Nasty Diamond: Voix propre sur samples sales
C’est au Mans au 1er étage d’un appartement faisant également office de studio que je fais la rencontre de Miss Kreiz & Mael’s, les deux protagonistes de Nasty Diamond. La cafetière italienne est fumante, brunie par son usage intensif, tout comme les touches de la Mashine qui n’en finit plus d’être poncée…
Nasty Diamond comment ce nom de groupe a germé ?
Miss Kreiz : On a mis pas mal de temps à trouver. Quand tu cherches un nom de groupe faut que ça sonne à l’oreille et en même que ça signifie quelque chose.
Meal’s : On a fait ce choix là par rapport à la teinte musicale de notre groupe. Nasty Diamond c’est « diamant sale ». J’aime bien salir les samples. J’aime bien salir les vinyles de départ avant de les sampler. Ce choix c’est fait sur la dualité de la musique qui est brut et la voix qui est plus Soul, qui va être plus posée. En tout cas dans la volonté de départ. Après Noémie s’est orientée petit à petit vers le rap qu’elle utilise de plus en plus sur les morceaux.
Vous appartenez de tout les deux à des familles de musiciens, qu’est-ce qui vous a donné envie de poursuivre dans cette voie ?
Miss Kreiz : C’est vraiment du côté de mon père même si il n’a pas fait sa carrière dans la musique. Il a préféré le sport. Quand j’étais gamine il jouait du piano. De façon autodidacte il arrivait à faire des trucs sans forcément lire de partition. Toute la culture musicale que j’ai pu avoir c’est grâce à mon père et à mon frère. Mon frère est mélomane. Il ne fait pas de musique mais il collectionnait les disques vinyles et m’a fait découvrir beaucoup de choses au niveau de la Soul, de la Funk, du Jazz, et du Hip Hop.
Mael’s : Un papa à la basse, les vinyles de Rockabilly et derrière les vinyles de gros classique. Mon père est typé beaucoup plus rock. De mon côté c’est le Hip Hop avant tout ! Le Hip Hop très jeune, le Hip Hop dés 1995 avec la sortie de « Paris sous les bombes » via le grand frère. Et « Si Dieu veut » de la FF premier album que j’ai acheté avec « L’amour du risque ». À la suite de ça découverte de la musique Jazz forcément parce que le rap français de l’époque c’était énormément de samples Jazz. La musique Soul a débarqué un petit peu plus tard… Gros passage par le Trip Hop à un moment avec les albums de « Portishead » notamment. Je rappais à la base, donc découverte de la MAO à travers le Rap. À l’époque y’avait pas de Beatmaker. Et j’avais une réelle envie de comprendre comment se fait une prod. Première rencontre avec Dj Vince à l’âge de 13ans avec des leçons de MAO à travers des ateliers à la MPT du Mans. Dj Vince il a 44 ans, c’est vraiment le « daron » du Hip Hop sur Le Mans. Touché du premier sampler, et là du coup déconstruction du beat hip hop. Au bout d’un petit moment j’ai décidé de me tourner plus vers la prod que le rap. Quand tu reviens au rap tu te confrontes à des petites problématiques qui peuvent être assez frustrantes, type flow. Le hip hop français ça m’a jamais vraiment quitté mais je me suis beaucoup plus accès sur la musique new-yorkaise. Et quand tu es bercé dans ces sonorités et que tu reviens au français tu te dis: « Wah je manque cruellement de flow ». Du coup choix du beatmaking, support avec lequel je suis beaucoup plus à l’aise.
Vous vous êtes rencontré sur Facebook pour un projet musicale « Beat Tape » comment s’est passé ce premier contact physique ?
Miss Kreiz : Maël avait un pote qui faisait de la musique et du coup on « buffer » un petit peu ensemble. En gros on allait dans un parc il prenait sa guitare et je chantais. Il a parlé de moi à Maël parce que j’étais aux beaux arts. À ce moment là je dessinais pas mal et Maël cherchait quelqu’un pour dessiner un projet de Beat Tape. On s’est rencontré la première fois via le dessin.
Mael’s : À l’époque je voulais faire un seul projet avec une chanteuse. J’avais envie d’une voix féminine sur ce que je faisais. Du coup c’est comme ça que ça a démarré. Nasty Diamond c’est devenu un groupe après des séances studio. On a décidé de continuer après l’enregistrement des 8 morceaux du projet disponible sur l’ancien soundclound.
Qui est à la réalisation de la pochette de votre premier EP ?
Miss Kreiz : C’est Guillaume Bure son blaze c’est Sink. Il était aux Beaux Arts avec moi. On a fait appel à lui parce qu’il avait fait une gravure d’un buste d’homme avec une télé à la place de la tête. J’ai toujours été très admirative de cette gravure du coup je voulais reprendre ce concept là pour la pochette de l’EP.
Vous avez récemment célébré vos 2 ans avec Latino Roots x Smiling votre dernier titre, on se dirige vers un 2ème EP ?
Mael’s : On partirait sur un album, format LP. C’est le projet. Pour le moment on fait les morceaux, on fait les morceaux ! On essaye aussi de tailler des morceaux pour la scène. Parce qu’aujourd’hui c’est le live qui te fait bouffer… Ce n’est pas les ventes d’album qui vont te faire vivre. Quand tu vois que le disque d’or a été descendu à 40 000 ventes. Encore pas si longtemps il était à 150 000. Tout est réévalué surtout dans la vente de disques. Aujourd’hui c’est un bien de consommation comme un autre.
Envisagez vous un projet audiovisuel avec éventuellement la tournée d’un premier clip ?
Miss Kreiz : On y pense mais aujourd’hui ce n’est pas la priorité. Le format vidéo qu’on fait ici chez Maël marche plutôt bien et en plus c’est live.
D’ailleurs vous avez une attirance particulière pour le noir et blanc parce que vos clips home made sont toujours en noir et blanc ?
Miss Kreiz : Ce n’est pas explicable ce truc. Si le noir et blanc on le sait : ça lisse l’image. Aussi parce que chez Maël y a trop de couleurs partout. La couleur j’aime bien mais quand y en a trop on voit plus rien ! C’est vrai aussi que quand j’étais aux Beaux Arts je travaillé beaucoup en noir et blanc.
C’est quoi le sample de Far West Coast ?
Mael’s : C’est un vinyle que j’ai plus mais j’ai gardé le format skeud ! Voilà c’est ça : « Fire and Brimstone » de Link Wray.
Noémie est-ce que y a une question que tu souhaiterais poser à Maël?
Miss Kreiz : C’est quoi le prochain truc sur lequel on bosse ? Parce que y’a Jean-Mi et Mister Aspirin qui attendent dans les starting blocks…
-> gant de boxe et motocyclette par « perinane »
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-> pochette EP par Guillaume Bure
-> photo noir et blanc crane mexicain en pierre par Adeline Grouas