Le magicien Zimoun et son armée de petits bruits
À l’époque où ma gueule ressemblait à une page de braille, je pensais que les gifles que donnait Hélène à ses garçons étaient vraies. Je me souviens du « slash », sec et violent, et du « han » qui suivait. Et surtout, je ne comprenais pas pourquoi leur joue restait rose. J’avais pourtant fait le test sur mon frère, sans grand succès. Il devenait rouge et ses larmes n’en disaient pas plus. Avec l’âge, après des centaines d’heures passées devant des making of, j’ai compris assez vite que des bruits étaient fabriqués et collés sans complexe à l’image. Cette fumisterie m’a déçu, on m’avait tellement entubé. Le faux au-delà du vrai. Heureusement, les cascadeurs étaient là pour relever la barre. En attendant, Hélène donne toujours des fausses gifles. Mon frère, au moins, m’en a toujours donné des vraies.
Zimoun n’a rien à voir avec tout ça. Enfin, plus ou moins. Cet artiste suisse, communément décrit comme « sculpteur sonore », fabrique des sons plus sophistiqués, épurés et assurément plus recherchés. Pris un par un, ses bruits n’ont rien de particulier. Des tics et des tacs, des « zwouch » et des « paf », qui paraissent à première vue sans grand intérêt. Mais quand ils sont pris à la louche l’incroyable se produit. Issus d’un mécanisme et d’un rythme assez complexe, ils se mettent en marche, ensemble ou en canon, dans une immuabilité déconcertante. Leur ampleur est telle qu’on reste littéralement scotché à leurs travaux de petites fourmis. Leur mise en scène s’affirme dans l’acoustique d’une salle, d’un préau ou d’un hangar. Comme des pantins ultra-disciplinés, ils impressionnent par leur dextérité et leur simplicité. Puis l’hypnose s’enclenche, à force de répétition, plus vite que sous un pendule.
Comme une bande de supporters en rut, ces cartons et ces balles nous chantons le « tous ensemble » dans leur tribune, sautillants et vibrants, dans le simple but de nous émerveiller.
Retrouvez plus d’infos sur Zimoun par ici : www.zimoun.net