Raphaëlle H’limi, la créatrice slow-fashion
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« Olow ne crée pas des produits mais des atmosphères», voilà la raison qui a motivé la styliste Raphaëlle H’limi à travailler sur notre vestiaire cette saison. Créatrice parisienne indépendante, elle a choisi de s’éloigner de la fast-fashion pour penser des collections modernes et universelles. Souhaitant mêler streetwear, art contemporain et graphisme, elle partage la même vision de la mode que nous : « la rue comme une galerie d’art ».
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Salut Raphaëlle !
Ton talent a déjà été salué de nombreuses fois par la presse et les institutions du textile et de l’habillement. Comment en es-tu arrivé à ce statut de créatrice « reconnue » ?
Je pense que le terme « créatrice reconnue » est un peu exagéré mais j’ai fait de longues études et j’ai toujours su que je voulais devenir créatrice de mode. Les évènements s’enchainent dans la vie professionnelle et dans la vie personnelle et il faut savoir prendre les bonnes décisions sur nos priorités. J’aurais pu aller travailler dans une grande maison parisienne mais étrangement j’ai ressenti une sorte de résistance. J’ai opté pour une voie plus difficile mais plus libre également. Aujourd’hui, je veux aller à mon rythme et proposer des collections intemporelles et permanentes. Je ne crois plus à l’accélération de la mode, de l’épilepsie de la fast-fashion, 8, 12 collections par an. Les petites structures ne peuvent pas suivre. Ils nous faut inventer du désir autrement.
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Ton style est très graphique. Pourquoi apportes-tu autant d’importance à la structure, la géométrie et l’architecture ?
Je trouve mes inspirations dans les silhouettes de la rue mais j’aime les mixer avec des références complètement extérieures à la mode comme des artistes contemporains ou du graphisme. Mon objectif est de créer quelque chose de fondamentalement moderne et nouveau. Un mélange entre l’artisanat, l’industrie et l’art. Mes deux parents sont dans le graphisme. J’ai grandi dans des odeurs d’imprimerie et des échantillons de papier. Pour moi la géométrie est une façon de mettre du graphisme dans mon stylisme. Je fais moi même mes patronages et c’est une façon pour moi de jouer avec la géométrie dans la structure même du vêtement.
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Tu habilles les femmes tandis qu’Olow habille les hommes. Qu’est-ce qui te plaît dans notre marque ?
Ce que j’aime chez Olow c’est que les fondateurs ne veulent pas créer des produits mais des atmosphères. Ils veulent raconter des histoires. Ce duo très complémentaire m’a beaucoup plu dans leur manière distante et indépendante de s’inscrire dans la mode et les tendances. Leurs collaborations avec les artistes et leur façon de les mettre en avant m’ont séduit par l’humilité et l’ambition de la démarche. Il y a presque une volonté de transmission ou d’éducation. Ne pas réduire le streetwear a un seul langage mais croiser les influences. La rue comme une galerie d’art.
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Quel regard portes-tu sur notre collection Automne-Hiver 2016 ?
Je pense que c’est une très belle collection, complète et exigeante. Olow a aujourd’hui la volonté de proposer un vestiaire complet et de s’imposer comme une marque qui compte dans le panorama de la mode masculine. Sa poésie, la qualité de ses coupes et la créativité de ses motifs sauront séduire les hommes qui ont envie de mode à la fois intemporelle et affirmée.
Comment s’est passé ton voyage dans nos usines de production au Portugal ?
Ce voyage fut un moment intense de travail mais l’ambiance était tellement conviviale que je me suis sentie accueillie par une famille. Les créateurs de Olow ont su créée par leur fidélité et leur loyauté une vraie équipe soudée autour d’eux. Leurs façonniers sont heureux de soutenir et de travailler avec une marque qui est à leur écoute et qui les mets en valeur.
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Par quelles tendances as-tu été inspirée pour nous aider à réaliser cette collection ?
Cette collection est intitulée English Breakfast à la demande des créateurs de Olow. Ils avaient envie de travailler l’imaginaire autour d’un homme anglais, tantôt neo-dandy, tantôt countryman authentique. J’ai mis donc l’accent sur le mix entre le chic anglais avec des codes du tailleur, des éléments du workwear urbain et la simplicité bohème avec des imprimés poétiques, fleuris ou graphiques.
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Quels ont été tes critères pour choisir les formes, les couleurs et les matières des vêtements ?
Ce que j’ai fait pour cette collection a été de travailler étape par étape : j’ai d’abord fait des panneaux d’inspiration générale. A partir de ces moodboards, nous avons décidé d’une gamme de couleurs qui soit tout à la fois séduisante, nouvelle et respectueuse de l’homme Olow. Donc affirmée, poétique mais easy to wear. La mode de Olow est une mode que l’on porte tous les jours. Elle ne s’adresse pas à des fashion-victims ou à une elite. Elle est universelle et intemporelle. Elle apporte une juste dose d’imaginaire et de romanesque à celui qui la porte.
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Quelle est, selon toi, la pièce phare de cette collection ?
En tant que styliste, j’aime toutes les pièces de cette collection : les chemises, les manteaux que nous avons beaucoup travaillé, les sweats que nous avons essayé de renouveler. Mais pour moi ce sont les pièces maille qui sont les plus originales et représentatives du tournant pris par Olow. La qualité, la créativité, les matières et les couleurs, tout a été fait pour faire des propositions équilibrées et audacieuses. Le pull RETRO est mon coup de coeur.
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Que représente l’Angleterre pour toi ?
Lorsque Olow m’a demandé de me poser la question pour cette nouvelle collection, j’ai puisé dans mon imaginaire : la musique, les punks, les dandys, les gentlemen farmer, les Oscar Wilde et Paul Mc Cartney. La culture anglaise est vraiment riche en référence pour la mode masculine. Il fallait y trouver ce qui ferait l’homme Olow de demain. Le bon mix.
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On sait que tu aimes beaucoup la musique. Peux-tu nous parler d’un concert d’un groupe anglais qui t’aurait particulièrement marqué ?
J’ai vu Radiohead en concert il y a quelques années et ce fut un concert extrêmement marquant, une symbiose totale avec leur public. D’habitude, j’ai une vraie préférence pour les groupes de rock féminins (Patti Smith, Hole, The Distillers et Pj Harvey), pour les femmes qui chantent du rock. Mais Radiohead a une sensibilité tellement hors norme, hors genre et hors standard. Ils m’ont emporté avec eux dans leur virage électro. Leur creativité est sans limite, leur son toujours juste. Les anglais ont souvent su devenir universels, tels les Beatles ou les Rolling Stones, Bowie ou aujourd’hui Artic Monkeys. Leur île ne doit pas être un territoire de conquête suffisant. Ils voient plus grand. Leur objectif c’est le monde entier. Comme Olow ?