Le folk rock expérimental de Woodrow
Début juillet, nous avons laissé le groupe nantais Woodrow kidnapper nos oreilles le temps d’un concert de salon dans nos locaux. À cette occasion, nous avons pu discuter avec Nathan et Olivier, les deux musiciens à l’origine de ce projet empirique entre heavy pop, rock et folk. Un groupe humble et généreux qui prend le temps de savourer chaque moment sur scène…
Pour commencer on aimerait revenir à vos débuts. Avant la création du groupe vous étiez deux potes de lycée, quel a été le déclic qui vous a donné envie de vous lancer dans la musique ?
Nathan : On s’est rencontré avec Olivier par la musique directement ; on faisait tous les deux de la musique et on s’entendait bien. Notre amitié est née de là.
Olivier : On a eu un projet en première au lycée et on a continué.
Nathan : On a fait pas de mal de concerts en duo acoustique. On jouait les chansons de l’un et de l’autre. Ensuite on a trouvé Ludo et Philippe sur Nantes. Ça nous a pris un peu de temps parce qu’on avait envie de jouer avec d’autres personnes mais on ne voulait pas avoir de musiciens. Comme Ludo était un super pote on lui a dit « hey tu fais de la batterie, ça te dit de jouer avec nous ? ».
Du coup, comment êtes-vous passés d’un duo à un véritable groupe ?
Nathan : En fait, ça s’est passé assez naturellement. On avait vraiment envie parce qu’on avait beaucoup de chansons.
Olivier : On avait déjà les mêmes idées qu’aujourd’hui mais ça manquait d’instrumentation pour le côté puissant. Les gens ne saisissaient pas bien notre proposition quand on était que deux. On avait déjà ce côté massif mais on nous a catégorisé comme de la balade un peu à tort.
Nathan : Quand Ludo et Philippe sont arrivés, on était pas dans un délire où on leur disait « jouez ça, jouez ça ». On est parti du principe que s’ils rentraient dans notre groupe ils pouvaient jouer un peu ce qu’ils voulaient. Bien sûr, ils ont vachement respectés les chansons qu’on avait déjà.
Quelles sont vos influences musicales ?
Olivier : C’est assez varié. C’est plus de l’ordre de l’état d’esprit que vraiment des courants musicaux en particulier. On utilise des guitares acoustiques mais, par exemple, moi qui aime beaucoup le punk hardcore c’est pas forcément la musique que je fais. Tout ce que tu écoutes t’influence que tu le veuilles ou non.
Du coup, Woodrow c’est quoi ? Du folk ?
Nathan : Ouais, c’est du folk. Ou une sorte de rock indé’ dans le côté expérimental. On n’aime pas trop la dynamique de se mettre dans un rayon particulier. On aime bien voir où on peut aller assez naturellement. Je pense qu’on est les moins bien placés pour décrire ce qu’on fait.
Comment est-ce que ça se passe au niveau du processus de création ? Qui écrit les textes ? Qui compose la musique ?
Nathan : Nous deux. On a toujours composé l’un et l’autre et on se montrait nos trucs. Quand on a commencé à bosser avec Ludo et après avec Philippe, on a essayé d’écrire à deux mais ça n’a pas fonctionné. Du coup, on assume le fait que certaines chansons soient à Olivier et d’autres à moi. Je pense que ça ne s’entend pas car on se connaît suffisamment bien. Le texte c’est le gros de la composition et après on voit ensemble en groupe.
Comment est venu le nom « Woodrow » ?
Olivier : Au début, on avait chacun des noms qui venaient de nos projets solo. On a essayé de les regrouper mais ça faisait un truc à rallonge imprononçable. Quand on a intégré les nouveaux musiciens on s’est dit qu’il fallait qu’on devienne vraiment un groupe et on a cherché un nom pendant des semaines et des mois. On est passé par plein d’idées de merde. On s’était vaguement fixé sur un premier nom et puis en regardant un film calé avec Nathan, un des personnages s’appelaient Woodrow. On s’est regardé et on s’est dit « ça sonne pas mal ».
Nathan : Quand on a proposé aux gars, ils ont trouvé ça cool. C’était assez évident.
Votre premier clip « Empty We Are » a été vu plus de 50 000 fois. Est-ce que vous vous attendiez à recevoir un tel accueil ?
Nathan : On était genre à 2000 vues au début donc c’était déjà pas mal étant donné qu’on ne faisait pas de concerts à l’époque. Un pote qui tenait un blog nous a proposé de nous faire un peu de pub.
Olivier : Tout le monde nous en parle maintenant mais on se sent un peu comme des escrocs du coup. C’est juste Internet…
Quelles sont les thématiques qui influencent votre écriture et qui vous inspirent ?
Nathan : J’aime bien subir l’écriture. Ça ne m’arrive jamais de me dire « tiens, je vais écrire sur ce thème là ».
Olivier : Pour moi, c’est de l’expression à chaud. Ça témoigne de qui tu es à l’instant où tu le fais et de tes sentiments. Perso, c’est beaucoup plus des images que je développe. L’isolation, la vie urbaine, l’envie d’évasion qu’elle soit réelle ou chimique…
Quel est le sentiment, l’émotion que vous espérez transmettre aux gens qui écoutent vos morceaux ?
Olivier : Si les gens peuvent se reconnaître un minimum dans des situations pour que ça puisse les accompagner alors c’est cool.
Nathan : Si les gens me disent qu’ils ont passé un bon moment c’est cool. On essaye de faire une musique humaine. On n’est pas des gros techniciens, on se concentre sur ce qu’on a envie de faire.
Est-ce qu’il y a des groupes, des albums ou concerts qui vous ont particulièrement enthousiasmés ces dernières années ?
Nathan : À Nantes, il y a plein de groupes qui se sont installés et ça continue. C’est bien d’avoir la sensation que la ville vie du côté rock.
Olivier : J’ai un album qui m’obsède en ce moment c’est Porches. C’est des délires de mecs isolés qui font tout eux-mêmes et qui ont une proposition affirmée. Un mec qui fait ses chansons complètement défoncé à 4 heures du mat’ devant son ordi par exemple. Je me reconnais pas mal là-dedans.
Cette année vous avez remporté le Label Mozaïc 2015 qui soutient la jeune scène locale. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
Nathan : C’était surréaliste. On s’est inscrit sans être au taquet. On organisait un festival une semaine après. Du coup, on y est allé avec le stress de notre festival, en mode « YOLO ». On était filmé en direct, il y avait TV Rennes, Renan Luce était jury… C’était un gros Kamoulox ! On représentait Lorient car on est lorientais même si Ludo et Philippe sont nantais. Du coup, on a joué décontractés. On s’est surtout fait plaisir. Le son des autres groupes était net et travaillé. Nous, on n’a pas été super propres et précis mais les gens ont aimé. C’est ce qu’ils nous ont dit après.
Olivier : Je préfère un groupe qui se fait plaisir plutôt qu’un groupe qui veut être bon. Je pense que ça a été notre cas. Aujourd’hui, tout le monde fait de la zic’ donc si on a la chance d’avoir une belle cohésion de groupe et de passer des bons moments autant essayer de transmettre ça.
Il y a quelques mois vous avez réalisé votre second clip « As a Dancer ». Comment s’est passé le tournage ?
Nathan : C’est notre pote Baptiste Fertillet qui a fait ça. Il utilise des images libres de droit et il fait ses montages avec. Pour « As A Dancer », le morceau fait 6 ou 7 minutes du coup pour tourner un clip c’est beaucoup plus difficile, ça pose des questions. On a proposé à Baptiste car on savait qu’il y avait un côté contemplatif dans son travail et qu’il pouvait faire ressortir un nouveau sens de notre morceau. On lui a laissé carte blanche et il a fait du bon boulot.
C’est aussi Baptiste qui avait réalisé votre premier clip « Empty We Are » ?
Olivier : Le premier clip était de Steve Marchesse. Avec le label Mozaïc, on a enregistré un EP cet été qui devrait sortir en janvier. On a d’autres clips prévus et on pense rebosser avec lui.
Nathan : On cherche des démarches honnêtes, sincères et qui nous plaisent. On aime faire confiance aux gens.
À quand un premier album ?
Olivier : Un album c’est une œuvre d’art, il faut qu’il soit distillé. On se laisse le temps de le faire bien mais ça viendra forcément un jour.
Vous avez quelques concerts de prévus pour les prochains mois ?
Olivier : On a deux ou trois dates qu’on divulguera au fur et à mesure sur notre page Facebook. On a quelques concerts à côté de Rezé, on a possiblement un Ferrailleur en fin d’année… On a une seule envie c’est de choper un van, faire une tournée et avoir une mauvaise vie pendant deux semaines.
Est-ce qu’il y a un festival en particulier où vous aimeriez vous produire ?
Olivier : Binic Folk Blues Festival, du côté de Saint-Brieuc. C’est assez pointu musicalement mais c’est surtout une pure ambiance. C’est dans une petite bourgade charmante, un petit port des Côtes-d’Armor et il y a du gros rock n’ roll.
Nathan : Ludo a fait un festival à Brighton qui s’appelle The Great Escape. C’est un peu la crème de la musique indé’. C’est un public de gens qui sont là pour écouter de la bonne musique. Et comme on a envie de jouer à l’étranger…
Comment est-ce que vous avez vécu votre petit concert dans nos locaux ?
Olivier : C’était cool. C’était un challenge.
Nathan : On a dû crier un peu car on n’avait pas de micros mais c’était marrant. On a essayé de pas trop se prendre la tête et on a eu des bonnes sensations. L’accueil était super cool.
Olivier : C’est cool de jouer de plain-pied et d’être au milieu des gens pour voir leur réaction. L’adrénaline est là. On a un peu le souffle court et les bras qui tremblent au début mais une fois qu’on est dedans c’est top.
Merci à Nathan et Olivier pour leurs réponses.
Ne manquez pas le petit aperçu du concert de salon de Woodrow chez nous : ici !
Retrouvez l’actualité de Woodrow sur le site officiel du groupe et sur sa page Facebook.