Nicolas Barrome et ses créatures surréalistes
Il y a quelques semaines, Nicolas Barrome nous a accueilli dans son appartement parisien le temps d’une petite interview. Originaire du Sud-Ouest de la France, cet illustrateur propose un travail très coloré, avec des jeux de textures et de lumières qui rendent ses œuvres à la fois complexes et riches en détails. Il nous parle de ses débuts fastidieux en école de commerce, de sa passion pour les créatures monstrueuses, en passant par ses potes du collectif Jeanspezial, et de son enfance dans le vidéo club de sa mère.
Salut Nicolas, merci de nous recevoir dans ton appart ! Tu as commencé un cursus en école de commerce pour ensuite bifurquer en Arts Appliqués. Comment s’est passé ce changement complet de voie?
J’ai fais un Bac ES, ensuite j’ai enchaîné avec un IUT Technique de Commercialisation. J’y suis allé sans trop savoir et je me suis vite rendu compte que c’était pas du tout pour moi. Donc je me suis saboté, on était 2 sur 150 à se faire virer et j’étais dedans. En parallèle j’adore dessiner depuis que je suis tout petit, et je me suis dis qu’est-ce qu’il y a comme études autre que les Beaux Arts ? Parce que les Beaux Arts ça me faisait flipper. J’avais toujours entendu que c’était le truc un peu obscure où tu finissais par être peintre sous un pont. Les Arts Appliqués à l’époque c’était beaucoup moins connu que maintenant, j’ai découverts ce cursus et j’ai adoré.
Parle nous un peu de Jeanspezial. Qui sont les membres, et vous faites quoi exactement ?
Avec quelques potes, on trouvait que ce qu’on faisait à l’école c’était super, mais on voulait développer des projets un peu plus perso en parallèle. On est allé à Troyes, dans l’Aube où j’ai rencontré les autres membres du collectif Jeanspezial. On est 9 dans le collectif. C’est du graffiti, du fun et quelques partenariats avec des marques pour de l’évènementiel.
Tu travailles sur de nombreux supports, et avec des outils très différents, peux-tu nous en parler un peu ?
J’ai toujours voulu diversifier mon activité. Faire un mur c’est très rafraîchissant. Je trouve intéressant de décliner un univers en grand, en petit, sur feuille, sur l’ordi. À l’expo j’ai fais des vitros, de la sculpture… Tant que le tout est cohérent, on peu dire qu’il y a un univers.
Niveau technique, quelle est celle que tu affectionnes le plus ?
Ma technique de prédilection sur papier c’est du stylo noir et blanc. J’utilise aussi des encres Ecoline. Après, la technique du noir et blanc ça fait un moment que j’en fais, je ne me fais plus trop surprendre. Du coup je rajoute un peu de bombe, des choses qui ne sont pas maîtrisées pour que ça crée certains accidents que je n’ai pas voulus mais qui finalement donnent un nouveau dessin. Sur mur je n’utilise que de la bombe. Je n’ai pas de culture de graffeur, j’utilise la bombe simplement comme un médium de la même manière que j’utiliserai un pinceau. Finalement, c’est avec la bombe que j’ai quelque chose qui m’est vraiment propre.
Ton travail est très coloré, avec des dégradés, des jeux de textures et de lumières. Comment est-ce que tu as trouvé ton style ?
C’est venu grâce à un pote qui m’a fait faire de la gravure à l’eau forte. Tu travailles avec un critérium et la pointe est en fer, donc pour faire des dégradés c’est difficile. Je me suis dis que j’allais dégrader avec des petits traits. Ça m’a tellement plus que j’ai finalement fais ça avec le stylo, l’acrylique et le pinceau, et maintenant je fais ça pour tout.
Tu fais régulièrement des illustrations sous l’identité « Les Jeanclode » pour des campagnes de pubs. Pourquoi avoir choisi de bosser pour la publicité ?
Tout simplement parce que c’est ce qui rapporte le plus. Au départ on s’est dit « pour croquer un peu qu’est-ce qu’il faut faire ? » Bouffer des pâtes c’est cool mais bon, au bout d’un moment on a envie d’arrêter de bosser comme des malades pour gagner 3 coquillettes. Et les campagnes de pubs c’est ce qui paie le mieux. On y est allé sans trop savoir ce qu’on allait y trouver, et on a démarché comme des ânes toutes les agences. On a pris beaucoup de plaisir à faire des campagnes. Il y a pleins de mecs qui trouvent que c’est chiant et je peux comprendre, mais j’ai toujours trouvé que ça te confronte à des difficultés que tu n’as pas quand tu es tout seul. Et ça t’amène à dessiner des choses que jamais tu aurais dessinées par toi même. Pour le coup, je trouve que c’est une bonne rythmique qui fait bien avancer.
Le chien est un personnage récurant dans tes dessins, est-ce qu’il a une signification particulière ?
C’est un peu comme un meilleur copain imaginaire. Je lui fais faire n’importe quoi, je le découpe, il prend des taloches, il a l’air débile, il louche. Il est toujours là, toujours content.
Dans tes œuvres il y a d’ailleurs au sens plus global un rapport omniprésent avec les animaux, mais aussi avec la nourriture. Est-ce qu’il y a un lien avec tes souvenirs d’enfance ?
J’adore bouffer déjà ! J’ai eu une éducation dans laquelle la nourriture était très importante. Pour moi manger c’est un bon moment, je prends plaisir à passer à table, avec mes potes ou en famille. Ça peut durer 3 heures j’adore. Pour moi ça fait parti des moments fédérateurs. J’adore humaniser les choses, c’est-à-dire rendre surréaliste des choses qui sont réalistes. La carotte, la placer et lui donner un air un peu con, un peu triste, je trouve que ça parle vachement. On se projette plus dans une image quand il y a des choses qu’on reconnaît tout de suite.
Il y a aussi un rapport avec les monstres et les bestioles. Quand j’étais gosse ma mère avait un vidéo club. Tout petit elle me foutait au milieu et je bouffais les Star Wars, Dark Crystal et tous les films de science fiction de l’époque. J’ai cette culture là de la bestiole, que ça aille du vieux Dracula jusqu’au Bob l’Éponge de maintenant. Les monstres que je dessine sont seulement gentils en apparence. Il en a toujours un qui est mort, qui est découpé. La carotte est toujours morte. Il y a une deuxième lecture qui n’est finalement pas si drôle. Je trouve ça important dans un dessin de créer une ambiance. Mais ça n’est jamais choquant, parce que je n’aime pas choquer.
Tu as collaboré avec OLOW sur un t-shirt de cette collection d’hiver. Pourquoi avoir choisi de travailler avec nous ?
Je marche beaucoup à l’affect et j’avais trouvé les gars vraiment très sympa. La ligne était cool, tout était très bien soigné du site à la collec’. Il y avait aussi une prise de risque avec la volonté de ne pas faire que du t-shirt. Et ça pour moi il faut quand même être un peu couillu. Je me suis dis pourquoi pas !
Des projets pour les mois à venir ?
Je me lance dans mon premier livre, c’est une collection où je vais illustrer les 50 créatures du cinéma les plus connues. Donc c’est parfait pour moi !
Une petite dernière pour la fin : Si tu devais faire la promo d’un artiste en particulier dont tu adores le travail, tu dirais ?
Amandine Urruty ! Quand on s’est connu, ce qui nous a plus c’est qu’on s’entendait très bien sur le boulot. Les univers ne sont pas les mêmes mais il y a ce même amour de l’illustration, du dessin bien fait. On a commencé tout de suite à faire une toile ensemble, puis un dessin, puis des murs. Et finalement on a gardé que les murs.
Photos issues de son exposition « Bon Appétit » réalisée en juin dernier chez les copains de la galerie L’Attrape Rêve.
Merci à Nicolas.
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– L.K –