UKNW SOUNDS : DOOMTREE (USA)
Qui se cache derrière Doomtree ? La plus simple réponse n’est certaine pas la meilleure. En effet, Doomtree est un collectif de personnalités originaires de Minneapolis (cf. Astronautalis), qui regroupe actuellement POS, Sims, Dessa, Mike Mictlan, Cecil Otter, Paper Tiger et Lazerbeak. Après quelques années d’excellents travaux en solo, ils nous offrent, tous réunis, une merveilleuse production indie hip-hop qui transgresse tous les fondamentaux du milieu. Possédant des personnalités musicales bien distinctes, chacun arrive à contraster au mieux leur musique déjà bien éclectique, ne serait-ce qu’avec leur style vocal et leur flow bien marqué, qu’il soit léger ou bien affirmé. Sur le tas, Paper Tiger ou POS maintiennent un hameçon simple et percutant, alors que le rythme de Dessa ou même Cecil Otter s’avère plus voluptueux et jazzy. C’est divergent, engageant, vibrant… et on aime ça !
L’un de leurs plus beaux albums, No Kings, sorti en 2011, est un amas de surprises, une magnifique cacophonie métissée, présentant tous les atouts d’un Drake ou d’un audacieux Kanye West. Les cliquetis sournois, le scratch maitrisé et les effets pop jazzy de la belle Dessa, présents dans Bolt Cutter, sont un bon prélude aux titres suivants. En effet, toute leur diversité musicale est ici présentée. L’instrumental de l’album est d’autant plus réussi. La guitare tiraillée de Beacon (on croirait entendre notre bon vieux Limp Bizkit!) et les battements frénétiques de Punch Out engage un son plus rock ; l’ajout des cuivres dans Team The Best Team et le piano solitaire de Bolt Cutter apportent un côté classique reposant. Ils osent même s’affranchir en lançant des pulsions électro dans The Grand Experiment.
Tels des déserteurs, comme pour s’insurger d’une inévitable stigmatisation, les têtes fières de Doomtree s’essaient et s’amusent comme des gamins à déjouer les codes pour offrir un imaginaire hors du commun, un voyage intemporel dans les méandres de la scène hip-hop, le tout dirigé d’une (de) main(s) de maître
Julien Catala