ITW – Lucie Bernheim, une amoureuse du bois
Passionnée par l’artisanat et adepte d’un mode de vie éco friendly, Lucie Bernheim a créé Atelier LB, un projet ambitieux qui traite le bois avec amour. Pleine d’énergie et d’imagination, Lucie réalise des meubles et autres objets en bois à partir de meubles d’occasion qu’elle modifiera ensuite pour réaliser l’ensemble de ces productions avec ce principe de recyclage.
Complètement en accord avec le projet, nous exposons les lampes de Lucie dans notre shop parisien. Curieux de sa démarche, nous avons souhaité lui poser quelques questions…
Hello Lucie ! Tu as débuté par des lampes en bois et tu commences tout juste à diversifier ta production… Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton projet ?
Tout d’abord, mes créations sont réalisées à partir de réutilisation de bois massif de meubles d’occasion ou l’utilisation de chutes de bois provenant d’ateliers ou usines. Toute la production s’effectue autour du recyclage : les meubles sont débités afin de créer du mobilier de maison, les chutes de ceux-ci sont utilisées pour créer des petits objets de décoration et les copeaux engendrés se retrouvent dans des boules en verre à l’occasion des fêtes de fin d’année.
Mon projet est de continuer sur cette voie en élaborant plusieurs gammes de mobilier : continuer la collection Rita avec plusieurs modèles de tables et de tabourets, mais aussi développer une gamme de meubles de rangement. Les chutes résultant de ces créations seront gardées afin de créer des objets de décoration sur commande ou en vente lors des fêtes de fin d’année.
Pourquoi l’artisanat et surtout pourquoi vouloir travailler le bois ?
J’ai choisi l’artisanat par passion. Après une réorientation scolaire tardive, j’ai effectué une formation professionnelle à l’Ecole Boulle. Cette première année dans l’ébénisterie fut une révélation. J’ai continué ma formation tout en créant mon atelier en parallèle.
Pour moi, le bois représente la force, la stabilité, mais aussi la douceur et la sensualité. Je retrouve cela dans son aspect esthétique avec ses différentes teintes et ses défauts (nœuds, veines, aubier, etc.) mais aussi au toucher et à l’odeur. Avec l’utilisation de bois recyclé, j’aime imaginer le parcours de ces morceaux de bois entre les générations et éviter l’abattage inutile des arbres.
Photo par Luc Almon
Comment procèdes-tu pour créer ? Tu as ton propre atelier à Paris ?
Mon atelier est situé à Paris. Je partage un local avec deux autres artisans.
Il n’y a pas vraiment de procédure de création. Tout dépend des meubles d’occasion que j’achète et des défauts qu’ils comportent. La production d’un meuble se déroule sur plusieurs jours. Il y a d’abord la recherche, l’achat et le transport de meubles d’occasion. En fonction de mes trouvailles, j’élabore des croquis et des plans de mes futures créations puis vient le débit, le rabotage, l’assemblage, le ponçage et les finitions. Ensuite, au vu des chutes de bois récupérées j’imagine des objets de décoration. C’est pour cette raison que chaque pièce est unique et ne peut être reproduite à l’identique.
Comment en es-tu arrivé au constat que tu voulais faire de ton métier la création ?
Les choses se sont déroulées très naturellement. Je pense que lorsque la passion guide notre travail, toutes les créations se font instinctivement. Le choix de ma logique écologique de production était en accord avec mon style de vie et mes convictions personnelles. L’achat de meubles d’occasions et ce « bio-design » me contraignent à créer sans gâcher et à garder la matière brute dans son intégralité. La création autour de ce concept est alors inévitable.
Photo par Luc Almon
L’ébénisterie, c’est souvent perçu comme un métier d’homme. Tu le vis comment au quotidien ?
Très bonne question ! Je suis justement en train de rédiger un petit article à ce sujet et je vous propose de vous en mettre un extrait : « Je suis une femme ébéniste dans un monde d’hommes. Je suis confrontée quotidiennement à ce système patriarcal : lorsque je parle à des fournisseurs qui répondent à mes questions en regardant mon colocataire d’atelier homme, lorsque des passants me voient travailler et me demande si je suis en apprentissage, lorsque des hommes me laissent des commentaires sexistes sur une photo où l’on me voit travailler, lorsque je rencontre une personne et qu’elle me demande si ce n’est pas trop dur de ne pas avoir la même force qu’un homme, lorsqu’on me dit que mes créations sont sans doute plus sensuelles et plus féminines que celles d’un homme, lorsqu’on ne me prend pas sur un chantier pensant que je ne pourrais jamais travailler « aussi bien » qu’un homme.
Effectivement, c’est évident, je n’aurais jamais la même force qu’un homme. Mais ne peut-on pas trouver des solutions pour autant ? Ne peut-on pas s’entraider au lieu de catégoriser directement la femme ?».
Je pense que cet extrait vous montre à quel point je suis confuse sur la situation et j’espère qu’on pourra, tous ensemble, changer ce regard de la société sur les femmes. C’est un travail de longue haleine, mais je suis sûre que nous y arriverons !
Photo par Luc Almon
Si on a une idée précise d’un meuble, on peut te passer une commande entièrement réalisée sur-mesure ?
Effectivement, je réalise des meubles sur mesure. Deux possibilités : soit le client a déjà un croquis et des plans, soit nous en discutons ensemble et je lui soumets des propositions. Le choix des matériaux utilisés revient au client. Avec son accord, j’opterai toujours pour du bois recyclé ou provenant de forêts éco-gérées labélisées FSC ou PEFC.
Qu’est-ce qui t’inspire ? As-tu des designers ou autres artistes dont tu aimes le travail par-dessus tout ?
Je n’ai pas designers préférés. Je suis surtout attirée et inspirée par trois univers radicalement différents : le design scandinave simple et épuré, le mobilier oriental avec ses motifs géométriques et ses couleurs, et l’architecture grecque antique massive et majestueuse.
Photos par Maeva Allio
Ton style suit les tendances actuelles, penses-tu à créer des objets dans un style complètement différent par la suite ?
Comme je vous l’ai dit précédemment, je pense osciller entre ces trois univers et peut-être parvenir à assimiler les trois dans mes créations. Ensuite, tout dépendra de mon inspiration et de la matière première que je peux récupérer.
On peut retrouver tes créations chez OLOW mais peut-on les retrouver dans d’autres points de vente ?
Pour le moment, mes créations ne sont visibles que chez vous et lors de salons éphémères. Vous pouvez également les retrouver sur ma boutique en ligne Etsy « AtelierLBparis ».
Photos par Maeva Allio
Des projets un peu fous pour l’avenir ?
Pour l’avenir, beaucoup de projets : de nouvelles créations, un site internet, un nouvel atelier avec boutique et bien-sûr de nouvelles rencontres et collaborations !
Mais le grand projet de cette année est la préparation de la première édition d’un salon du mobilier d’artisans français avec l’aide de mon colocataire d’atelier Grégory Mougne qui se déroulera au Printemps prochain à Paris afin de mettre en relation les particuliers avec des créateurs de leur région.