’odeur d’un parfum. Il suffit d’un gastronome pour dépecer la finesse d’un plat. Il suffit d’un amoureux pour s’extasier devant l’amour. Il suffit d’un mélomane pour s’enivrer à l’humeur des notes. Oui, il suffit d’un réflexe pour apprécier, qualifier ou même juger ce pour quoi on se lève le matin. Sinon, par ici la sortie, dernier caveau à droite.
On dit que l’essentiel se trouve dans peu de choses. Tandis que la curiosité, elle, se trouve dans trop de choses, c’est celle qui s’affole sur les réseaux sociaux et qui se mute en voyeurisme dès que l’occasion se présente. Mais sa finalité, aussi abstraite soit-elle sur le moment, reste avant tout saine et équilibré. Tiens, ce n’était pas plus tard qu’hier, douze heures après avoir décimé les 1000 photos de 365 amis virtuels, je me suis résinier à jeter un œil furtif sur les messages que ma boite mail dégueulait. Ce fut la décision la plus sage et intelligente de ma journée : Fogh Depot est apparu comme le messie, avec son gros mélange de belles musiques et de boursouflures analogiques.
Vous connaissez Moscou et sa montée record de mercure, sa neige qui toque comme la grêle et ses coupoles multicolores. On connait aussi sa polka, ses chapkas et ses mots en ka. On ne connait pas son jazz. Non, on a l’habitude des grands new-yorkais, des compétitions de trompettes et des films comme Whiplash. Quand « Sagittarius » a frétillé dans mes esgourdes, mon subconscient, lui, a décidé de foutre le camp en me laissant seul avec mes interrogations. Qu’est-ce remue-méninges ? Un coup de génie ou une fine diablerie ? Avec son allure de créature mythologique (qu’il n’a pas usurpée), « Sagittarius » vient du tréfonds du jazz, de son côté obscur pour parler sciemment. C’est comme si, dans le plus grand des hasards, The Haxan Cloak avait pris le thé avec Cal Tjader dans le quartier de Williamsburg pour croiser ensuite Wax Tailor, très mal en point, au détour d’une rue délabrée. Ironie du sort, l’accent français de ce dernier fut si pénible à entendre qu’ils décidèrent de le soudoyer. Résultat : un quart d’hip-hop urbain bien mérité, qu’ils refourguèrent ensuite aux trois brigands russes.
Tout est raffiné chez Fogh Depot. Tout est noir et acide. On rêve alors d’une Russie puissante qui résiste à la masse de musique fade et vénale, en oubliant presque leur us et coutumes pour la danse acrobatique et l’eau-de-vie à 40 degrés.
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