Dans le subconscient d’Andrea Wan
Reconnue internationalement pour son travail d’art visuel, Andrea Wan a déjà été récompensée pour la meilleure illustration par Western Magazines en 2013. La globe-trotteuse explore son subconscient pour créer des visuels à la fois esthétiques et profonds. Entre deux voyages, Andrea nous laisse entrer dans sa tête, le temps d’une interview…
Bonjour Andrea. Ce qui est frappant d’emblée avec toi c’est ton côté globe-trotter ! Tu es née à Hong-Kong, tu as grandi à Vancouver, tu as fait une partie de tes études au Danemark et tu vis à présent à Berlin. 3 continents, 3 sociétés, 3 influences différentes… Comment te sers-tu de cette richesse culturelle ?
Je pense que le fait d’avoir vécu dans plusieurs pays et d’avoir beaucoup voyagé m’a transformé en quelqu’un d’adaptable. J’ai toujours été curieuse de découvrir d’autres cultures et de rencontrer toutes sortes de personnes différentes. Le fait d’être ouverte à de nouvelles expériences et consciente de mon environnement m’inspire constamment dans mon art.
Tu as toujours été intéressée par l’art mais tu t’es d’abord tournée vers l’audiovisuel. Quand as-tu su que tu devais dessiner ?
Dès mon plus jeune âge, j’étais déjà intéressée par le dessin et le storytelling. J’adorais créer des livres de contes comme les livres pour enfants que je lisais. C’était un hobby pour moi, sans pour autant que je sois consciente que ce soit de « l’Art ». J’ai étudié le cinéma dans une école d’art et une fois diplômée, je me suis remise au dessin, puis j’ai décidé de faire de l’illustration au Danemark. A l’époque, je pensais que le dessin et la peinture étaient les meilleurs moyens pour moi d’exprimer mes idées.
Pour toi, le dessin c’est du storytelling, ça raconte quelque chose. Justement, peux-tu nous raconter l’histoire derrière un de tes dessins que tu aimes particulièrement ?
Je vois plutôt mes dessins comme une suite de scènes qui racontent une histoire, mais pas l’histoire en son entier. Par exemple, mon dessin « Questions about the future » dépeint une scène d’un groupe assis autour d’une planche de Ouija. Les personnages font appel à un esprit et, l’un après l’autre, lui posent des questions sur le futur, pendant que des paresseux enregistrent la scène sur leurs téléphones en cherchant les réponses sur Google. En un sens, ce dessin est une invitation à un happening pour les spectateurs, et les laisse s’interroger sur les rôles que peuvent bien jouer les personnages de l’histoire.
Tu as un style plutôt fantasmagorique et surréaliste. Il paraît que tu observes beaucoup la relation entre le conscient et le subconscient. En quoi cela t’aide-t-il dans ton processus de création ?
Je me suis rendue compte que je travaille mieux quand j’ai une idée générale du thème, mais sans avoir un plan spécifique de ce que je veux dessiner. En laissant une part d’imprévu, je laisse parler mon inconscient, ce qui est très important dans mon travail. J’aime regarder mon travail après l’avoir fini, et l’analyser comme si j’étais ma propre psychologue. Au lieu d’être complètement rationnelle, je préfère laisser place à mon instinct ; comme ça, mon travail finit toujours par être plus honnête.
On observe ce travail sur le subconscient avec ta série Exploding Heads dont on peut retrouver un des graphismes sur le tee-shirt CASSE-TÊTE de la collection Spring-Summer 2016 d’OLOW. Que signifie cette explosion pour toi ?
Une explosion de nouvelles idées qui surgissent du passé.
L’illustration du tee-shirt MAILLE est assez intrigante. Peux-tu nous expliquer ce que les mains que tu as dessiné sont en train de tricoter ?
Les mains relient les humains de manière inexplicable, mais parfois prédestinée.
Tu décris ton art comme un « personal and visual journal ». Comment arrives-tu à concilier ce côté hyper intime avec les exigences des marques pour lesquelles tu bosses ?
En fait, la plupart des marques pour lesquelles je travaille me laissent beaucoup de liberté, parce qu’elles aiment l’univers que je crée. Je rejette aussi poliment tout travail qui ne conviendrait pas à mon style. Ceci dit, j’aime le défi d’illustrer des choses que je ne ferais pas normalement, parce que cela mène souvent à des imprévus et à de nouvelles idées pour mon travail personnel. On ne sait jamais !
On a entendu dire que tu as été prof’ de piano. Quel(s) style(s) de musique t’aide à travailler et à réfléchir ?
Oui. J’ai une formation classique en musique. J’écoute beaucoup de groupes indépendants, mais j’aime tout ce qui rend mes oreilles heureuses. Ca dépend entièrement de mon humeur quand je travaille.
Rome, Berlin, Stockholm, Vancouver, Portland, Paris, Hawaii, Miami, San Francisco… Tu as fait des expo’ à travers le monde entier. Qu’est-ce qu’il y a d’universel dans ton art qui fait que ça plaît aux quatre coins du globe ?
Une grande partie de mon travail a un caractère émotionnel, et c’est ce qui déclenche les émotions de base qui touchent la plupart des gens, qu’ils en soient conscients ou non. J’imagine qu’on aimait tous lire des histoires quand on était gamin, donc je pense que mon travail met en avant un monde dans lequel beaucoup de grands enfants (et de petits enfants) peuvent se perdre.
Comme tu as énormément voyagé, tu as dû rencontrer pas mal de monde. Aurais-tu quelques artistes à nous faire découvrir ?
Les créa’ que j’ai côtoyé à Berlin sont Johannes Mundinger, Rylsee, The Low Bros, Pablo Benzo et Alex Godwin (Billy), pour n’en citer que quelques-uns; ils m’inspirent non seulement en tant qu’artistes mais aussi en tant qu’êtres humains.
Quelle sera la prochaine ville à accueillir une de tes expo’ ?
Je fais une expo’ groupée chez CASS Contemporary à Tampa, en Floride. La prochaine sera chez Spoke Art à San Francisco. En ce moment, je n’ai pas d’expo’ solo prévue. Je prends mon temps, j’expérimente et je développe ma prochaine série.
Un grand merci à Andrea pour ses réponses.
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Sa collaboration pour les tee-shirts CASSE-TÊTE et MAILLE est dispo’ chez nos revendeurs et sur notre e-shop :
-M.P