Sofa Sounds : fleuves électroniques
Je pensais l’idée du podcasting effacée de l’ardoise 2.0. Maintenant qu’on voit les flux RSS s’accumuler sans intérêt dans notre courrier indésirable, on se demande pourquoi certains érudits s’acharnent à dévier le cours des choses. Les réseaux de masse prennent soin de nous. Google gonfle votre assistanat en trois clics (pas plus – gare à la tendinite !), Deezer et Spotify vénèrent le dieu de la dématérialisation et les blogs étalent désormais leur actualité sur une face de bouc à 7 milliards de clopinettes. Autant dire qu’un retour en arrière est suicidaire. Mais heureusement que l’alternatif rayonne sur ce vil monde, et plus encore quand il fait du pied à la passion et l’authenticité réunies, pour un beau et brûlant ménage à trois.
« J’avais du mal à trouver ce que j’avais envie de voir en terme de podcast vidéo. » À l’instar des podcasts Boiler Room et Dommune qui tournent en rond, Nico Malet et ses acolytes décident de mener Sofa Sounds selon des habitudes bien casanières. Avec des études d’audiovisuel dans la panse, l’équipe filme DJ et artistes chez eux, dans leur intimité passionnelle, où la singularité de chacun prend le pas sur l’impersonnelle vision des concerts. Tout vient du confort, de la confiance que Nico et ses compagnons captent dans leur abri de sons. L’œil numérique ne suffit pas. Le dialogue est important, musical et intentionnel. Chaque acte est introduit par des paroles, explicites ou furtives, qui dessinent le contour de leur univers électronique, teinté de soul, de funk ou de hip-hop.
L’équipe s’intéresse, expose la fable électronique des artistes sans jamais les bousculer ou même les forcer. L’improvisation excite les uns, la préparation tranquillise les autres. « Même si je ne suis personnellement pas fan de tous les artistes que l’on a filmé, je trouve qu’ils ont tous quelque chose de sincère à mettre en avant. » Simples et sans boursouflures prétentieuses, les sessions de Sofa Sounds sont des musiques-fleuves, des délivrances qu’on savoure pendant près d’une heure au creux de l’oreille, le cul branlant et le cœur battant. La chamade peut commencer.
Texte par © Julien Catala
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