ITW OF FABIO RAFFAELI – Olow Italy
Interviewer Fabio Raffaeli, le boss de notre agence de distribution italienne, c’est un peu comme poser des questions à l’encyclopédie de la culture street. En plus de Flower Distribution, il a son propre magasin à Turin, Hannibal Store, organise des évènements et vient juste de lancer un magazine !
Salut Fabio, comment ça va depuis le Capsule Berlin?
Salut. Tout d’abord merci pour l’introduction. Je suis honoré. Depuis Berlin, j’ai travaillé sur la saison FW13, la stratégie marketing de notre marque de jeans « We Make Super Denim » ainsi que sur la sélection printemps-été de mon magasin Hannibal. Je bosse également sur le nouveau concept store que nous ouvrirons en septembre.
On va commencer par un ptit historique. Avant de créer Flower distribution et Hannibal store, tu faisais quoi ?
J’ai étudié aux Etats-Unis où j’ai découvert l’industrie du skate. C’était en 91/92, à l’époque de « Boyz in the hood ». Peu de temps après j’ai découvert la scène punk/hardcore, des concepts comme le Straight edge, le végétalisme et autres. J’ai terminé mes études en Angleterre et j’ai bossé dans le marketing à Las Vegas. En 1998, j’ai lancé ma propre marque de vêtements appelée Eblood, qui était en quelques sortes la première marque liée à la scène hardcore. L’entreprise s’est vite développée en Italie et grâce au réseau que je me suis fait via les salons pendant toutes ces années j’ai commencé à distribuer d’autres marques de street wear. En 2005, j’ai ouvert Hannibal Store et j’ai développé la distribution d’autres marques.
Toi qui est dans le secteur depuis longtemps, tu dois avoir des tonnes de choses à raconter. Est ce que y’a une personne / anecdote qui t’as particulièrement marquée?
Quand j’ai commencé à vendre ma marque, j’avais vraiment peu d’argent donc j’ai vécu dans ma voiture pendant 2 ans pour faire connaître la marque de ville en ville, à travers l’Europe. Je me rappelle d’une fois où j’ai donné rendez-vous à mes parents sur une autoroute en plein milieu de l’Italie et ils m’avaient acheté un plat végétalien chaud et une nouvelle couverture. C’était l’hiver, il faisait froid et je me lavais dans des stations services. Mais pas une seconde je n’ai pensé que c’était difficile. C’était l’époque la plus libérée et libératrice de ma vie.
Quelles sont pour toi les différences fondamentales entre le secteur aujourd’hui et il y a 10 ans…
A l’époque aucun magasin n’avait de site internet. Pas de smartphone, de GPS pour te guider. Donc en gros je voyageais de ville en ville, essayait de trouver un spot de skateurs et leur demandais s’ils connaissaient des magasins cools dans le coin. J’avais 20 ans et je démarchais pour ma marque de street wear qui était alors composée de baggy, de t-shirts et de sweats à capuche. Ce qui est dingue, c’est qu’à l’époque, les magasins passaient des commandes du style 10s 10m 10l 10xl par modèle et par couleur. Impossible aujourd’hui avec le million de marques sur le marché, plus les shops en ligne qui sont dispo 24/7.
La crise a touchée de plein fouet l’Europe et en particulier l’Italie, peux tu me parler un peu de la situation générale, de ce que vivent les gens au jour le jour et des problèmes que vous rencontrez sur le secteur.
Les choses sont effrayantes ici. Les médias terrorisent l’opinion publique. Hier j’ai lu un article sur des statistiques qui montraient que 30 000 magasins allaient fermer dans les 3 prochains mois. L’Italie n’a aucune stabilité politique et c’est plutôt une blague depuis 20 ans. Les gens sont effrayés de perdre le peu qu’ils ont. Ils ne veulent pas devenir la nouvelle Grèce ou Chypre. On a vécu un changement brutal mais je pense que ce changement est favorable. Dans ces moments là, les gens se recentrent sur l’essentiel. Les gens s’intéressent de plus en plus au développement durable, à l’agriculture locale, aux problèmes environnementaux et je suis persuadé que l’être humain sera s’adapter à cette situation critique et en tirer le meilleur.
En ce qui concerne notre secteur, je suis content de voir que les gens prennent les choses plus au sérieux. Impossible d’ouvrir un shop avec quelques milliers d’euros et de vendre des produits cools aussi facilement qu’avant. Il faut de vraies compétences, de la stratégie, des techniques de ventes innovantes, il faut voyager pour découvrir de nouvelles tendances et rester au cœur de la subculture. C’est ce qui fait que notre secteur est resté dynamique.
Pourquoi avoir décidé de lancer OLOW sur l’Italie ? Qu’est ce qui t’as plu dans la marque ?
J’ai tout de suite compris qu’OLOW était une marque authentique. Un bon logo, des goûts sûrs. J’ai découvert la marque la première fois sur le Bright il y a quelques saisons de ça. La collection est propre, fraîche et on sent vraiment ce côté authentique avec les collab. C’est une marque dans laquelle je crois.
Peux tu me présenter un peu Iconoclast , le magazine que t’as créé, et pourquoi t’as eu envi de te lancer dans cette nouvelle aventure…
The Iconoclast c’est mon projet photographique. C’est un peu comme un journal retraçant mes différents voyages. J’ai voyagé pour le travail, pour faire des recherches pour ma boîte et mes magasins, pour visiter mes deux princesses qui vivent en Finlande, pour en apprendre plus sur moi, comme un voyage spirituel. J’adore la photo et j’aime que mes photos soient controversées, ce qui est certainement dû à mon background punk. J’ai donc décidé de lancé un magazine maison qui au final a été super bien accueilli. J’ai photographié tous mes voyages à l’étranger de NYC à la Lituanie, en passant par la Pologne et Berlin. Des clochards, des amis, dans la rue, des nus… Tout ce qui m’a touché. Pas de photo studio, mais des photos de ma vie, en noir et blanc, rien de plus, rien de moins. Tout ce que j’ai vu sur la route, moche ou beau. Jetez un œil : www.theiconoclast.it
Parles moi un peu de tes autres projets/activités/passions…Je sais par exemple que tu organises de nombreuses d’expos, et que tu fais pas mal de photos
J’essaie de m’intéresser au max à tout ce qui est spirituel. Quand tu lis la pyramide de Maslow, l’estime de soi est au top de la pyramide. Je ne suis pas forcément d’accord. Je pense que la spiritualité est bien plus importante car c’est elle qui est à la base de nous souffrances. J’ai eu la chance de suivre Ray Cappo de Youth of Today en Inde, où j’ai appris beaucoup sur l’importance du Yoga et du mysticisme et ils ont aujourd’hui une place importante dans ma vie.
Pas besoin de s’écarter de la vie réelle pour être en contact avec ton toi intérieur. Tu peux travailler, faire de la photo, vendre des produits, être à fond dans ton job tout en gardant en tête ce qui est vraiment important. Cela me donne de la force.
Sur un plan plus commercial, nous organisons 4 fois par an des événements dans notre showroom de 350 m2, situé dans une vieille usine à bois où on mélange photo, dj, buffet végétalien et un bon karma. Vous être tous les bienvenus.
Tiens d’ailleurs, est ce que t’as un artiste italien dont tu aimes particulièrement le travail ?
Je suis très lié avec Fabrizio Sea Creative, qui est un des artistes les plus vieux d’Italie. Il a designé notre magasin pour son ouverture en 2005. C’est un mec génial, talentueux et humble.
Pour finir cet itw, un groupe de musique que t’aimerait nous faire découvrir ?
Wow, comment ne pas terminer cette interview avec Govinda de George Harrison. Peace.