¡Vamos a probar la montaña!
Nous arrivons en Amérique du Sud en atterrissant à Lima en ce soir du 4 août 2014, par le vol LA2597 en provenance de La Havane. Il faut alors bien nous rendre à l’évidence : la chaleur est loin derrière nous et l’altitude nous a rejoint. En atterrissant à Lima, nous faisons en effet un saut de +1500m par rapport à La Havane.
Nous ne nous attardons pas à Lima et filons très vite, avec des amis, en direction des sites péruviens prisés tels que les dunes de Huacachina, le ô combien mythique Machu Picchu et le lac Titicaca. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, après trois semaines à se balader à plus de 2000m d’altitude, nous nous retrouvons en Bolivie et atteignons sa capitale administrative : La Paz. La ville de la Paz se trouve littéralement dans une cuvette, une cuvette située à 3650m d’altitude certes mais dans une cuvette quand même. Pour se rendre d’un endroit de la ville à un autre, nous sommes sans cesse à monter et descendre des rues qui rappelleraient presque les rues de San Francisco tant elles sont pentues.
Les excursions sont nombreuses depuis La Paz mais les deux expéditions les plus connues sont la descende à VTT de « la route la plus dangereuse du monde » et l’ascension du Huayna Potosi, situé à quelques encablures de La Paz et dont le sommet se trouve à 6088m. Etant déjà à 3650m, on se dit que ça vaut la peine de tenter ce 6000 comme on dit dans le jargon.
À peine la décision prise, après tout de même deux nuits de repos, nous nous retrouvons dans une fourgonnette qui nous amène, ainsi que 2 américains, 3 australiens, 2 françaises et 1 suisse, au camp de base. Camp de base qui se trouve déjà à 4700m. La première journée de l’expédition consiste alors à prendre nos marques, à nous acclimater. Bien qu’ayant passé déjà plusieurs semaines à plus de 3000m, les effets de l’altitude se font ressentir : les conversations sont réduites au dîner et les maux de ventre et de tête ne sont pas loin. La nuit sera courte pour moi : je suis réveillé de très bonne heure par un mal de tête carabiné, qui n’a d’autre explication que l’altitude. Après le petit déjeuner, on ne traîne pas : il nous faut rejoindre le camp d’altitude, situé à 5130m. Cette journée est censée être une journée facile, avec un peu de dénivelé, mais tout de même facile. Elle le serait presque, facile, si l’on fait abstraction de la neige qui tombe dès notre départ du camp de base. En levant la tête, toute l’équipe se rend alors bien compte que ce nuage a prévu de rester au dessus de nous pendant un petit moment. Il ne nous quittera plus jusqu’au camp d’altitude.
Nous arrivons de bonne heure au camp d’altitude mais il s’agit de ne pas chômer : le départ pour la tentative de sommet est prévu pour 00h30, ce qui veut dire que nous devons dîner à 17h et nous coucher à 18h30. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de vous coucher à 18h30 mais trouver le sommeil est alors loin d’être évident, d’autant plus que l’excitation de l’ascension est présente chez chacun de nous.
00h : le réveil sonne.
Le souffle est court, le mal de tête est quiescent, mais il nous faut guère de temps pour sauter hors du havre de paix de nos sacs de couchage. Les guides de haute-montagne sont déjà aux aguets. L’équation est alors simple : il a neigé une bonne partie de la nuit et la tentative de sommet est loin d’être évidente, nous faisons face à des conditions météo rarissimes. Un guide prononce alors une phrase qui restera gravée dans nos esprits : « ¡Vamos a probar la montaña! » (littéralement « Nous allons essayer la montagne ! »).
Autant dire que la montagne nous attend de pied ferme mais armés de nos lampes frontales, pas après pas, nous progressons vers le sommet. Les pauses, durant lesquelles nous essayons de nous hydrater et nous alimenter au maximum, malgré les maux de ventre et de tête qui nous gagnent, sont salvatrices. Pas après pas, la nuit laisse petit à petit la place au jour, qui nous permet alors de découvrir que nous sommes entourés de montagnes, jusque-là masquées par l’obscurité de la nuit. Le Huayna Potosi culminant à plus de six mille mètres, les montagnes environnantes sont toutes plus basses. Cette vision est digne des plus belles expéditions de National Geographic et nous motive pour atteindre, tant bien que mal, le sommet, après près de 7h d’ascension…
¡Vamos a probar la montaña!