UKNW SOUNDS : PETUR BEN (Islande)
L’Islande… Cette terre aux multiples merveilles a toujours suscité de l’intérêt qu’il soit touristique, ethnique, ou musical pour tout mélomane qui se respecte. On pensera donc aux arrivées fracassantes et splendides de Sigur Rós et de Björk – pour les plus médiatisés – mais encore au touchant Olafur Arnalds et à la reine de la bidouille sonore Soley. Ce n’est pas nouveau, le froid conserve. C’est également au milieu de ce froid polaire qu’a grandi Pétur Ben, belle tête de blond chétive et marquée par l’amour du rock progressif.
Cette tête brulée a été happée par la musique toute jeune – il n’est pas islandais pour rien –. Après avoir servi dans un groupe underground islandais pendant des années, c’est en tant que compositeur de films que Pétur forge sa réputation, en travaillant pour des réalisateurs locaux. Mais c’est vraiment avec son premier album Wine for My Weekness qu’il fait mouche en nous balançant 11 titres tout droit sortis d’une lave en fusion. Raison de plus que cet album a été enregistré au The Swimming Pool, le studio dont les messires Sigur Rós sont propriétaires.
Au vu de son intitulé, l’album est un manuel auto-assistance pour lutter contre ses propres démons. Les mélodies et les textes reflètent un malaise, une crise existentielle, des déboires sans fin, comme la bande-son d’une horde d’alcooliques désenchantés. Sous ses aspects de junkie désabusé, l’album reçoit tout de même le titre du meilleur album alternatif de l’année aux Icelandic Music Awards. C’est en continuant sur sa lancée que Pétur nous sort l’an dernier un nouvel album intitulé God’s Lonely Man. Vous comprendrez bien que sa « gueule de bois » n’est pas terminée. C’est en misant sur une ambiance plus sombre et mélancolique qu’il arrive à mieux interpeller musicalement. Au final, plus l’artiste est torturé et plus le mélomane se délectera avec passion et envie… Qu’on soit d’accord ou pas, on peut tout de même affirmer que c’est de la tristesse que jaillit la beauté.
Julien Catala