The Feebles, le duo cérébral de design graphique
Le studio de design graphique nantais The Feebles nous accompagne régulièrement dans nos projets artistiques. Nous avions déjà rencontré Gaëtan et Anaël à l’occasion d’une collaboration l’année dernière pour parler de leur style atypique, à la fois minutieux et onirique. Menés par leur credo « Design & Happiness », les deux Nantais mettent à l’honneur l’idée et la réflexion dans des créations intelligentes et intemporelles. On les retrouve aujourd’hui, toujours aussi passionnés et talentueux…
–
–
Salut Gaëtan, salut Anaël. Quelles sont les news depuis notre dernière visite ?
Gaëtan – Tout va bien, les projets se sont un peu enchaînés, c’était un peu speed.
Anaël – On a fait notre exposition personnelle à l’Espace LVL à Nantes il y a presque un an, c’était cool.
Gaëtan – Il y a eu beaucoup de monde et on a eu de bons retours donc ça nous donne envie d’en faire une autre. Plus récemment, on a fait une fresque à l’Antipode à Rennes. C’était une super expérience. Maintenant, on essaye de faire de plus en plus de projets artistiques même si on a toujours notre travail institutionnel de graphistes.
–
En 2013, vous réalisiez des designs pour les paquets de biscuits Mikado, l’année dernière on vous avait croisé sur un projet pour le festival nantais Scopitone et aujourd’hui vous bossez avec la marque de voitures de luxe Jaguar. Peu de rapport chez vos clients, a priori. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette mixité ?
Anaël – C’est le renouveau. On travaille tout le temps dans un univers différent même si on essaye de ramener un peu le nôtre à chaque fois pour approprier ce que l’on fait à la marque. La diversité des projets fait que l’on ne s’ennuie pas. C’est très riche comme manière de travailler.
Gaëtan – Ce qui est intéressant c’est de se dire qu’on peut faire le même style pour Jaguar que pour un visuel Olow, par exemple. Quand les gens viennent nous chercher pour un style ça nous permet de le développer sur énormément de supports. C’est sûr que parfois il y a plus de contraintes mais on aime ça aussi.
–
Gaëtan, tu dis que les gens viennent vous chercher pour votre style. Comment est-ce que vous définiriez votre style, justement ?
Anaël – Dure question… Je pense que le dessin illustré au trait avec des ombrages au petit point est un truc qui s’est démarqué un peu malgré nous. C’est devenu un peu notre marque de fabrique.
Gaëtan – C’est le style du pigeon pour le tee-shirt Olow qu’on avait fait. Ce style s’est créé avec la pyrogravure qu’on avait utilisé pour un projet une fois. Cette technique a amené à ce style-là. Mais le but n’est pas de rester que dans cet univers.
–
–
Ça fait déjà un certain nombre d’années que vous travaillez ensemble. Comment votre vision artistique et votre style évoluent-ils au fil des années et des collaborations ?
Anaël – Ça évolue forcément mais je crois qu’on ne s’en rend pas vraiment compte. On essaye de faire évoluer notre style en proposant des choses un peu plus décalées parfois. Ça ne fonctionne pas toujours. Par exemple, pour notre prochaine collaboration avec Olow on était parti sur un premier visuel qui changeait beaucoup de ce que l’on fait d’habitude et ça ne collait pas forcément. Mais il faut tester.
Gaëtan – Ça fait parti du jeu de se prendre des scuds mais c’est important de se développer et de se remettre en question.
–
On vous sait très centrés sur l’élaboration de l’idée avant l’action. Quel a été le projet qui a demandé le plus de réflexion ?
Anaël – Ce qui nous a pris le plus de temps de réflexion c’est notre expo’.
Gaëtan – On devait tout réfléchir de A à Z et on voulait que ça raconte quelque chose. Généralement, ce qui nous demande le plus de réflexion ce sont les grands projets, en fait. Quand on doit décliner un visuel sur plusieurs supports il faut savoir si le style va fonctionner sur des flyers, des affiches pour les abris de bus, etc.
–
–
Vous aviez déjà travaillé avec OLOW plusieurs fois. Qu’est-ce qui vous a motivé pour rebosser avec nous ?
Anaël – On s’entend bien avec Valentin et Mathieu. C’est bon esprit et on a carte blanche.
Gaëtan – On aime bien l’esprit de la marque : le côté libre et poétique. Les artistes sont hyper mis en avant donc c’est aussi très intéressant pour nous. On se sent valorisé.
Anaël – Les supports aussi sont intéressants. Cette année, Olow nous a proposé de faire une broderie sur un sweat, ça changeait et ça amenait une contrainte technique différente.
–
–
En quoi le support textile modifie-t-il votre façon de travailler et de concevoir vos visuels ?
Anaël – Déjà on se demande : « est-ce que je pourrais le mettre ? » et « est-ce que les gens vont le porter ? »… La composition doit être bien adaptée ; on ne peut pas faire un visuel super long qui va prendre toute la hauteur du tee-shirt.
–
Lors de notre dernière rencontre, vous nous avez dit avoir commencé par faire des tee-shirts avant de vous mettre au design graphique. Avez-vous déjà pensé à retenter le projet et à lancer votre propre marque de vêtements ?
Anaël – C’était vraiment au tout début au fer à repasser avec du flocage Super U pour nos copains. C’est vrai qu’on aimerait bien avoir une marque et développer tout ça mais il faut quand même avoir une certaine notoriété pour se lancer en tant qu’artistes…
Gaëtan – Faire des visuels au service d’une marque c’est cool aussi. On s’adapte au style et on crée des séries limitées ; c’est très intéressant pour nous. Après c’est vrai que réfléchir à une collection entière ça pourrait être intéressant. Un jour peut-être.
Anaël – On a un projet de boutique en ligne mais plus du côté print. On veut tester et voir si ça prend. Si ça fonctionne, on développera plus de produits et peut-être du textile. Mais ça prendra du temps.
–
–
Après les voitures, les paquets de gâteaux, les fringues et les murs, qu’est-ce que vous aimeriez redécorer ?
Anaël – On aimerait bien faire plus de murs et peindre plus de fresques. Si on pouvait avoir une grande façade un jour ça serait énorme. Faire la communication d’un gros festoch’ aussi. On le fait déjà un peu mais on aimerait développer encore plus ça en créant un univers pour un événement.
Gaëtan – Refaire des expo’ avec d’autres thèmes ça nous plairait aussi. Si on pouvait vivre exclusivement de projets artistiques et aller taper des murs différents toutes les semaines ça serait cool.
–
Vous avez l’air assez intéressés par l’univers musical. Quel est votre rapport à la musique ?
Anaël – On écoute de tout. On a un style de musique pour chaque création.
Gaëtan – Il y a quand même beaucoup de mélancolie dans ce que l’on écoute. Des choses poétiques…
Anaël – Lorsque l’on crée, on a besoin d’être dans notre bulle et d’écouter quelque chose de posé et mélodieux. Le son doit correspondre à notre état d’esprit à ce moment-là. Ça peut être une chanson de blues/country mais ça peut aussi être hyper électro comme le dernier album de Superpoze par exemple. On est hyper en osmose avec la musique.
–
Quels sont vos grands projets pour l’année à venir ?
Anaël – On a fait la pochette d’Aymeric Maini un chanteur de blues nantais. Ça sortira en février 2016. Comme c’est un copain, on a suivi tout le processus de création de son album. C’est très intéressant car il a un peu créé le visuel avec nous donc il y a une sorte de synergie entre le visuel et la musique.
Gaëtan – Comme projets on a aussi les festoch’ HIP OPsession et Au Foin de La Rue. Encore dans la musique, on a un truc de prévu avec DJ One Up, un Nantais. On a peu de visibilité sur nos projets au-delà de 2 mois mais dans tous les cas on aimerait vraiment ouvrir notre shop perso’.
–
Merci à Gaëtan et Anaël pour leurs réponses.