Les filles et les chiens à Ghent
Derrière « Les Filles et Les Chiens » se cache Helen, une illustratrice et rollergirl reconvertie en véritable business woman. En quelques années, elle a fait de sa boutique un lieu unique à Ghent, et sélectionne avec soin chaque saison des pièces originales et branchées. On y passe avec plaisir pour bavarder ou tout simplement pour y dénicher des vêtements pour hommes et femmes. Nous avons discuté avec Helen pour en savoir plus sur la création du concept store, en passant par quelques anecdotes et découvertes artistiques…
Salut Helen ! Est-ce que tu peux nous raconter un peu comment est née la boutique ?
Et bien… En fait, j’ai foncé dedans. Je suis membre du Ghent GoGo Rollergirls (une équipe de roller derby basée à Ghent) et il y a à peu près 5 ans, j’ai rencontré mon amie Barbara qui elle aussi était à un stade de sa vie professionnelle où elle voulait du changement. On parlait de mode, et quelques jours plus tard, je lui ai spontanément demandé si elle aimerait qu’on lance un truc ensemble. Et elle a accepté. À partir de là, on a commencé à chercher un endroit génial à Ghent. Notre première idée était de créer un magasin de chaussures, mais quand notre endroit actuel a attiré notre attention, on s’est rendues compte qu’il était trop grand pour y vendre uniquement des chaussures. Alors on a décidé d’en faire un concept store mode. Je n’aime pas trop ce terme de concept store, mais c’est le plus approprié! On se concentre essentiellement sur des vêtements homme et femme confortables et de bonne qualité. Comme on était deux filles dans un magasin aux allures romantiques, c’était assez difficile de commencer une collection homme. Mais on ne passait pas de grosses commandes, on y est allé doucement, et je dois dire qu’on est aujourd’hui un magasin connu et bien établi pour homme. On en est toujours pas à 50/50, mais il y en a assez pour que chaque homme y trouve son style.
Au fur et à mesure du temps, Barbara et moi nous sommes séparées en tant que partenaires, elle s’est lancée dans d’autres aventures. J’ai pris les commandes, et depuis 4 ans, Les Filles et Les Chiens marche du feu de Dieu. Je dois dire que ça n’a pas toujours été facile, mais j’adore gérer ce business donc, jusqu’à maintenant, j’ai affronté la tempête et je vais continuer pendant très, très longtemps.
Que faisais-tu avant de démarrer cette aventure ?
J’ai étudié le graphisme à l’académie d’art de Ghent, et après j’ai travaillé pour les supermarchés Colruyt dans leur secteur graphisme. C’est la bas que je me suis rendue compte que je n’étais pas faite pour la routine. Je suis partie six mois plus tard pour me lancer en tant que freelance dans le graphisme. Mais ce n’était toujours pas assez stimulant, et j’ai fini avec ma belle petite boutique.
« Les filles et les chiens » c’est un peu étrange comme nom pour une boutique de fringues ! Comment est-ce que tu l’as trouvé ?
C’est le titre d’une chanson de Jacques Brel. Ça fait aussi référence aux différences entre hommes et femmes, d’une manière humoristique. J’adore notre nom et notre logo. Mais c’est Barbara qui a trouvé le nom.
Quelles ont été tes inspirations pour l’aménagement et la déco de la boutique ?
La boutique ne nécessitait pas beaucoup de décoration car c’est une merveilleuse œuvre d’art en elle même. Toutes les portes et le plafond sont recouverts d’anciennes peintures. Parce que nous ne pouvions pas toucher aux murs pour cette raison, la décoration devait être blanche et uniquement sur roulettes, sinon elle aurait été en conflit avec toutes les peintures romantiques. Le logo a été créé par un ami qui a fait un boulot extraordinaire, je ne le changerai jamais. Les gens me complimentent toujours dessus.
Est-ce que tu as une petite anecdote qui t’a marquée depuis l’ouverture du shop ?
Ah… J’en ai pleins! Mais je vais en garder quelques unes pour moi. Il y en a UNE que je peux vous raconter que j’ai beaucoup aimée. Les cabines d’essayage sont en fait de grandes penderies (closets). Tout le monde sait ce que ça veut dire de « sortir du closet » (révéler son homosexualité). Alors un jour, un homme rentre dans une cabine/closet, et au moment où il en ressort, il a dévoilé son amour pour les hommes, et ça m’a beaucoup touché!
À chaque nouvelle saison, quels sont tes critères de sélection pour choisir les marques et les vêtements que tu souhaites proposer à tes clients ?
Je suis le genre de personne qui aime garder les mêmes marques que j’affectionne. Ça ne veut pas seulement dire de bonnes ventes, mais aussi un bon contact avec les distributeurs et la marque en elle même. Vu l’argent que je place dedans je trouve que c’est important d’être traitée justement et avec un respect mutuel. Pour être honnête beaucoup de distributeurs ne comprennent pas ça et j’arrête alors de travailler avec eux. Heureusement ça n’a pas eu lieu fréquemment. Au début, j’avais des marques plus coûteuses, mais elles ne se vendaient qu’en période de soldes, alors après quelques saisons, j’ai décidé de ne pas trop viser dans le haut de gamme. J’ai choisi de rester dans le milieu de gamme de bonne qualité. A partir de la ça a été une tendance a la hausse.
J’aime quand c’est fabriqué en Europe, comme OLOW et d’autres marques, mais ce n’est pas mon premier critère. Mais j’adore quand c’est le cas, et quand quelque chose a été fabriqué en Chine par exemple, je cherche a savoir si ça a été produit conformément a l’éthique. Les gens pensent que c’est important, et ils ont bien raison.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de distribuer OLOW chez Les filles et les chiens ?
Quand j’ai découvert OLOW j’ai voulu passer commande instantanément. J’aimais le style, les couleurs, et le fait que vous travailliez avec des jeunes artistes en devenir est très cool. Ça me touche car je suis moi même illustratrice.
Si tu devais résumer le shop en trois mots, lesquels tu choisirais ?
Du fond du cœur.
Est-ce qu’il t’arrive d’exposer des artistes dans le shop ou de faire des petites soirées ?
Oui, nous faisons des ventes tard le soir quelques fois par an, on peut aussi louer la boutique pour des événements type analyse de couleurs et de styles. Concernant l’art, j’ai travaillé avec Avandgant, deux super photographes, avec Aft, un streetartist, et avec Toon Delanote, un illustrateur de Ghent. De plus j’accroche et vends mes propres œuvres de temps en temps.
Concernant tes projets, est-ce que tu songes à ouvrir un site e-commerce pour développer la boutique ?
J’ai essayé une fois, mais c’était un travail de malade! Et je n’ai pas vraiment aimé, je ne veux dépenser mon énergie que pour les choses que j’aime faire. Je n’aime pas du tout gérer un webshop, alors pourquoi j’y perdrais mon temps! Les gens aiment venir dans mon magasin pour le lieu, et la musique de Parov Stellar qui y tourne en boucle. Il y a une atmosphère spéciale dedans, de bonnes vibes et tu ne peux pas ressentir ça derrière ton ordinateur.
Si tu devais nous parler d’un artiste du coin, qui aurais-tu envie de nous faire découvrir ?
Les mecs de chez Punctum, un tattooshop assez nouveau a Ghent. Je suis une sorte d’apprentie là-bas maintenant et je respecte leur travail. Allez regarder leur page Facebook, ils ont un style graphic très cool.
Pour finir, est-ce que tu peux nous filer deux ou trois adresses où tu aimes bien traîner à Ghent ?
Ghent est une petite ville, magnifique et accueillante. Vous pouvez y trouver pleins de beaux vieux bâtiments et un super spot près de l’eau: Graslei. Tout le monde traine la bas en été, avec une bouteille de vin. Pour le reste, je recommande tous les petits fashionshops, mes collègues dans le commerce de détail, je les aime tous. On est tous ensemble dans cette aventure, a se battre contre les grandes chaînes de magasins.
Merci à Helen.
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Crédit photo : Helen Wouters
– L.K –