Movie Star Junkies, délires de garage
La déchéance s’accompagne avec la nonchalance des plus gros négligents. Les rimes s’envolent mais pour quelle raison ? Pour signifier avec poésie que le nom du groupe visé rappelle sans contexte les trois mots de cette redondance ? C’est bien connu, le junkie est capable de suivre (et de survivre) à cette logique sans pour autant se proclamer « movie star » – même si l’association n’est pas si surprenante. On se demande alors pourquoi associer les stars de cinéma à ce carnage physique et psychologique que n’importe quelle drogue entraine à tort ou à raison. Trouvons les réponses par soi-même, la dernière satire de David Cronenberg « Maps To The Stars » se suffit. Les élans du réalisateur y sont formels : tout pu l’argent, le vice et la luxure. Ce film a tout d’un reality show, on en redemande. La réalité est féroce et sans appel. Des fantômes y errent, toxicomanes et avares, et ne cessent de raviver la célèbre sentence que tout le monde affirme et dénigre tout autant : « Il faut vivre avec son temps. »
Cette interprétation est le fil conducteur de la mascarade à venir. Movie Star Junkies : jolis furieux à l’esthétique anormale et aux valeurs immorales – à première vue. Qu’on se le dise entre nous : « l’humour noir, c’est moche mais c’est top ! » Le rock garage de ces têtes brulées déroule une longue palette d’humeurs contradictoires, douces pour le genre mais légèrement malsaines pour l’esprit. Avec « Tongues Of Fire », on plonge au cœur d’une forêt brumeuse comme irradié par Tchernobyl, et on rencontre une série de portraits tout bonnement étrange : une évêque ricanant, des sorcières bâillonnées, un charmeur de serpent… Ces bêtes de foire mettent en l’air le genre tremblant et railleur d’un garage familial, où l’on joue en temps normal à faire cracher les amplis. Cette situation de faux-calme musical, causée par des influences folk, se fait plus présente sur le clip du brulant de « These Woods Have Ears » qui mêle feu de la Saint Jean et bivouac entre copains.
Stefano, Caio, Vincenzo, Alberto et Emanuele. Ce sont cinq italiens cramés du bulbe. Leur nouvel album « Evil Moods », à la pochette verte nécromancienne, suit le long chemin de l’épicurien fou qui se promet toujours la même chose : aller toujours plus loin, tant qu’il est encore temps.
Le nouvel album « Evil Moods » de Movie Star Jubnkies est disponible depuis le 24 novembre 2014 chez Voodoo Rhythm. Retrouvez toute leur actualité sur : Facebook / Site Officiel