Débrief de son périple à bord de sa Royal Enfield
Parmi les collabs artistiques historiques chez OLOW, il y a Camille de Cussac. On a d’ailleurs perdus le fil sur le nombre de ses illustrations qui sont venues orner nos vêtements au fil des collections. Basée sur Paris, elle règne sur un monde coloré, drôle, faussement naïf et toujours sur fond blanc.
Aujourd’hui, on découvre un autre penchant de son univers : celui des deux roues motorisées. Férue de voyage, elle a passé son permis moto pour partir à la conquête du bitume, sacoches bien accrochées sur le porte bagage de sa Royal Enfield, casque vissé sur la tête et feutres à la main (quand elle ne tenait pas le guidon). On a pris le temps d’une rencontre pour qu’elle nous raconte son périple, entre son goût pour l’aventure et ses anecdotes de voyage, on vous laisse embarquer avec elle à l’arrière de sa bécane.
La moto idéale pour toi, c’est quoi ?
Même si je trouve les motos imposantes très belles, il faut quand même qu’elle soit à ma taille, j’aurais trop peur de ne pas pouvoir la relever si elle tombait… Donc la mienne, une Royal Enfield, modèle interceptor (elles ont toujours des noms assez vénères), c’est un peu le modèle idéal pour le moment. Elle n’est pas très grande et son réservoir est orange, je trouve ça très joli. Elle est facile à conduire, et il y a des accroches pour mettre des sacs, donc pour l’été et pour des road trip, c’est pratique. C’est la première fois que je possède vraiment quelque chose, et je me dis que c’est un peu une porte de sortie à chaque fois, pour partir en week-end ou plus loin.
Ça fait quoi d’être une fille sur une grosse bécane, dans un univers plutôt masculin ?
C’est trop cool, moi j’adore ! J’ai 3 frères, donc chez moi il n’y avait pas vraiment de trucs de garçons ou de filles, je faisais les mêmes activités qu’eux. En fait, quand on me dit « ça ce n’est pas un truc de filles », ça m’énerve tellement, que ça me donne encore plus envie de le faire. Et pour ce qui est de la moto, il y a de plus en plus de filles, et qui ont des motos énormes qui plus est, je trouve ça hyper cool.
Dans ton travail, il y a énormément de représentations d’engins motorisés ou non, ou de références au voyage. D’où te vient cette passion de la route ? Et par extension, celle de la moto ?
Ça vient d’abord du voyage, du fait de partir sur les routes. C’est quelque chose que j’ai toujours aimé, prendre le car, l’avion, le train, la voiture… mais aussi en mode sac à dos, un peu à l’aventure. Pour ce qui est de la moto, l’objet en lui-même m’a toujours fasciné. Mon père, mes frères et mon copain ont des motos. Moi j’adorais être à l’arrière, mais je n’avais jamais essayé. Il y a quelques temps, on a commencé à parler de road trip, de voyager léger, l’idée de partir à moto me faisait très envie, donc j’ai passé mon permis, dans ce but là, mon idée était vraiment de faire de la route.
D'ailleurs, ce goût pour les deux roues me fait penser forcément à ce magistral t-shirt « Don’ want a baby,just need a moto », qu’on avait avait lancé avec toi lors de ta dernière expo à la Slow galerie. Tu peux m’en dire plus sur cette grosse punchline ?
Ce n’est pas du tout un truc énervé, c’est plus un truc drôle. Je passais mon permis moto à l’époque, et en fait, en dehors de la moto, mes parents adorent les bébés, et je pense qu’ils sont assez pressés qu’on ait des enfants. Sauf que moi je n’en ai pas du tout envie, ou en tout cas pour le moment. C’était une blague pour leur dire « ma préoccupation pour le moment, c’est la moto, ça me fait plus plaisir que l’idée d’avoir un bébé ». Dans le cadre de cette exposition, ça me faisait rire d’en faire un t-shirt avec OLOW. D’ailleurs, c’est drôle, j’ai reçu sur Instagram une photo d’une fille avec le t-shirt et son gros ventre qui m’a dit « j’ai choisi les deux » ou « la moto attendra » (je ne sais plus quoi exactement) et je trouvais ça cool.
Tu peux nous en dire plus sur ce road-trip ? Vous étiez combien ? C’était quoi l’itinéraire ?
On a commencé par évoquer l’idée entre nous, puis en parler à une personne puis deux puis trois puis tout le monde autour de nous, comme quand on fait des plans sur la comète en terrasse, du coup on en avait tellement parlé qu’à la fin on était obligé de le faire. Donc on a préparé un itinéraire juste avant, mais on n’avait rien réservé à l’avance, à part la première nuit, histoire de ne pas dormir dehors tout de suite. On voulait être libres d’aller un peu partout, squatter à droite, à gauche, ne pas dépendre de qui que ce soit, et que personne ne dépende de nous non plus.
On avait toujours le plan B de la tente, puisqu’il faut parfois un peu improviser. Moi j’aime beaucoup ça, de se dire que si on aime bien tel endroit, on peut y rester un peu plus.
ON EST PARTIS 15 JOURS, ET NOTRE ITINÉRAIRE C'ÉTAIT :
Paris - Troyes on est passés pas loin du parce Nigloland mais à ma grande tristesse on n’avait pas le temps de s’arrêter.
Vesoul, sur les routes alsaciennes, avec le passage du col de la Schultz et une petite tarte aux myrtilles au passage.
Colmar - Suisse, une petite fondue, ensuite Gruyère et du gruyère, Chamonix et une tartiflette.
La route des Grandes Alpes avec une raclette et le Lac D’amour, sans manger car on avait oublié d’acheter un diner en chemin et que tout était fermé.
Orange - Drome on a logé chez des copains, et en Ardèche chez les grands parents. On est passé par Lyon (et ses quenelles), Auxerre...
...et enfin Paris
Pendant ton voyage tu as créé tout un tas de personnages aux positions farfelues, que tu as génialement mis en scène. Quand et comment t’es venue cette idée d’intégrer ton univers artistique propre à ce périple ?
Je les avais fait avant, dans le cadre de mon exposition à la Slow Galerie. J’avais peur qu’il n’y ait pas assez de choses, ou pas assez de liens, donc à la dernière minute, j’ai fait des personnages, dans des positions différentes, un peu comme un Tetris, et je me disais que j’allais pouvoir les mettre entre les cadres, pour compléter. Sauf que le jour J, je les ai oubliés, donc je me suis dis que j’allais les utiliser pour autre chose. Au final, je ne sais pas trop pourquoi je les avais apportés, mais pendant le voyage je me suis dis que ça serait drôle de prendre des photos avec. Finalement ça m’a permis de prendre en photo le road trip et de tenir au courant mes proches, sans être sur les photos mais en gardant un côté plus vivant. Sinon, j’avais quand même mon carnet et mes feutres pour pouvoir dessiner au fur et à mesure.
Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs ?
Comme souvenir drôle, il y a la première fois où on a planté notre tente. C’était dans les Alpes, on était super contents, il faisait chaud, et on a foncé vers le lieu où on allait dormir, en se disant qu’on tomberait bien sur un supermarché ou une épicerie pour se faire un pique nique. Mais on était dimanche, tout était fermé. On a quand même continué, continué, on est passé par un chemin de terre, et on a fini par atteindre notre point de chute, sans nourriture et avec un fond de gourde. On a beaucoup ris en se rendant compte à quel point on n’était pas organisés. Mais c’était très cool, paumés dans la montagne, au bord de l’eau. On n’avait pas de réseau non plus. Mais en fait c’est un super souvenir. Même les mauvais sont drôles au final. Il y a forcément des moments plus stress et moins confortables, mais tant que ça n’est pas grave, tout devient sympa.
C'est quoi ton prochain road trip ?
On va repartir cette année, encore une fois on n’a prévu que le début. On va descendre jusqu’à Marseille, et après plutôt partir vers les Pyrénées et pourquoi pas passer du côté espagnol, il paraît que c’est très beau, mais on va surtout rester en France. Il y a plein d’endroits sympas qu’on aimerait bien visiter, on passera peut-être aussi par les Cévennes et l’Auvergne. Ça va être la surprise ! J’en saurai plus au retour !
Si tu ne devais retenir qu'une seule chanson de ta playlist de voyage, ce serait laquelle ?
Cette playlist remonte à l’époque où j’avais fait une expo au Japon qui s’appelait « on the road again ». J’y avais mis toutes les chansons qui pouvaient se raccorder de prêt ou de loin à la thématique. Celle qui me vient en premier, c’est c’elle qui l’ouvre, On the road again, justement, de Bernard Lavilliers. C’est peut-être un peu « ringard », mais moi j’adore, il a une super belle voix, il y a peut-être un côté un peu nostalgique.
