ITW – Thoka Maer, illustrations digitales
Basée à New York, Thoka Maer crée des illustrations animées. Au crayon de bois ou bien colorisé de manière digitale, elle réalise des illustrations pour le print et le digital. La spectre de son travail s’étend de la figuration, au narratif ou encore à l’abstrait ou au surréalisme, cependant toujours avec le même coup de crayon…
Salut Thoka! Tu t’appelles réellement Thoka Maer ou est-ce ton pseudonyme d’illustratrice ?
Thoka Maer est mon nom d’artiste. Mon vrai nom est Lisette Berndt, un secret que je dévoile seulement maintenant. J’ai commencé à utiliser Thoka pour me libérer de toutes attentes artistiques que j’éprouvais face à mon travail pour des clients. Thoka Maer est beaucoup plus accommodante avec les envies des clients et trouve des compromis plus facilement, alors qu’en tant que Lisette, j’ai une vision et un langage plus motivés par des intérêts personnels. En aout 2016 j’étais artiste en résidence chez Mana Contemporary à Jersey City dans le New Jersey. Grace à cette résidence, j’ai eu l’opportunité de me plonger dans une production artistique en tant qu’artiste GIF Thoka Maer, me permettant de mélanger les deux identités et renoncer à cette séparation stricte. C’est amusant.
Tu es originaire de Berlin mais vis maintenant à New York ; que t’apportes cette ville professionnellement et personnellement parlant ?
Je viens en fait d’un tout petit village à 2 heures au Sud de Berlin, mais j’ai passé ma vingtaine à Berlin. C’est l’endroit idéal pour te trouver vu que la pression économique est relativement faible. Etudier là-bas était un rêve. Même si j’avais des boulots en permanence en tant qu’étudiante, il me restait quand même pas mal de temps libre pour me perdre dans mes projets d’école. Le temps passe beaucoup moins vite à Berlin, ce qui laisse place à l’expérimentation et à la contemplation, qui mènent a l’innovation.
Cependant, en tant que professionnelle, je voulais travailler dans un environnement au rythme beaucoup plus rapide, un endroit qui apprécie d’avantage le métier d’illustrateur et les nouveaux venus. New York me semblait parfait pour ça.
Tu crées beaucoup de GIF ; quand as-tu commencé à donner vie à tes illustrations ?
J’ai fait mon premier GIF en 2009, un lapin qui saute le long des rails d’une station de métro abandonnée.
Tu préfères créer avec des contours blancs plutôt que noirs ; est-ce un moyen d’aérer tes créations ?
Ce style a évolué assez naturellement depuis ma série de GIF « It’s No Biggie ». Quand j’ai crée mon premier GIF pour cette série, je devais trouver le moyen d’animer image par image, et ce processus à engendrer ce style. J’ai depuis essayé de le développer et je l’utilise dans mon travail d’illustration aussi.
Quel serait ton endroit idéal pour dessiner et créer ?
Je pense qu’un changement de décor régulier serait l’idéal. De New York City à une cabane dans les bois. Je pense que je trouverais de l’inspiration et pourrais travailler n’importe où à vrai dire.
Tu as exposé ton travail partout dans le monde ; comment prépares-tu une expo ? Montres-tu tes GIFs ?
Ce n’est que récemment que les endroits ont commencé à accepter, à contrecoeur, le GIF comme forme artistique. Giphy, avec Giphy Arts, essaie de changer la donne. Mais de manière générale, je pense que le monde de l’art n’a pas encore trouvé le moyen le plus efficace pour montrer le GIF art, vu que l’iPad reste toujours le moyen préféré. Les projections ou les écrans télé ne sont guère mieux. Mais le GIF art devient de plus en plus une partie fondamentale des arts médiatiques. Par exemple, le programme de résidence Mana BSMT a invité 5 artistes GIF (Zolloc, Julian Glander, Sam Cannon et Traceloops) ainsi que moi-même, afin de créer et d’extraire le GIF des écrans jusque dans le monde tridimensionnel. On a fait une expo chez Mana Contemporary nommée Surface en janvier 2017. Et là en Décembre on vient de la recréer à Miami durant Art Basel, nous faisions partie d’un impressionnant et divers groupe d’artistes. L’exposition s’appelait Flatland : A Journey of Many Dimensions, organisée par Grace Franck.
Quel est ton plus grand rêve en tant qu’illustratrice ? Et en tant que femme ?
En tant qu’illustratrice, je serai heureuse si je pouvais continuer à travailler comme je le fais en ce moment. J’ai des clients supers avec qui j’aime travailler et je bénéficie d’une immense liberté quant aux projets que j’entreprends.
En tant que professionnelle et être humain, je sens que j’ai envie de contribuer plus que des images au monde ; je cherche ce que cela pourrait être.
En tant que femme illustratrice, j’aimerais qu’on arrête de penser que l’adjectif « mignon » est celui qui me flatte le plus.
« En tant que femme, je veux la confiance en soi d’un homme blanc médiocre. » – La sagesse de l’Internet.
__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Plus d’info sur le travail de Thoka Maer sur son site web et son Instagram !