UKNW SOUNDS : BASS DRUM OF DEATH (USA)
Depuis les années 2000, des genres musicaux fleurissent à tout-va. Pour cause, les sons et les moyens n’ont jamais été si variés et expérimentaux. Désormais, l’artiste cherche constamment la petite bête, la petite sonorité qui va bien pour se démarquer dignement de ses compatriotes. Et c’est tant mieux ! D’autres restent néanmoins cantonnés dans une esthétique sonore plus authentique et moins innovante. L’académisme est un terrain glissant, à moins que cette observation soit purement maitrisée et nous rappelle le bon vieux temps.
Pari tenu ! Le rock lourd et frénétique de Bass Drum of Death en est la preuve. Au départ perçu comme une musique vaine et amateur, le garage rock n’a pas été reconnu comme un genre musical de musique indépendante et n’avait pas de nom spécifique. L’image du groupe d’adolescents de la classe moyenne de banlieue était dans tous les esprits. Les thèmes typiques tournaient autour des traumatismes high school’s life et sur les jeux d’amoureux prépubères. Pendant les années 70, certains critiques commencent à supporter cette description comme sérieuse, en l’appelant également le punk garage.
Rempli de nostalgie, Bass Drum of Death est donc un vieux bonbon d’oreille. Vaguant sur la trêve nerveuse de Nirvana et Sonic Youth, le leader John Barett a une très bonne oreille et un talent pour la narration. Leur dernier album est un amas d’envolées rocheuses et tiraillées, nimbé d’échos de garage. Bien que l’album ne soit pas éclectique, il diverge cependant vers quelque chose d’inné, de maîtrisé, qui nous rappelle sans cesse de la musique old-school et handmade – certes –, mais dans les règles de l’art. Ce serait en fait comme une moutarde à l’ancienne : vous aimez son gout prononcé et authentique en ne sachant jamais quand celle-ci vous montera au nez ! Le titre Shattered Me en est le fier représentant.
Même si le disque tourne en boucle en déballant sans cesse les mêmes riffs et sonorités, ce garage band sait ce qu’il fait en ramenant 30 ans en arrière pour nous rappeler promptement que nous, contemporains, n’avons rien inventé.
Julien Catala