OLOW x KORALIE
Créer du bonheur par l’équilibre, l’harmonie des formes et des couleurs… Pour réaliser ses icônes majestueuses au métissage enchanteur, Koralie puise en grande partie dans ses voyages initiatiques. Ses œuvres ingénieuses répandent autour d’elle un parfum complexe, raffiné et poétique. L’artiste française, déjà bien connue du grand public, nous a laissé entrer dans son imaginaire « symétricophile » et « maniaco-harmonic » afin de créer un sublime crop top brodé. Ce sweat coloré et audacieux nous fait assurément voyager de l’autre côté de la planète et apaise notre soif de créativité…
Bonjour Koralie. Pour commencer, on aimerait revenir sur ton parcours. On a découvert que tu avais une formation en architecture. En quoi cela t’aide-t-il dans la réalisation de tes dessins ?
Depuis que je suis enfant, je peins et je dessine ; j’ai toujours voulu faire quelque chose d’artistique. J’ai fait des études d’architecture et d’arts plastiques à la fac’ et j’ai continué en architecture car les études me plaisaient ; les gens que je rencontrais et la façon de travailler aussi. C’était très complet, ça allait de la géométrie à l’art pur. En parallèle de mes études, je faisais des peintures sur toile et dans la rue. Le rapport entre architecture et peinture n’a pas été évident au départ, à part le fait que je faisais des personnages symétriques. Au fur et à mesure que je m’éloignais de l’architecture en tant que métier, je l’intégrais naturellement à mon art.
Tu as commencé par le street art et les graffitis en peignant sur les murs de Montpellier.
J’ai toujours traîné un peu dans le milieu urbain car j’aimais beaucoup le skate et tout ce qui est street art un peu ringard du style trompe-l’œil. C’est quand j’ai vécu à Toulouse que j’ai commencé le graffiti, puis quand je suis retournée à Montpellier j’ai fait des peintures toute seule dans la rue.
Quand as-tu décidé que cette activité devait devenir lucrative et légale ?
C’est quelque chose qui ne se décide pas, ça vient petit à petit. Les gens prennent un peu le truc à l’envers genre « je décide d’être artiste » et ils essayent de gagner leur vie avec ça avant même d’être artiste. C’est une façon de vivre, il faut d’abord faire et produire et petit à petit les plans arrivent, on te propose des expositions et des collaborations. C’est devenu une évidence tout seul.
Sur ton site web tu te décris comme « symétricophile » et « maniaco-harmonic ». On voit que tu te soucis beaucoup de l’harmonie des couleurs et de l’équilibre des formes dans tes dessins. Pourquoi cette idée de perfection t’intéresse-t-elle autant ?
Ces termes « symétricophile » et « maniaco-harmonic » viennent de mon amour pour la psychologie. On a tous des névroses et ça m’amusait de dire que les miennes sont d’avoir ce souci de l’harmonie. J’aime équilibrer au maximum les formes et les couleurs parce que je me suis rendue compte que ce qui rendait heureux c’est cette recherche d’équilibre. J’essaye de mettre ce rapport-là avec mon art et de rendre mes œuvres les plus équilibrées et harmonieuses possibles pour que les gens se sentent bien. J’aime bien mélanger les différentes cultures ; si j’arrive à les mélanger harmonieusement sans choquer les gens mon message est passé. Je pense qu’on peut vivre en harmonie en étant tous différents car on a trouvé un juste équilibre.
Tu maîtrises plusieurs procédés artistiques que ce soit le collage, l’acrylique, la peinture à l’huile ou le graphisme. Comment mélanges-tu toutes ces techniques dans ton travail ?
En fait, j’ai un message assez défini et j’utilise n’importe quelle technique qui va ensuite pouvoir approfondir ce message. Tout est une question d’équilibre encore une fois : j’ai autant besoin de l’ordinateur pour faire mes petites symétries et répétitions que de faire des fresques perchée à dix mètres de haut sur une nacelle toute petite à 9h du mat’ quand il fait 4°. Je fais aussi beaucoup de collaborations pour me sociabiliser.
Certaines de tes illustrations avec les geishas et matriochkas rappellent forcément le Japon mais il y a toujours quelques clins d’œil aux autres cultures. Comment tes voyages influencent-ils ton trait ?
Quand on me demande ce qui m’inspire, ce sont les voyages. Au départ, mon univers était très japonisant car je suis un enfant de la génération manga : ça m’a beaucoup influencé. En premier lieu, j’ai fait ce lien entre les filles des mangas hyper extraverties et extravagantes et les geishas avec leur univers très conventionnel. Je les appelle les « geishkas » car c’est ce mélange entre les geishas japonaises et les matriochkas russes qui symbolise l’introduction de nouvelles cultures dans mon travail. Dans ce même personnage, j’ai commencé à introduire des ponchos mexicains, des coiffures de Marie-Antoinette, etc. pour en faire un personnage hybride. J’ai introduit cette idée multiculturelle dans mes architectures aussi. Quand je suis revenue de mon voyage au Vietnâm, j’ai fait un mélange d’édifices religieux qui combinaient une mosquée, une église et des temples bouddhistes. J’en ai fait un nouvel édifice sans que ça choque.
On sait que tu as beaucoup voyagé en Asie. Peux-tu nous parler d’un souvenir ou d’une anecdote qui t’a particulièrement marquée sur ce continent ?
Ce qui me marque le plus en Asie ce sont les sourires. En Thaïlande et au Vietnâm les gens sourient et c’est un truc que j’adore. Je pense qu’on sauve beaucoup de choses avec le sourire. Une fois, on était dans un marché où ça grouillait de monde à Bangkok, il y a eu une musique, tout le monde s’est arrêté de marcher, tout le monde s’est levé et plus personne ne bougeait. On n’a pas compris pourquoi, ce n’était pas le genre de trucs écrits dans les guides… En fait, apparemment tous les jours ou tous les lundis à 18h dans tous les lieux publics tout le monde s’arrête. C’est très impressionnant, c’est comme une minute de silence.
On te sent très intéressée par le monde de la mode. Tu as monté ta propre marque de vêtements Métroplastique en 2005. Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans l’aventure ?
J’ai toujours été attirée par l’apparence et la haute-couture. On s’est lancé là-dedans car on nous demandait pourquoi on ne faisait pas de tee-shirts avec nos illustrations. On a eu un très gros succès dès le départ avec le prix du Ministère de la Jeunesse et des Sports et un stand au Who’s Next. Avec tout ça, on s’est rendu compte que ce n’était pas notre milieu et qu’on s’éloignait de notre façon de penser. Il y avait vraiment trop de contraintes qui faisaient qu’on ne pouvait pas s’exprimer librement. On s’est recentré sur notre art et aujourd’hui c’est moi qui m’en occupe essentiellement ; je me suis concentrée sur des produits dérivés de papeterie, de print et des choses qui me permettaient de mieux m’exprimer que le stylisme qui est trop contraignant. C’est cinq boulots en un.
En quoi ta collaboration avec OLOW correspond-elle à ta vision artistique ?
Quand je fais des collaborations il faut que ce soit un univers qui me parle et qui me ressemble. Il faut un feeling avec les gens avec lesquels je vais collaborer et que ce soit une proposition sérieuse. Pour ma collab’ avec Olow, j’ai bien accroché avec Mathieu et Valentin. Ça me rappelle quand j’ai commencé Métroplastique, ça s’est fait assez naturellement.
Récemment, tu as fait une installation la façade du Pavillon des Canaux pour l’ONG Care. Comment as-tu vécu cette expérience ?
CARE m’a proposé de participer et j’ai accepté car c’était sur le thème de l’écologie, un sujet qui m’a toujours touchée. J’ai accepté seulement si je trouvais une idée qui en vaille la peine car à ce moment-là j’étais overbookée. J’ai trouvé cette idée de tapisserie avec des illustrations qui représentent le climat et les causes et conséquences des problèmes climatiques sur la population. Les gens devaient être attirés par cette maison pour s’approcher et essayer de comprendre les illustrations pour ensuite aller chercher les réponses auprès de l’asso’. Ça dure jusqu’à la COP21.
Tu as déjà fait énormément d’expo en France et aux États-Unis. Plusieurs villes françaises ont d’ailleurs pu accueillir tes illustrations lors de ton projet Color Tour récemment.
C’est ça. J’ai fait la signature d’un carnet de dessins. Je suis allée dans une dizaine de villes en France dont Lyon, Nîmes, Montpellier, Toulouse, Aix-en-Provence, Nantes, Paris, Bordeaux et Marseille.
Dernière question mais pas des moindres, quelle est ta définition du Paradis ?
Vu que je ne suis pas croyante, je dirais que le Paradis est sur Terre. Je crois que ma définition du Paradis, c’est ma vie. J’ai le mari que je veux, j’ai des beaux enfants, je fais le métier que je veux… Le Paradis ça voudrait dire qu’il existe un endroit super, impossible à atteindre et surtout pas quand tu es en vie. Pour moi, c’est horrible de croire au Paradis. Avoir une idée du Paradis, c’est l’Enfer !
Merci à Koralie pour ses réponses.
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Le sweat est disponible chez nos revendeurs et sur notre e-shop :
– M.P