Philippe Fernandez – L’indomptable
On pense notre destin joué d’avance. Certains feront les fanfarons en sachant pertinemment que rien ne changera, que leur route est déjà tracée et nettoyée d’obstacles. D’autres diront que la surprise fait partie de leur vie, et que le changement, si effrayant qu’il puisse paraître, permet d’assouvir leur faim de libre penseur. Philippe Fernandez est l’un de ces derniers, heureux, apprenant à la sauvette et mentalement épanoui pour éviter de s’enfermer dans une ritournelle désenchantée.
D’un pays où la chaleur de la fête bat son plein, Philippe a prit l’essence de la liberté pour ainsi atterrir dans un monde qui lui est maintenant cher. C’est ainsi, sous la peau des gens, qu’il transmet tout l’amour de sa passion, insatiable et excité à l’idée d’en connaître toujours plus. Et de cette tête en ébullition, qui apparait désormais sur l’une de nos « Planchettes », on retiendra l’humeur toujours aussi fascinante des artistes qui comblent notre culture. Rencontre avec un autre créateur d’émotion.
Salut Philippe! Comment ça va? On va commencer avec une question basique. Peux tu nous en dire plus sur tes origines et ton background?
Je suis né à Ibiza en Espagne où j’ai grandi jusqu’à mes 15 ans pour ensuite poursuivre mes études à Barcelone. Après l’époque du lycée je suis allé à l’université où j’ai obtenu mon diplôme en Art et Design. Après j’ai décidé de me spécialiser dans le dessin d’animation. J’ai aussi travaillé en tant que VJ (vidéo-jockey) pour l’animation visuel de certaines soirées à Barcelone en développant en parallèle mes projets visuels. Puis j’ai décidé de bouger sur Berlin, et là tout a changé…
Tu travailles au AKA Berlin.Salon de tatouages, piercing, galerie d’art, et même café… Un lieu alternatif pour tout dire. Dans quels circonstances es tu venu t’installer à Berlin, et commencer à bosser avec AKA ?
Ça va faire environ 4-5 ans que je suis arrivé à Berlin, où j’ai commencé a travailler comme junior designer dans un studio d’animation graphique. Après quelque temps j’ai réalisé que ce n’était pas pour moi. Les ordinateurs et la technologie n’étaient pas trop mon truc. En plus je dois dire que ma créativité était vraiment limitée, on était trop dépendant des programmes et des logiciels qu’on utilisait. Au même moment un ami m’a donné une machine pour tatouer, et j’ai commencé a expérimenter l’art du tatouage chez moi, tatouant mes amis. Je prenais tellement de plaisir à faire ça que je tenais plus en place au boulot, ma seule envie était de rentrer chez moi, et, tatouer encore et encore! En tatouant je faisais quelque chose de réel, de concret, alors je me suis mis à chercher un salon où je pourrais améliorer ma technique. Un jour j’ai reçu un e-mail du AKA qui me proposé de rejoindre leur équipe! Au début c’était juste pour entretenir le salon et m’occuper de l’accueil des clients. Ce n’était pas vraiment un apprentissage, mais le seul fait d’être dans le studio du AKA, entouré de tous ces artistes m’était suffisant! Puis j’essayais toujours d’avoir un œil pendant qu’ils travaillaient et au fur et à mesure du temps on m’a mis le pied à l’étrier en me laissant essayer… Maintenant ça fait 3 ans que je suis membre du AKA.
Est-ce que Berlin à une répercussion sur tes travaux artistiques?
La ville de Berlin en elle même n’a pas de réelle répercussion sur mon travail. En fait je trouve la plupart de mon inspiration dans mes voyages, mes livres, et Internet. Mais je dois dire que cette ville m’a permis de trouver ma voie… À Berlin tout est possible, c’est une ville jeune, à peine 25 ans depuis la chute du mur. Quand j’ai débarqué j’ai trouvé ici mon paradis. Une grande ville où la vie est abordable, riche de culture et où la fête ne s’arrête jamais. Les longues soirées d’hiver à Berlin me permettent d’utiliser mon temps à bon escient, d’être davantage productif et de me concentrer sur mes projets. En Espagne je passerais plus de temps à boire des bières au soleil.
Le Tatouage devient une pratique de plus en plus commune. Je pense que c’est une bonne chose pour le marché mais ne penses tu pas que devenant « mainstream » la culture du tatouage soit en danger ?
Il y a en effet une énorme évolution dans le monde du tattoo depuis quelques années. Beaucoup d’artistes ont trouvé dans le tattoo une nouvelle façon de s’exprimer. Surtout qu’il est aujourd’hui socialement accepté. Cette acceptation est notamment dû au monde de la mode qui a démocratisé le tatouage en l’exposant comme une nouvelle tendance. Mais comme toute les tendances elle s’estompera d’une manière ou d’une autre. Je ne pense pas que le tattoo disparaitra un jour, mais il retournera probablement à ses racines.
À propos de tes influences, c’est un mix de diverses choses ou elles sont bien définies?
Je penses que je tire mes premières influences des artistes qui m’ont entouré dans le studio AKA, les gars avec qui j’ai appris, mais j’ai toujours un œil sur l’histoire du tatouage, celle qui m’a fait commencé. Et aussi tout ce qui m’entoure, m’inspire. Il suffit d’ouvrir les yeux pour être inspiré!
A part le tatouage, as-tu d’autres passions?
Quand je ne suis pas en studio, à dessiner ou tatouer, je suis constamment entrain de chercher de nouvelles inspirations. J’adore voyager et j’ai beaucoup de chance car mon travail le permet.
Pourquoi as tu décider de prendre part à l’exposition « Planchettes » ?
Cela fait bientôt un an que j’ai pris part à ce projet. Ce que je peux dire c’est que j’apprécie vraiment les projets artistiques qu’OLOW met en place. Je me suis vraiment senti honoré en collaborant avec OLOW sur cette exposition.
Des projets? Des rêves inavoués?
Pour le moment je pense juste à mes prochains voyages, parcourir le monde, rencontrer de nouvelles personnes, et me trouver…
Quel est le tatouage le plus improbable que tu as fait ? (Le dessin et la parti du corps ? )
Ce n’est pas quelque chose que je vais montrer ?
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Interview par © Julien Catala