Ted Parker et son imaginaire farfelu
C’est dans le bar de ses amis que Ted Parker a exposé son travail pour la toute première fois. L’enthousiasme du public l’a poussé à se lancer dans l’illustration et à se créer un style tout à fait unique. Depuis, son travail n’a cessé de se propager. Il expose dans des galeries et réalise des illustrations pour le New York Times. Plus récemment, l’artiste a collaboré avec nous pour réaliser différents visuels de t-shirts de la collection actuelle. Ses illustrations mettent en scène des personnages hyper-joyeux dans des situations à la fois absurdes et saugrenues. À première vue, ses dessins gravitent autour de l’humour, toujours remplis de légèreté et de fantaisie. Mais à y regarder de plus près, on observe un univers un peu angoissant, parfois presque inquiétant. Nous avons voulu en savoir plus sur cet artiste à l’imaginaire un brin farfelu…
Salut Ted ! Comment vas-tu ? Où es-tu au moment même où tu réponds à nos questions ?
Il est 23h03 et je suis dans mon studio, tout va bien merci.
Ton style est facilement reconnaissable. Comment es-tu parvenu à trouver ta patte ?
C’est une accumulation d’idées et d’influences que j’ai assimilées jusqu’à présent. Je suis tombé par chance sur le peintre allemand George Baselitz, qui est surtout connu pour ses peintures à l’envers. Je pense que si tu dessines depuis un certain temps, tu muscles ta mémoire. J’étais coincé et pas du tout satisfait par ce que je dessinais, alors je me suis mis à travailler à l’envers aussi, afin de piéger l’esprit. Jusqu’à ce jour, tout ce que je fais, je l’ai crée à l’envers. J’adore piéger l’esprit.
Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ton processus créatif, quels outils tu utilises ?
J’aime travailler seul ; en général, la nuit est idéale pour ça. Je bois mon café, je fume ma cigarette et je m’y colle. Je commence par dessiner une idée (au hasard), pour essayer de me lancer dans un truc. Après je prie pour que mon inconscient prenne la relève et que les idées affluent.
À première vue tes dessins sont remplis de légèreté et toujours axés sur l’humour : une autruche en roller, un homme qui fait de la musculation avec son chien… Où est-ce que tu puises cette imagination ?
Je suis très influencé par la photographie (ancienne), et surtout par sa manière de saisir un instant. C’est cette notion que je cherche à appliquer à la création d’une nouvelle histoire où je pourrais me réapproprier une nouvelle vie. Je la vivrais par procuration à travers ce personnage héroïque que j’aurais créé, et je pourrais y projeter tout ce à quoi je pense ; des souvenirs/rêves de l’enfance, des peurs, des blagues salaces, le vrai grand amour, des rêves oubliés et des animaux de compagnie perdus.
Après une deuxième lecture, il y a quand même quelque chose d’un peu flippant dans tes personnages. Ils ont toujours ce même sourire figé et ces yeux en orbite. Comme un masque… Qu’est ce que ça signifie vraiment ?
Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais j’aime bien l’idée que cette exubérance hyper-joyeuse ne soit pas vraiment la réalité. Ces sourires figés aident surement à créer cette ambiguïté ; ils amènent une sorte de mal-être et de distorsion aux images.
Dans tes illustrations on retrouve une pointe de machisme des publicités des années 50-60 (bien que l’homme soit également tourné chez toi en ridicule). Qu’est-ce que tu en penses ?
Une partie de mon travail traite des relations homme-femme et comment elles sont perçues par mon univers après qu’elles aient été filtrées par le regard d’un paumé. Après pour le machisme j’en sais rien, mais j’aime bien cette époque.
Juste une question qui nous vient comme ça car ton univers nous y fait penser. T’es fan de Jim Carrey et particulièrement du Truman show ?
Non pas vraiment, mais je comprends pourquoi tu me demandes ça. Moi aussi je crée un monde pour mes personnages qui n’est pas réel.
Ted Parker, il est comment dans la vie ? Est-il aussi dingue que ces personnages ?
Je pense que je suis plus un connard dans la vraie vie. Mon apparence négligée y contribue, mais en dessous de tout ça, il y a des lueurs de soleil.
On remarque que tu utilises souvent les animaux dans tes dessins ? Quel rapport as-tu avec le monde animal dans ton histoire et ta vie quotidienne ?
Je me souviens avoir regardé un dessin animé de La Ferme des Animaux encore et encore quand j’étais gamin. Et entre temps, je regardais les émissions de Lassie (chien), Flipper (dauphin), et Skippy (kangourou). Nous avions aussi des chiens. Alors j’imagine que ça provient d’un traumatisme de jeunesse.
Comment est-ce que tu vois évoluer ton travail dans les années à venir ?
Faire des pièces plus axées peinture, et aussi être un peu plus malin avec les trucs commerciaux.
Où est-ce que tu vis actuellement ? Est-ce qu’il y a une ville dans laquelle tu aimerais vivre un jour ?
En ce moment je vis pile au centre des Pays Bas dans une ville qui s’appelle Utrecht. Un jour, j’aimerais avoir une grande maison en grès brun à New York. On verra bien si ça arrive un jour.
Est-ce que tu as des projets pour les mois à venir ?
Des amis ouvrent un deuxième truc genre coffeeshop/boulangerie/pub/restaurant qui va être énorme et je vais leur faire un peu de design. Herman Miller vient de commencer à me suivre sur Instagram, donc on va surement s’appeler bientôt. Et j’espère enfin finir ce site web.
Merci à Ted Parker.
Retrouvez Ted Parker sur Facebook, Instagram et sur son site officiel.
– L.K –